Législatives : à Poitiers, un dernier jour de campagne à grand renfort de visite ministérielle et de porte-à-porte

Dans la deuxième circonscription de la Vienne, Valérie Soumaille (Nupes/LFI) a choisi le quartier des 3 Cités à Poitiers pour faire campagne, tandis que son rival, le député sortant Sacha Houlié (Renaissance/LREM), recevait la visite du ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye.

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Au dernier jour de la campagne pour le premier tour des élections législatives de ce dimanche, la politique s'est invitée dans les discussions à la sortie des classes du groupe scolaire Tony Lainé à Poitiers. Valérie Soumaille, la candidate de La nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), est venue engager la conversation avec les parents d'élèves. Pour elle, une partie de l'élection se joue dans les quartiers populaires, comme celui des 3 Cités.

"La différence va se faire sur la participation", lance-t-elle. "Les projections montrent que les électeurs de gauche s'abstiennent le plus. On est là pour rappeler aux gens qu'il faut se déplacer ce dimanche et dimanche prochain pour le second tour."

"Rien ne change !"

Beaucoup de mamans et quelques papas sont présents et s'avancent déjà dans la cour à l'appel des enseignants pour venir récupérer leurs enfants. La discussion s'engage avec les premiers parents.

"Je ne sais pas si j'irai voter, reconnait d'emblée Laëtitia, entourée de ses trois enfants. Il y a très longtemps que je ne vote plus. On a beau voter, rien ne change." 

L'idée de notre candidature est de proposer un autre monde. Au niveau social, pour la planète...

Valérie Soumailles, candidate de la Nupes (2e circonscription de la Vienne)

Valérie Soumaille lui demande : "Et qu'est-ce qui pourrait vous faire changer d'avis ?" La jeune mère de famille s'exclame alors : "Mais que ça change !" La candidate poursuit : "L'idée de notre candidature est de proposer un autre monde. Au niveau social, pour la planète... Toutes nos propositions sont listées aussi, toutes concrètes, financées, prêtes à être mises en place si nous sommes élus." Puis la candidate ajoute : "Il ne faut pas laisser les autres décider pour vous!" La jeune mère de famille prend le tract et promet de reconsidérer sa position sur le vote.

"Moi, Madame, je n'ai pas la nationalité française, je ne vote pas", confie une autre maman. À sa suite arrive un jeune homme venu chercher un frère plus jeune. "Il faut aller voter, dimanche", lance la candidate. Lido, tout juste 18 ans, explique s'être inscrit sur les listes électorales. "Ma mère m'a dit qu'on allait voter, commence-t-il. Mais franchement, je ne sais pas encore pour qui. Je verrai avec ma mère, on va en discuter ensemble." 

Je vais voter dimanche car j'ai envie de donner mon avis ! Il y a de l'inflation de partout. Ce n'est plus possible dans un pays qui n'a jamais été aussi riche !

Sonia, habitante du quartier des 3 Cités à Poitiers

À un couple qui lance à la candidate, le ton visiblement désabusé, que "de toute façon, il est repassé, rien ne va changer !", Valérie Soumaille répond qu'il (le président de la République, Emmanuel Macron, ndlr) "est certes repassé, mais il ne fait que présider. Avec une Assemblée nationale à gauche, on peut gouverner et changer les choses", leur assure-t-elle.

L'enjeu de l'inflation

Un peu plus loin, une maman engage la discussion alors qu'elle se dirige vers son immeuble. "Sept ans que j'habite ici, et j'y suis heureuse, raconte Sonia. Je vais voter dimanche car j'ai envie de donner mon avis ! Il y a de l'inflation de partout. Ce n'est plus possible dans un pays qui n'a jamais été aussi riche !"

En bas de l'immeuble, une jeune femme discute avec un jeune homme. Ils sont entourés de petits enfants qui jouent. "J'ai voté à la présidentielle, explique la jeune maman, mais ça n'a pas suffit. La politique qu'il (le président, ndlr) défend ne me plait pas. Il donne à ceux qui ont déjà !" La discussion dérive à nouveau vers le sujet de l'inflation. "On a encore vu aux infos que le lait allait augmenter. Après l'huile et les pâtes..." Le ton est presque résigné. Valérie Soumaille lance aux deux jeunes gens : "Un autre monde est possible. V comme vote et comme victoire !"

La candidate a passé la matinée à déposer des tracts dans les boîtes aux lettres du quartier Montmidi et à échanger avec les habitants présents dans leurs jardins. En fin de journée, une dernière réunion publique l'attend.

Visite ministérielle

Un peu plus tôt dans l'après-midi, le député sortant de la circonscription, Sacha Houlié (Renaissance / LREM), se tient sur le quai de la gare de Poitiers dans son plus beau costume. Il attend l'arrivée de Pap Ndiaye, le ministre de l'Education nationale. Sa campagne bénéficie de l'image de figures nationales. Le député dresse le bilan d'une campagne intense et disputée.

"On a fait tout ce qu'on a souhaité faire, confie-t-il, satisfait. 35 réunions publiques, beaucoup de porte-à-porte, deux documents de campagne et la visite de trois ministres !"

Le 1er juin, le Garde des Sceaux, Eric Dupont-Moretti, était en déplacement dans la Vienne pour soutenir les candidats de la majorité présidentielle dans les différentes circonscriptions : Pascal Lecamp, Sacha Houlié et Françoise Ballet-Blu. Le 9 juin, c'était au tour de Sébastien Lecornu, ministre des Armées, de venir à Poitiers, à l'occasion de l'anniversaire du RICM. 

En ce dernier jour de campagne avant le 1er tour, la visite de Pap Ndiaye, officiellement autour du thème de l'éducation, se révèle "un moyen de mobiliser notre électorat" et "une marque de confiance de la part de personnes qui ont des charges importantes".

Alors que les sondages nationaux donnent la Nupes au coude-à-coude avec Renaissance, ces visites donnent une visibilité à la candidature du médiatique député sortant. Mais Sacha Houlié préfère pondérer.

"Je crois qu'il faut déconnecter la campagne locale de la campagne nationale. Localement, on a tout donné." Il reconnait que "nationalement, ça a mis du temps à décoller."

Pour le député, le travail abattu dans cette campagne est digne "des travaux d'Hercule". "Les enjeux, tels que l'éducation, sont très importants. Il faut que l'on soit à la hauteur de la confiance que l'on sollicite", lance-t-il, alors que le TGV du ministre arrive en gare.  

Je suis à Poitiers pour apporter un soutien à Sacha Houlié qui est un excellent député.

Pap Ndiaye, ministre de l'Education nationale

À l'image des débats nationaux, Sacha Houlié prend pour cible les propos de Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la Nupes. Les petites phrases qui alimentent la polémique en cette fin de campagne en vue du 1er tour de ces législatives ne manquent pas. "Certains nous disent que la police tue. Ce n'est pas acceptable de dire ça." Le député en veut pour preuve que "si la police tuait, on ne serait pas dans un Etat de droit aussi fort."

Sur le quai, l'accueil est chaleureux. Le nouveau ministre de l'Education nationale associe d'emblée sa visite à "un soutien à Sacha Houlié qui est un excellent député", un élu "dont nous allons avoir besoin dans ce quinquennat".

À travers sa visite, Pap Ndiaye souhaite aussi parler du ministre qu'il ambitionne d'être. "Je souhaite sortir le plus possible de Paris, aller en région, à la rencontre de la communauté éducative. Je souhaite leur dire toute ma considération, mon respect et engager avec eux les transformations de l'école." 

Le ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse a ensuite accompagné Sacha Houlié à Vouneuil-sous-Biard où il a rencontré des acteurs du périscolaire de la circonscription.

De telles visites médiatiques permettront-elles au candidat de la majorité présidentielle de convaincre et de faire la différence dans les urnes ? Les premiers éléments de réponse tomberont dimanche soir à l'issue du premier tour. Un sondage Ifop-Fiducial pour LCI, publié jeudi, donne l'alliance de gauche Nupes en avance d'un demi-point sur la majorité présidentielle avec 26,5% d'intentions de vote au premier tour des élections législatives de ce dimanche.

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