Patrimoine : des Européens amoureux des vieilles pierres aident les communes à lutter contre la désertification rurale

Des maisons aux volets clos, c'est le cauchemar des maires dans les campagnes. A Angles sur l'Anglin, dans la Vienne, la commune a vu des particuliers venus de toute l'Europe racheter et rénover des bâtisses tombées en ruine.

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Même les plus beaux villages de France peuvent être concernés par la désertification des centres bourgs. Angles-sur-l'Anglin, dans la Vienne, a vu des ressortissants européens racheter de vieilles bâtisses tombant en ruine et les rénover. Des Britanniques, par exemple. Mais aussi des Belges, comme Lisebet Lecompte. Lors de notre venue, elle terminait de préparer une chambre d'hôte.

"Notre projet était de venir vivre ici, mais en même temps, de gagner un peu d'argent en faisant chambre d'hôte", explique-t-elle.

Elle et son mari étaient en vacances chez des amis installés dans la région lorsqu'ils sont tombés, il y a trois ans, sur cette maison avec vue sur le château d'Angles-sur-l'Anglin.

Jamais on n'aurait mis des fenêtres en PVC ou démoli des murs. Il était normal de garder le patrimoine.

Lisebet Lecompte, ressortissante belge, résidente d'Angles-sur-l'Anglin

"On était à la recherche d'une maison en Belgique mais on ne trouvait pas vraiment ce que l'on voulait", se souvient-elle. "Par hasard, on a trouvé ici. C'était à vendre et on s'est dit 'allez, on achète'."

Elle et son mari ont fait le choix de réaliser eux-mêmes l'essentiel des travaux. Pas question non plus de les faire à la va-vite. "Ça ne nous aurait pas rendu heureux. On voulait rendre les choses belles. C'est aussi un plaisir de choisir des beaux meubles pour faire les choses comme on veut! (...) Jamais on n'aurait mis des fenêtres en PVC ou démoli des murs. Il était normal de garder le patrimoine. On a aussi travailler pour retrouver l'authenticité à l'intérieur."

Tous les deux font partie de ces ressortissants européens qui, grâce à leurs moyens, redonnent une seconde jeunesse à un patrimoine tombant le plus souvent en ruine. Même s'il n'en avait pas forcément conscience en arrivant.

Ce sont des gens qui sont venus ici pour la beauté du patrimoine. Ils sont venus pour l'embellir

Jean-Maric Auriault, maire d'Angles-sur-l'Anglin

"Au début, les gens étaient un peu suspicieux. Ils ne savaient pas ce qu'on allait faire. On avait le budget pour faire (les rénovations), ça donnait peut-être de la peine à ceux qui ne l'avaient pas. On a quand même fait quelque chose pour le patrimoine. Parfois les gens se demandaient, mais qu'est ce que ces Belges viennent faire ici ? Maintenant, on a aussi notre place à Angles. Et on est souvent là. Les gens ont vu que c'était quand même sérieux", observe-t-elle.

Jean-Marc Auriault, maire d'Angles-sur-l'Anglin depuis 2020 ne "cache pas qu'il y a eu quelques petites jalousies" au début. Selon lui, "avec le temps, ça se tasse".

"Ces nouveaux arrivants apportent de la vitalité dans le village, explique-t-il. Il y a des familles qui arrivent avec des enfants, c'est bon pour l'école! et le patrimoine. Car ce sont des gens qui sont venus ici pour la beauté du patrimoine. Ils sont venus pour l'embellir."

Redonner vie à des bâtisses inhabitées depuis des années et tombant en ruine relève souvent du défi pour les municipalités. Pour certaines maisons, il faut "trouver d'autres utilisations". Ces habitations font "l'objet de signalement puisqu'il y a des projets de rénovation de l'habitat dégradé. (...) Il y a des réflexions (en cours). Les successions bloquent parfois les choses."

Du côté des acheteurs, ce type de projet relève aussi du défi. Les travaux sont souvent conséquents. Nadia Wall est britannique. Elle a racheté une maison le long de l'Anglin, aujourd'hui un salon de thé.

"C'était en très mauvais état, se souvient-elle. Ça a fait du bien de rénover cette maison avec un tel potentiel", explique la restauratrice.

Selon la mairie, une dizaine de maisons est occupée par des ressortissants étrangers. Dans le village, on compte 50% de résidences secondaires. Ces apports extérieurs se révèlent les bienvenus. D'autant plus qu'ils permettent aujourd'hui de développer une offre économique à destination des touristes et des habitants.

Le reportage d'Antoine Morel et Stéphane Bourin

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