Poitiers : 6 infirmiers du CHU sommés de rembourser leur "prime Covid"

En novembre 2020, plus de 2000 salariés du CHU de Poitiers avaient bénéficié d'une "prime Covid" pour leur mobilisation pendant la pandémie. Six mois, plus tard, la direction juge que six d'entre eux l'auraient touchée injustement.

Cela ressemble fort à un problème de Tétris©, du nom de ce jeu vidéo auquel on associe ironiquement les tableurs informatiques utilisés dans les entreprises pour gérer le planning des salariés. On imagine très bien la complexité de gestion d'un tel fichier dans un Centre Hospitalier Universitaire. Mais, visiblement, si l'erreur est humaine, celle qui préoccupe aujourd'hui les agents hospitaliers du CHU de Poitiers a du mal à passer.

En novembre 2020, selon les syndicats, 2 400 salariés avaient été gratifiés d'une "surprime Covid" en guise de reconnaissance de leur mobilisation pendant la pandémie. Ils n'avaient pas compté leurs heures, il fallait réorganiser tous les services et, certains venaient travailler la boule au ventre. Fut un temps où les Français confinés se mettaient sur leurs balcons ou à leurs fenêtres pour les applaudir.

Problème, six mois plus tard, six infirmiers reçoivent un courrier à leur domicile leur intimant l'ordre de rembourser cette prime. "Les agents se sont sentis, j’ai envie de dire, insultés parce que presque traités comme des voleurs, de ne pas mériter cet argent", explique Karine Rousseau Cingal, secrétaire générale de la CGT, "cette prime était comme une prime de mérite et, d’un coup, il n’était plus méritant. Donc ils le prennent mal et ce n’est pas tant de ne pas vouloir rendre l’argent, c’est la façon dont s’est fait. Ils auraient au moins mérité des explications et d’être reçus dignement".

"Ces salariés sont passés par tous les stades en fait : la colère, la tristesse, la non-reconnaissance de ce qu’ils ont fait", déclare Sandrine Bouichou, vice-présidente de la Coordination Nationale Infirmière, "ils restent dans une incompréhension. Bien que nous ayons rencontré la direction début juin, on nous dit que le dossier est toujours en cours, mais on ne voit rien venir. Là, l’été va passer donc les choses vont traîner et la direction ne se met  pas du tout à la place de ces agents qui ont pris ça en pleine face".

Par voie de communiqué, la direction confirme la tenue de cette réunion en présence des représentants syndicaux et des salariés incriminés. "Après vérification, il n’apparaît aucun dysfonctionnement informatique", nous indique-t-elle, "l’enjeu étant d’identifier pour chacun des six infirmiers le nombre d’autorisations spéciales d’absence (ASA) générées sur la période donnant droit au versement de la majoration (1000€) de la prime COVID (500€). Compte tenu des divergences entre le planning remonté à la direction des ressources humaines et les déclarations des agents concernés, la direction a suspendu sa décision en demandant aux 6 personnels et à leur encadrement de faire remonter dans les meilleurs délais les éléments permettant d’attester de la réalité des présences ou du télétravail de chacun".

Le compte-rendu fait par les syndicats de cette entrevue est moins policé. "La réunion tendue a été menée de façon culpabilisante pour les agents, les rendant responsables de la mauvais gestion de leur planning voire même "par analogie" de leur compte bancaire personnel". "C’est insupportable pour nous parce qu’on était dans une relation de confiance avec la direction et elle nous avait bien dit que s’il y avait des litiges, elle ne reviendrait pas dessus et tout le monde a bien entendu cela", poursuit Sandrine Bouichou.

Sollicitée, la direction indique aujourd'hui qu'elle laisse encore du temps aux salariés et à leur encadrement pour prouver si le tableau de service réalisé permet de conserver cette fameuse prime. Dans la négative, la reprise sur salaire prendra effet, mais de manière échelonnée.

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