Poitiers. Dans les quartiers, un quotidien entravé par le trafic de stupéfiants

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À cause des trafics de stupéfiants, les habitants des quartiers de Poitiers (Vienne) sont nombreux à vouloir déménager. ©Antoine Morel, Thomas Capuzot - France Télévisions

En quatre ans, trois homicides se sont succédé dans la Vienne, tous sur fond de trafic de drogues. Un phénomène qui n'est pas sans conséquences sur la vie des habitants des quartiers.

Dès l'entrée de la résidence de l'Horloge à Poitiers (Vienne), l'état du portail interpelle les visiteurs de passage. Le passage est totalement libre, alors que les portes devraient normalement être verrouillées. "Les aimants ont été enlevés à plusieurs reprises, par les occupants illicites, si on peut les surnommer ainsi", décrit Stéphanie Bonnet, directrice générale du bailleur social Ekidom. " Les verrous ne résistent pas, la résidence est donc en accès libre."

Cette entrée en mauvais état symbolise l'état général de la résidence. Stéphanie Bonnet, directrice générale d'Ekidom et Cathie Faye, directrice territoriale d'Ekidom, viennent visiter la résidence. Alors qu'elles croisent le facteur, elles déclarent : "Régulièrement, la Poste ne peut pas faire son travail, car les boîtes aux lettres sont souvent saccagées."

Un sentiment d'insécurité toujours plus fort

L'état des lieux n'encourage pas l'arrivée de nouveaux locataires. Près de la moitié des 160 logements sociaux disponibles sont inhabités. Comme cet appartement T3, qui donne sur le parc. Ses murs portent encore les tapisseries des anciens locataires. Malgré les réparations, les logements vides sont encore trop nombreux. "Ce sont des logements agréables, qui donnent sur le parc", reprend Stéphanie Bonnet, directrice générale d'Ekidom. "Cest une offre de qualité, à des prix modérés. Le prix moyen d’un logement social T3 est de 360 euros."

On est à proximité des bus et des services, et malgré tout, c’est vide.

Stéphanie Bonnet

Directrice générale d'Ekidom

Au 23 juin 2023, le bilan de saisie de stupéfiants est déjà un record en comparaison avec l'année 2022. 48,7 kg de stupéfiants ont été saisis au premier trimestre 2023 contre 56 kg pour toute l'année 2022. La préfecture de la Vienne dénombre aussi deux points de deal à Châtellerault et huit points de deal à Poitiers.

Parmi ces derniers, il y a celui de la Place de l'Horloge. Cette femme, qui habite dans la résidence depuis vingt ans, attend donc impatiemment de déménager. "C’est casse-pieds au quotidien, les gens en bas font du bruit et ne respectent pas les gens. Nous, on nous connaît, on ne nous fait rien, mais c’est dur", déclare-t-elle, dans un témoignage anonyme.

On est plutôt là pour faire avancer le quartier et pas pour le faire reculer.

Un jeune homme rencontré dans le quartier Saint-Eloi

Devant le même immeuble, ces jeunes hommes font un tout autre récit. Pour l'un d'entre eux, "ici, c’est un endroit plutôt calme, où il n’y pas beaucoup de sentiment d’insécurité. Je suis là tous les jours, je n’ai pas pu constater qu’il y a un point de deal ici." Selon ce groupe de jeunes, ce serait la tenue et le nombre de personnes rassemblées en bas des immeubles qui susciteraient la crainte des habitants.

Pourtant, dans un parking situé à 50 mètres de là, un jeune de 19 ans a été tué par arme à feu en mars 2023. "Le mort qu’il y a eu, c’était mon ami", affirme l'habitant du quartier. "Moi aussi, je suis victime de son décès." Il ajoute : "C’était un jeune, qui aurait été avec nous, s’il n'était pas décédé. C’est la vie, la mort fait partie de la vie. On essaie de faire avec, on ne peut pas faire autrement."

Cet homicide est le troisième en quatre ans à être lié au trafic de stupéfiants dans le département. En septembre 2020, un homme a été kidnappé dans une station-service à Mignaloux-Beauvoir. En avril 2022, un homme a été kidnappé et battu à mort dans la forêt domaniale de Vouillé-Saint-Hilaire, sur la commune de Quinçay. Son corps avait été retrouvé à moitié calciné.Des rondes régulières de la police

Afin de mettre un terme au point de deal de la Place de l'Horloge, la police visite régulièrement les caves. Jean Prost, directeur de la sécurité publique dans la Vienne, explique que "l'idée est de passer très régulièrement pour sécuriser les caves et rassurer la population. Notre présence doit aussi être dissuasive."

Si la préfecture signale une baisse d'activité autour de la résidence de l'Horloge, les futurs locataires sont encore rares, peu rassurés par la mauvaise réputation du quartier. En attendant, chaque année, 30 000 euros sont dépensés en frais d'entretien par le bailleur social.

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