L'aéroport Poitiers-Biard, au coeur d'une polémique sur son coût depuis les dernières municipales, signe un partenariat avec l'association Aéro Biodiversité. La convention vise à promouvoir la biodiversité du site. Elle est aussi une réponse aux élus écologistes qui veulent s'en désengager.
Une convention pour verdir l'image de l'aéroport Poitiers-Biard ? Ce jeudi matin, la société Sealar, l'exploitant de l'aéroport Poitiers-Biard, et l'association Aéro Biodiversité, ont officiellement conclu un partenariat en vue de préserver la biodiversité présente sur le site aéroportuaire poitevin.
Le partenariat, engagé il y a quelques mois par l'actuel exploitant, permet à l'aéroport de Poitiers de rejoindre les 35 aéroports et aérodromes en France (dont Orly et Charles de Gaulle) ayant déjà signé une convention avec l'association.
Officiellement, la démarche ne s'inscrit dans aucun cadre polémique, elle chercherait même à s'en éloigner. Mais, à la lumière des récents débats houleux sur l'avenir de l'aéroport, cette signature peut apparaître comme une réponse politique aux nouveaux responsables écologistes à Poitiers et Grand Poitiers.
"On ne s'inscrit pas tant dans une volonté de réponse", explique Claire Pons, directrice de l'aéroport Poitiers-Biard. "On mène une action pour nous importante. On a un désir commun qui est de protéger la biodiversité (du site, ndlr)."
Claire Pons poursuit : "Nous inscrire aujourd'hui dans une démarche Aéro Biodiversité, c'est simplement disposer d'une expertise scientifique".
La directrice de l'aéroport détaille encore : "On a déjà mis en place plusieurs actions : en 2018, l'objectif zéro produit phytosanitaire. On a intégré une démarche de certification dédiée au milieu aéroportuaire, l'accréditation carbone, qui est une démarche volontaire de diminution des émissions carbone. On a depuis deux ans ce partenariat avec le conservatoire des espaces naturels de Nouvelle Aquitaine sur lequel on récolte des graînes pour repeupler la prairie. (...) On vient prélever des graines de façon à réintroduire de la prairie dans la région. On a déjà replanté 55 hectares."
Cet aéroport a toutes les qualités.
Ainsi, sur place, les prises de parole des uns et des autres sont posées et soulignent la singularité de la démarche : "mieux connaître la biodiversité sur le site", "évaluer la qualité environnementale", "inventorier les espèces végétales". Mais très vite, est aussi rappelée la volonté de "montrer notre attachement fort pour cet aéroport et la biodiversité".
Même le représentant de Grand Poitiers et maire de Biard, Gilles Morisseau confie que "Grand Poitiers travaille à un avenir pour cette plateforme. Nous sommes conscients du besoin de piste pour des questions sanitaires, par exemple."
Quand son tour de prendre la parole vient, le sénateur Les Républicains Bruno Belin rappelle "une fois de plus", que "cet aéroport a toutes les qualités". Le ton est posé et mesuré mais décidé à rappeler certains faits. Si les "liaisons avec la Grande-Bretagne coûte 600.000€" à la collectivité, "elles représentent des retombées économiques de 12 millions €". Le sénateur en profite aussi pour rappeler que pendant la première vague de Covid, "en cinq heures, on a réussi à organiser l'évacuation sanitaire de patients vers le CHU de Poitiers".
"On a la volonté d'en faire un aéroport modèle", explique Bruno Belin. "On a adapté les appareils qui font moins de bruit, consomment moins, passent moins de temps sur les pistes, ce qui est important pour l'empreinte carbone. Et on montre maintenant qu'on est une réserve !" "A Poitiers, l'aéroport, c'est une piste et autour un espace préservé où des espèces viennent nicher."
On a l'image de l'aéroport, des pistes, mais peu de gens savent que c'est un réservoir rare !
Cet espace naturel autour des pistes, justement, l'aéroport veut désormais le faire connaître et qu'il incarne sa volonté d'affronter les enjeux environnementaux. Un espace de 168 hectares dont "146 de prairie naturelle remarquable", indique Claire Pons, directrice de l'aéroport.
"On a l'image de l'aéroport, des pistes, mais peu de gens savent que les emprises sont aussi grandes et clôturées, peu piétinées, jamais cultivées, c'est un réservoir rare !"
Alors que la presse est invitée à découvrir le site, un premier arrêt est observé après une dizaine de minutes de contournement de l'aéroport par un sentier goudronné longeant la clôture de la plateforme. Loin de la piste, les oiseaux chantent. "Là, on entend l'alouette des champs", signale l'un des membres d'Aéro Biodiversité. Un autre souligne la présence d'hirondelles ou d'orchidées rares. Un aéroport serait ainsi un lieu beaucoup plus protégé qu'on ne l'imagine.
Aéro Biodiversité explique avoir déjà recensé une centaine d'espèces végétales dans la prairie de l'aéroport Poitiers-Biard. L'association a réalisé ses premiers relevés il y a deux semaines seulement.
L'association doit réaliser de nouvelles observations dans le courant du mois de juin pour dresser un état des lieux plus exhaustifs.