Difficile de concilier la surdité profonde d'un enfant avec une scolarité ordinaire : la famille Bourdet en sait quelque chose. Après plusieurs périodes de galère et un déménagement, elle s'est installée à Poitiers où la petite Cléa est inscrite dans une école classique.
De Toulon à Poitiers, le chemin a été long pour Aurélie, Benoît et leur petite fille Cléa, atteinte de surdité profonde depuis sa naissance. Car un tel handicap est difficile à concilier avec une scolarité classique. Aujourd'hui, la famille peut se réjouir : à neuf ans, Cléa est inscrite en CE2 à l'école Paul Blet où elle suit un enseignement standard en compagnie d'élèves entendants.
De Toulon à Poitiers
Lorsque le diagnostic tombe, elle n'a un an et demi. "À ce moment, on s'est sentis très seuls, se souvient Aurélie Bourdet. J'ai fondu en larme et j'ai appelé ma famille pour chercher du réconfort." Sur Toulon, le couple ne parvient pas à trouver une école adaptée qui le satisfait. Après un an de galère, la famille emménage sur Poitiers à la faveur d'une mutation de Benoît.L'occasion de prendre un nouveau départ, mais aussi l'obligation d'apprendre la langue des signes. Un apprentissage qui ne s'improvise pas du jour au lendemain.
"C'est très long à apprendre, reconnaît la maman de Cléa, j'ai beau faire tout mon possible, je rame. J'aimerais vraiment pouvoir échanger avec elle comme je voudrais. C'est également compliqué pour communiquer quand elle est dans sa chambre, il faut qu'on monte. Mais ce sont des habitudes qu'on prend et qui se font facilement au quotidien.
Des classes bilingues pour échanger
Pour autant, le couple reste convaincu d'avoir trouvé la bonne solution pour leur fille comme pour toute la famille. À Paul Blet, Cléa reçoit le même enseignement que les enfants entendants, doublé d'un apprentissage de la langue des signes. Dans cette école, où des co-enseignants sourds participent directement en classe, l'accent est mis sur l'échange entre les élèves sourds et les autres.En France, on estime à un milliers le nombre de nouveau-nés atteints de surdité chaque année, soit 0,25 % des naissances. Selon un rapport de la Drees, ils sont environ 216.000, âgés de 6 à 25 ans, à être scolarisés et 70 % d'entre eux suivent, comme Cléa, un parcours scolaire ordinaire. À Poitiers, où la première classe bilingue a ouvert ses portes en 1984, ils étaient 80 jeunes sourds scolarisés en 2018.
Heureuse, la famille Bourdet peut respirer. Le parcours de Cléa est assuré jusqu'à la terminale. La question se posera néanmoins à nouveau pour les études supérieures.
Reportage d'Alain Darrigrand, Thomas Chapuzot et Christophe Pougeas :