Poitiers : les salariés de Monoprix se mettent en grève

C'est assez rare dans le secteur de la grande distribution et même une première ce matin pour certains salariés de Monoprix à Poitiers. Ils sont sortis dans la rue pour dénoncer leurs conditions de travail.

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"On fait quoi pour vous aujourd'hui ?" C'est le slogan publicitaire des magasins Monoprix en France. Une question que se posent aujourd'hui les salariés de la chaîne avec une certaine exaspération. "Je ne pensais pas que j'en arriverai là, à faire grève" ; Nadine Pain est entrée à Monoprix il y a trente-cinq ans. A l'époque, raconte-t-elle, la direction respectait les salariés. Visiblement, ce n'est plus vraiment le cas et, la crise sanitaire n'a pas arrangé les choses.

Même si moi, je suis en fin de carrière, je soutiens mes collègues. Les jeunes, ça ne va pas être facile pour eux. On n'a rien contre notre directeur et nos cadres. C'est plutôt en haut-lieu où ils suppriment tout. Ça devient infernal. Les actionnaires en veulent toujours plus au détriment du personnel.

Nadine Pain, réassortisseuse en épicerie

"En haut il y a des primes qui tombent"

Stéphane Rageau confirme. Lui est resté "en première ligne" pendant toute la durée du confinement. La fameuse prime de 1.000 euros, il n'en a quasiment pas vu la couleur. Ont été retenus dessus des jours de congés et les journées prises pour garder sa fille. Ce qu'il voit très bien par contre, ce sont les CDD, les départs en retraite et les collègues en arrêt maladie qui ne sont plus remplacés.

Les collègues sont obligés de faire le travail de deux ou trois personnes et sans augmentation de salaire. Ça devient pénible. la direction nationale nous laisse tomber. On fait ce qu'on peut mais on n'a aucune reconnaissance, alors qu'on sait que en haut il y a des primes qui tombent.

Stéphane Rageau, salarié de Monoprix

"Les gens sont à bout"

Ces primes, ce sont celles octroyées aux actionnaires. Selon la CGT, qui a déposé ce préavis de grève, Jean-Charles Naouri, Pdg de Casino, actionnaire majoritaire de Monoprix, aurait reçu 650.000 euros de "rémunération complémentaire" en pleine crise de la Covid-19. Un affront pour tous les salariés qui, un peu partout en France, ont cessé le travail aujourd'hui.

Ils n'en peuvent plus. D'où cette volonté de faire grève ce matin, pour s'exprimer puisque c'est notre seul moyen. D'année en année, on voit la santé des salariés se dégrader, la santé physique aussi bien que la santé mentale. Les gens sont à bout.

Natacha Dulac, déléguée CGT de Monoprix Poitiers

Leurs revendications sont donc des plus simples : des conditions de travail normales et une revalorisation salariale. En bref, un peu plus de respect.
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