Depuis mardi dernier, la grande distribution est autorisée à vendre les autotests à prix coûtant. Une mesure prise à titre exceptionnel qui attaque le monopole des pharmaciens.
Depuis le 28 décembre, la grande distribution est autorisée à vendre des autotests. Une mesure dont s'est très rapidement félicité Michel-Edouard Leclerc qui bataille depuis des années pour pouvoir vendre des médicaments.
Même satisfaction pour le président de Système U, Dominique Schelcher :
Résultat, le prix d'un autotest en pharmacie est de 5 euros, contre 1,24 euro seulement en grande surface. Pas de quoi inciter les consommateurs à s'adresser à leur professionnel de santé. La mesure a provoqué de vives réactions chez les pharmaciens qui y voient une nouvelle attaque contre leur monopole sur la vente des médicaments et des dispositifs médicaux. De plus, beaucoup d'officines ont eu un mal fou à se réapprovisionner ces derniers jours, selon les pharmaciens, les grandes surfaces avaient anticipé l'annonce du Premier Ministre et fait des stocks. Une hypothèse confirmée par Xavier Moinier, enseignant chercheur à la faculté de sciences économiques de Poitiers. "La grande distribution a une force de frappe que n'ont pas les pharmaciens. Plusieurs grandes enseignes avaient passé des commandes, ce qui leur a permis de proposer des autotests à la vente dès le 28 décembre."
Une mesure exceptionnelle qui risque de durer
Pour Xavier Moinier, le caractère exceptionnel lié à la très forte augmentation des cas positifs (encore plus de 200.000 ce jeudi) et la prévalence du variant Omicron se transformera sans doute en mesure définitive. "On ne reviendra pas là-dessus le 31 janvier" affirme-t-il. Le décret du ministère de la santé indique en effet la date du 31 janvier comme limite à la vente des autotest en grandes surfaces. Selon le chercheur "Les grandes surfaces en profiteront pour dire : si je peux distribuer ce genre de dispositif, je peux aussi distribuer des médicaments à un coût inférieur."
Les pharmaciens ont pourtant des arguments à faire valoir, à commencer par le service. Si vous avez besoin d'explications ou de conseils sur l'autotest, le pharmacien pourra vous les donner. Il vous expliquera par exemple que si le prélèvement n'est pas bien réalisé dans les narines, le résultat peut être biaisé ou qu'en cas d'autotest positif, il faut confirmer avec un test PCR.
De quoi faire dire à Philippe Besset le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France “Nous considérons que c’est un soin et les grandes enseignes considèrent que c’est une marchandise."
Et ce service a un coût en personnel que les grandes surfaces n'ont pas une fois qu'elles ont installé les autotests dans leurs rayons. Contrairement à un pharmacien, elles peuvent donc se permettre de vendre les boites à prix coutant.