Après l'allocution du président de la République annonçant le reconfinement et les premières mesures annoncées par Jean Castex, enseignants et parents d'élèves attendent avec impatience des précisions sur les conditions dans lesquelles la rentrée scolaire du 2 novembre va se dérouler.
Emmanuel Macron, le président de la République, a annoncé que, contrairement au confinement organisé au printemps, les écoles, collèges et lycées vont rester ouverts malgré la mesure de reconfinement qui entre en vigueur ce jeudi 29 octobre 2020 à minuit et doit durer, a minima, jusqu'au 1er décembre.
"Nos enfants ne sauraient être durablement privés d'instruction." a dit Emmanuel Macron. Un constat auquel souscrivent, à tous les niveaux, les syndicats d'enseignants et les fédérations de parents d'élèves. La fermeture des établissements scolaires au printemps et la mise en place de l'enseignement à distance a encore accentué les inégalités entre les élèves en fonction des conditions de vie de chacun.
Un protocole sanitaire renforcé
C'est vrai qu'il faut assurer la continuité de l'enseignement et garder les écoles ouvertes, disent les syndicats mais pas à n'importe quel prix pour la santé des personnels qui y travaillent. Le SNES-FSU dans le second degré et le SNUIPP dans le premier degré, demandent que le protocole sanitaire appliqué dans les établissements scolaires soit renforcé à la rentrée des vacances de la Toussaint, une exigence partagée, dans la Vienne, par la FCPE, la Fédération des conseils de parents d'élèves.Il n'est pas question de dire que l'on va ouvrir comme ça. Il faut un protocole sanitaire supplémentaire et renforcé...il faut des choses claires pour que l'école de la confiance chère à notre ministre soit vraiment dans la confiance aussi sur le plan sanitaire.
Masque obligatoire dès l'âge de six ans
Le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé ce matin devant l'Assemblée nationale que le port du masque sera obligatoire pour tous les enfants dès l'âge de six ans, alors qu'il ne s'imposait jusqu'alors qu'à partir de 11 ans. A l'école élémentaire donc, tous les élèves devront porter un masque au sein de l'établissement scolaire, seuls les enfants de maternelle en seront exemptés. Cette mesure, qui répond à une demande des syndicats, est saluée par les enseignants et les parents d'élèves qui jugent cette mesure de protection nécessaire alors que les enfants ont du mal à respecter, en permanence, les gestes barrières. Mais devant cette obligation, tous réclament la gratuité des masques pour les enfants, au risque d'aggraver encore les difficultés que rencontrent de nombreuses familles.
C'est une question de solidarité nationale, l'école est gratuite alors les masques doivent l'être aussi. On trouve bien des milliards pour sauver l'économie on peut bien trouver quelques millions pour acheter des masques.
De son côté, Gilles Tabourdeau, le secrétaire départemental du SNUipp-FSU 86, demande aussi que les enseignants soient pourvus de masques chirurgicaux de type 2, plus protecteurs.
Recruter plus d'enseignants
Pour lutter contre la propagation du virus, le gouvernement propose également demande de limiter au maximum "le brassage" des élèves, appelés à plus rester en permanence avec les mêmes camarades. Mais pour Hervé Piquion, le président de la FCPE de la Vienne, c'est la réforme Blanquer appliquée dans les lycées qui oblige aujourd'hui à des changements fréquents selon les options choisies."La réforme désorganise les groupes de chaque classe et fait qu'il y a autant de brassage dans les lycées."
Les syndicats d'enseignants estiment, par ailleurs, que la division des classes est souhaitable mais pour être réalisable, il faudrait recruter du personnel enseignant capable de prendre les enfants en charge dans leur scolarité.
Il faut recruter du personnel, nous avons beaucoup de candidats qui sont en attente de recrutement. On ne pourra pas faire avec les effectifs actuels alors que dans la Vienne, nous avons déjà de gros problème de remplacement depuis la rentrée."
Le responsable du SNUipp 86 ajoute qu'il faut recruter du personnel formé , "car les écoles ne sont pas des garderies. Sinon, faute de moyens ce sera une garderie mais encore moins bien parce qu'il y aura moins d'adultes pour encadrer les enfants".
Des locaux qui vont devenir trop petits
En dehors du manque d'enseignants, la division des classes en groupes peut aussi, dans de nombreux établissements, se heurter à un autre problème : celui des locaux. Le problème se pose pour les salles de classe mais aussi, encore plus cruellement souvent, pour les espaces de restauration où respecter la distanciation physique pendant les repas est quasiment impossible. Pour réussir à multiplier les lieux pouvant accueillir les élèves, le président de la FCPE de la Vienne en appelle aux collectivités locales.Si on veut résoudre ce casse-tête des locaux et faire baisser la pression, on doit utiliser des locaux qui ne sont pas scolaires mais appartiennent aux collectivités comme les salles municipales ou celles des associations.
"Le plus difficile c'est de garder les écoles ouvertes !"
Obligation du masque dès six ans, groupes moins nombreux et moins de circulation des élèves, pour le SNIUPP, l'exigence sanitaire impose aussi que le protocole de nettoyage et de désinfection soit renforcé par rapport à celui qui est appliqué depuis la rentrée de septembre et ne prévoit qu'un seul nettoyage par jour dans chaque classe. Là encore, la question du personnel se pose mais elle n'est pas seule car tous soulignent aussi la nécessité de rénover complètement les sanitaires de nombreux établissements afin d'assurer une meilleure protection.
Ouvrir les écoles c'est facile mais le plus difficile c'est de réussir à les garder ouvertes.
Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education nationale, doit participer à la conférence de presse donnée par le Premier ministre pour détailler les nouvelles mesures de lutte contre l'épidémie. Il a évoqué ce jeudi sur France 2 des "mesures renforcées pour éviter au maximum le brassage des élèves" dans les classes ou à la cantine, et "des mesures d'hygiène et d'aération renforcées". Il a aussi ajouté qu'il pourrait aussi y avoir "une évolution des emplois du temps.
Des précisions que les enseignants et les chefs d'établissement attendent alors quils doivent organiser dans trois jours, une rentrée déjà bouleversée par l'hommage rendu à Samuel Paty, le professeur d'histoire-géographie assassiné par un terroriste islamiste, le 16 octobre dernier à Conflans-Sainte-Honorine, après avoir montré en classe les caricatures du prohète Mahomet publiées par Charlie-Hebdo.