France 3 Poitou-Charentes a organisé un débat d'entre deux tours à l'occasion des municipales 2020 à Buxerolles dans la Vienne. Il a rassemblé les deux candidats qualifiés pour le second tour, Ludovic Devergne (divers gauche) et Gérald Blanchard (divers droite). Voici ce qu'il faut en retenir.
A Buxerolles, l'écart est serré entre les deux candidats arrivés en tête au premier tour et seuls qualifiés pour se maintenir. Au premier tour, la liste divers gauche "Buxerolles, ma ville" menée par Ludovic Devergne, le candidat soutenu par le maire actuel Jean-Louis Chardonneau dont il était l'adjoint aux finances, est arrivée en tête avec 44.04% des voix. 57 voix seulement la séparent de la liste menée par Gérald Blanchard, "Buxerolles naturellement", le candidat divers droite, déjà présent lors du scrutin de 2014 et conseiller municipal, qui a recueilli 42,29 % des votes.
A l'issue du scrutin, les deux autres candidats du premier tour ont été très largement distancés et n'étaient pas en mesure de se maintenir. Arnaud Fage pour le Rassemblement National n'a totalisé que 7,6 % des votes et Aïda Jaafar avec sa liste "Buxerolles audacieuse" 6,06 % des voix.
Un duel incertain
Le duel entre Ludovic Devergne et Gérald Blanchard s'annonce donc très serré pour le second tour du 28 juin 2020. Le report des voix sera certainement déterminant pour l'issue du scrutin. Le candidat du RN n'a pas donné de consignes de vote à ses électeurs alors qu'Aïda Jaafar a apporté son soutien, sans contrepartie, à la liste de Ludovic Devergne.
Autre inconnue, le taux d'abstention, record et inédit pour la commune lors d'une élection municipale, sera-t-il être en baisse le 28 juin ? 54,95 % des électeurs buxerollois ne sont pas allés voter le 15 mars alors que l'épidémie de coronavirus s'installait en France et que le confinement avait été décrété. L'abstention était en hausse de plus de 15 points par rapport aux élections municipales de 2014.
Les électeurs de Buxerolles vont-ils revenir voter alors que la menace sanitaire s'est desserrée ? Report des voix et participation en hausse pourrait changer la donne politique de la commune, administrée par des maires ancrés à gauche depuis longtemps.
Voici les résultats du premier tour à Buxerolles
Le maire actuel, Jean-Louis Chardonneau, âgé de 75 ans, n'a pas souhaité se représenter. Il avait été nommé maire en juin 2011 après le décès accidentel de Jean-Marie Paratte et a été élu à la tête de la commune, en 2014.
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Les candidats se sont déclarés tous les deux en accord avec la décision d'organiser ce second tour, le 28 juin prochain. Pour eux, la situation sanitaire actuelle le permet et les mesures de sécurité prises dans les bureaux de vote, comme le port du masque, leur semblent à même de rassurer les électeurs. Les deux candidats s'attendent à une participation plus importante lors de second tour.
Iront-ils chercher les voix des candidats exclus après le 1er tour ?
Gérald Blanchard affirme qu'il cherche d'abord à convaincre sur son projet et cherche à relativiser le score atteint par son adversaire. Pour lui, alors que dans de nombreuses communes, les majorités ont été reconduites dès le premier tour, cela n'a pas été le cas à Buxerolles, "car il n'y a pas de consensus autour de la majorité sortante". Il estime, pour sa part, être sur une bonne dynamique par rapport à son score de 2014, qui se situait autour de 38%.
Ludovic Devergne répond qu'il n'a jamais pensé être élu dès le premier tour et se félicite des 44% obtenus ainsi que du soutien que lui apporte Aïda Jaafar.
Buxerolles est-elle une ville dortoir ?
Ludovic Devergne réfute cette idée. Pour lui, Buxerolles n'est pas une ville dortoir. La vie associative y est très riche et de nombreux spectacles y sont proposés en été. Il souligne aussi que de nouvelles solidarités entre les habitants sont nées pendant le confinement.
Pour Gérald Blanchard, le constat est moins tranché. "C'est une ville agréable et j'aime ma ville avec ses spécificités associatives" affirme-t-il mais il relève que peu de choses ont été faites pour le développement économique.
Si une ville dortoir, c'est une ville où on vient dormir mais où on ne travaille pas, c'est ce qui se passe.
Faut-il continuer à urbaniser la ville ?
Cette question est au cœur de la campagne. Faut-il continuer à construire et comment ? Les propositions des deux candidats diffèrent dans ce domaine.
Ludovic Devergne défend le projet "cœur de ville" entrepris depuis plusieurs années. Trois maisons situées devant le centre commercial et à côté de l'école du Planty doivent être démolies pour être remplacées par deux immeubles de 20 logements chacun avec des places de parking dédiées. Pour le candidat représentant la majorité sortante, il s'agit là d'un urbanisme intelligent.
Il faut reconstruire la ville sur elle-même. On utilise la place de ces trois maisons pour densifier et avoir un vrai cœur de ville.
Pour Gérald Blanchard, ce projet "cœur de ville" ne suffit pas et engendrera encore plus de difficultés de stationnement. Il affirme que selon lui, le centre-ville manque d'attractivité notamment pour l'installation de nouveaux commerces. Il estime nécessaire "de casser la notion de ville dortoir".
L'objectif des 10.000 habitants
Les deux candidats s'accordent pour dire qu'il est nécessaire d'atteindre et de dépasser durablement la barre des 10.000 habitants qui engendre des subventions plus importantes de la part de l'Etat. En revanche, la construction d'un éco-quartier au Pas de Saint-Jacques, en prévision depuis longtemps, les divise.
Gérald Blanchard déclare ne pas être d'accord avec le projet tel qu'il est présenté. Pour lui, il ne faut pas construire trop près de la dernière ferme de la commune qui a démarré sa reconversion en bio. Ce projet pourrait être compromis, selon le candidat, si on construit des logements trop près.
Ludovic Devergne, lui, se déclare "convaincu que la ferme peut cohabiter avec des logements si une zone tampon avec des espaces verts et aménagés".
Mixité sociale et logements sociaux
La mixité sociale, c'est avec l'urbanisation, l'un des principaux points de discorde entre les deux programmes des candidats.
Ludovic Devergne souligne que le taux actuel de logements sociaux est de 19% dans la ville alors que le minimum légal est de 20%. Il est important pour lui de continuer à construire des logements sociaux dans la commune. "Il ne faut stigmatiser les logements sociaux."
La mixité sociale est une vraie priorité. C'est notre défi, Buxerolles est une ville mélangée et ça fonctionne bien.
Gérald Blanchard se dit "opposé au bétonnage de la commune" et considère que le taux de 30% de logements sociaux, qui pourrait être atteint avec la construction de l'éco-quartier, est trop élevé.
Je ne suis pas opposé aux logements sociaux mais je suis opposé à la concentration des logements sociaux. 30%, ça ne paraît pas équilibré.
Pour lui, il faudrait avant tout bien entretenir le parc existant en menant des opérations de rénovation, notamment sur l'isolation thermique.
Gérald Blanchard propose également le recrutement de gardiens d'immeubles ayant la capacité de relever les infractions du quotidien et de jouer un rôle de médiation auprès des habitants. Cette démarche est en cours, lui répond Ludovic Devergne qui explique que la ville a obtenu auprès d'Ekidom le recrutement d'un gardien assermenté dans une résidence du centre-ville.
Buxerolles, une ville qui ne cesse de grandir
Troisième ville du département de la Vienne pour le nombre d'habitants après Poitiers et Châtellerault, Buxerolles compte près de 10.000 habitants. C'était à l'origine un bourg rural, rassemblé autour de l'église situé dans le quartier que les Buxerollois appellent aujourd'hui le vieux bourg. La commune a connu une urbanisation exponentielle au point de doubler le chiffre de sa population en 45 ans.
Ce développement urbain a commencé dans les années d'après-guerre avec la construction, à partir du début des années 50, du quartier des "Castors" (une association coopérative d'entraide pour la construction des maisons). La construction d'un centre commercial, d'une école, d'une nouvelle église et d'une mairie a contribué à déplacer le centre de gravité de la commune vers ce nouveau quartier. Ensuite le développement urbain n'a jamais cessé avec un coup d'accélérateur dès la fin des années 70 où les champs et les vignes ont totalement disparu du paysage, laissant la place aux lotissements puis aux immeubles.
La proximité immédiate avec Poitiers, une bonne desserte par les transports en commun et la proximité des commerces et services expliquent en partie cette extension urbaine. Beaucoup de retraités ou pré-retraités mais aussi de nombreuses familles se sont installées. Dans leur majorité, ces nouveaux habitants affirment y avoir trouvé une ville calme, au point que la commune est parfois traitée de ville dortoir. Le marché immobilier toujours aussi florissant témoigne de l'attractivité de la commune. Aujourd'hui encore, de nouveaux programmes de construction sont en cours de réalisation ou en projet.
Ecoutez la parole des habitants de Buxerolles
Le programme des débats sur France 3 Poitou-Charentes, par date
Mercredi 17 juin : Soyaux
Avec : François Nebout (DVD), Frédéric Cros (DVD), Cédric Jégou (DVC), William Jacquillard (UG)
Présentation : Laïd Berritane
Jeudi 18 juin : Royan
Avec : Patrick Marengo (DVD), Jacques Guiard (UG), Thomas Lafarie (UC), Thierry Rogister (RN)
Présentation : Jérôme Vilain
Vendredi 19 juin : Thouars
Avec : Bernard Paineau (DVG), Alain Ligné (DVC), Patrice Pineau (DVG)
Présentation : Laïd Berritane
Lundi 22 juin : Saintes
Avec : Jean-Philippe Machon (DVD), Bruno Drapron (UDI), Rémy Catrou (Union de Gauche), Pierre Dietz (DVG)
Présentation : Laïd Berritane
Mardi 23 juin : Poitiers
Avec : Alain Claeys (SOC), Léonore Moncond’huy (DVG), Anthony Brottier (LREM)
Présentation : Jérôme Vilain
Mercredi 24 juin : Rochefort
Avec : Hervé Blanché (LR), Rémi Letrou (DVG)
Présentation : Laïd Berritane
Jeudi 25 juin : La Rochelle
Avec : Olivier Falorni (DVG), Jean-François Fountaine (DVG), Jean-Marc Soubeste (EELV)
Présentation : Jérôme Vilain