[SÉRIE 2/5] Mai 68 en Poitou-Charentes : la révolution en douceur des étudiants poitevins

Alors qu'à Paris, les pavés volent et les manifestations étudiantes donnent lieu à des affrontements avec les forces de l'ordre ; à Poitiers, le mois de mai 1968 a pris une tournure différente, plus apaisée. 

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Tandis qu'à Paris, l'ambiance est explosive en ce mois de mai 1968, à Poitiers, les événements ne donnent lieu à aucun débordement notable.

Les étudiants manifestent bien, et à de nombreuses reprises, mais les cortèges sont globalement bon enfant, loin de l'impression de violence qui caractérise les manifestations parisiennes.


Sans relief

Cette révolution en douceur s'explique. D'abord parce que la majorité des revendications des étudiants avaient été satisfaites au début de l'année. Ensuite, parce que Poitiers était à l'époque une ville majoritairement conservatrice et catholique, sans population ouvrière forte. 
 Enseignant en histoire, Jules Aimé qualifie ces événements de "banal".

On ne peut pas dire qu'il ne s'est rien passé en 68 à Poitiers mais les manifestations et les grèves étudiantes ne semblent pas avoir laissé d'empreinte mémorielle marquante

écrit-il dans son mémoire consacré à l'héritage de  mai 68 dans les manifestations de l'hiver 1970-71. 

Les gaullistes en force

Pour ceux qui ont vécu ces événements toutefois, le souvenir est encore très vivace. Françoise Poteau, âgée de 23 ans à l'époque, était étudiante en lettres et gagnait sa vie comme "pionne" dans un lycée d'Angoulême. De tous les cortèges, elle raconte "ces petites rues de Poitiers où l'on peinait à circuler" les jours de manifs.

Poitiers qui était plutôt peu accueillant, peu ouvert, s'ouvrait complètement. Les mondes se rencontraient


Daniel Lhomond lui était étudiant en sciences à Poitiers, il avait 20 ans en mai 68. De ses toutes premières assemblées générales est née son envie de s'engager en politique. "On se battait contre les injustices, contre la guerre du Vietnam, contre tout un tas de choses"

Ça peut paraître confus aujourd'hui mais c'était quand même un sacré changement par rapport à l'ordre moral représenté par le pouvoir gaulliste

Le 31 mai, les partisans du gouvernement sont plus de 5 000 à descendre dans les rues de Poitiers. À la télévision, le préfet de la région Poitou-Charentes s'adresse aux habitants.


Il se félicite du calme qui a prévalu dans la région, "le calme qui est la règle de l'esprit régional". Solide sur ses appuis conservateurs, Poitiers n'a pas vacillé. 

Reportage E. Gérard, S. Bourin, D. Moreno, J Étienne (intervenants : Françoise Poteau ; Jules Aimé, enseignant en histoire ; Daniel Lhomond) 


 

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