Témoignages. "J'ai vécu l'enfer de l'alcool, mais aujourd'hui, je peux dire que je suis content de vivre"

Publié le Écrit par Elodie Gérard avec I. Hirsch
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Plus de 700 personnes ont assisté ce week-end au congrès annuel des Alcooliques Anonymes au Palais des Congrès du Futuroscope. Deux malades, aujourd'hui abstinents, nous ont raconté leur combat contre leur addiction.

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Ils ont accepté de se confier, à visage caché. De nous raconter leurs verres de trop. Comment ils ont perdu le contrôle de leur consommation jusqu'à risquer de tout perdre. Comment ils s'en sont sortis avec l'aide des Alcooliques Anonymes. Et combien ils en sont fiers.

Nous les appellerons donc Gladys et Julien, deux prénoms d'emprunt. Ces grands timides ont en commun une chose : ils ont commencé à boire pour se sentir "plus à l'aise" en société. "C'est arrivé progressivement, raconte Julien, je buvais dans des soirées avec les autres, l'alcool me désinhibait, ça me mettait à l'aise, j'allais vers les autres, c'était génial."

J'avais découvert un produit qui m'enlevait mes peurs et mon mal-être.

Julien, alcoolique abstinent

Julien a alors 18 ans, et très vite, il ajoute la drogue à l'alcool. Tout bascule. "Je prenais de tout. Ma consommation excessive calmait tout ce qui me traversait."

"Tu bois trop" 

Cette sensation de "mieux vivre, de mieux-être, de mieux gérer (ses) émotions en public", c'est aussi pour cela que Gladys a commencé "à s'alcooliser tranquillement" dans des bars de Niort. Ça, et des parents alcooliques. Comme le père de sa fille d'ailleurs. "Un jour, ma sœur, qui est infirmière, me dit : je crois que tu bois trop. Alors j'ai arrêté, toute seule."

Gladys tient quatre ans. Elle rencontre le père de son fils, se marie et replonge. De plus belle, pendant onze années. "J'étais souvent malade et quand on recevait du monde à la maison, mon mari me trouvait des excuses. Il disait que j'avais une gastro" se souvient-elle. "Qu'est-ce que j'ai eu comme gastros...".  

À l'époque, ni Julien, ni Gladys ne sont prêts à reconnaître qu'ils ont un problème. Qu'ils sont malades. "J'étais dans le déni. Je n'acceptais pas le fait d'être alcoolique, précise Julien. Rien que le fait de dire : je suis impuissant devant l'alcool et j'ai perdu la maîtrise de ma vie, cela m'a pris des années."  

Tout perdre

Pour Gladys aussi, le parcours d'acceptation a été long. Jusqu'à ce jour où sa famille lui pose un ultimatum. "Ils m'ont dit : c'est nous ou l'alcool. Si j'avais continué, j'aurais tout perdu."

Décidée à se soigner, elle se rend alors à sa première réunion d'Alcooliques anonymes où elle se souvient avoir pleuré "pendant une heure et demie". "Au début, j'y allais pour faire plaisir à ma fille et pour sauver mon couple", reconnait-elle, avant de se sentir "de mieux en mieux" au fil des semaines et des réunions. 

"Les AA, c'est une famille" analyse Julien, ils nous donnent des outils pour avoir un autre regard sur la vie. Ils nous soutiennent." Plusieurs fois, il avait tenté de se sevrer seul, "mais à chaque fois la maladie a refait surface en progressant".

Miraculeux

Le quinquagénaire entre dans sa 7e année d'abstinence. La 16e pour Gladys. Grand-mère épanouie, elle affirme aujourd'hui se sentir "mieux". "Des fois, ma timidité ressurgit, mais j'arrive à mieux la maîtriser. Je suis même capable de m'exprimer en public."

J'ai accepté ma maladie et je fais tout pour que mes enfants me pardonnent. On ma raconté que ma fille m'avait couchée plusieurs fois, je ne m'en souviens plus..."

Gladys, alcoolique abstinente

La honte d'autrefois a laissé la place à la fierté d'avoir remonté une pente qui aurait pu les emporter. Gladys ne manque jamais une occasion de passer du temps avec ses enfants et ses petits-enfants.  Julien a repris ses études. Il a fait une formation et travaille dans le social. Un scénario qu'il pensait impossible. "Aujourd'hui, je peux dire que je suis content de vivre, j'ai une joie de vivre qui me porte, c'était inespéré" s'enthousiasme-t-il. "J'ai cru ne jamais m'en sortir, mais quand je regarde mon parcours, c'est miraculeux". 

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