La famille socialiste se réunit trois jours à Poitiers de vendredi à dimanche, un rendez-vous destiné à mettre en ordre de marche le parti pour 2017, après avoir largement évacué au préalable, lors des votes des militants, les sujets de frictions. Ce congrès s'annonce sans suspense.
Peu de surprise à attendre de cette rencontre pendant trois jours à Poitiers, les jeux étant déjà faits: Jean-Christophe Cambadélis a été élu premier secrétaire du parti jeudi dernier avec environ 70% des voix des militants, face à Christian Paul, qui défendait la motion des "frondeurs" et de l'aile gauche.
Ce sera "un grand show où tout est déjà réglé", estime le chercheur Gaël Brustier (Université libre de Bruxelles), proche du PS, selon lequel "les congrès du PS ressemblent de plus en plus à ce qu'étaient les assises du RPR du temps de Jacques Chirac"."Il n'y aura pas d'enjeux, ce sera deux jours et demi de défilé de gravures", raillait en privé un député de la motion "Cambadélis".
Martine Aubry, Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls présents
Il n'empêche que l'ensemble du gouvernement est attendu, exceptés Ségolène Royal, en déplacement, ou Emmanuel Macron, qui n'a pas sa carte au parti. Le Premier ministre, qui a signé la motion de M. Cambadélis ( majoritaire à 60%), viendra prononcer un discours samedi midi. Martine Aubry, Jean-Marc Ayrault seront aussi présents. L'ancienne première secrétaire du PS et l'ancien Premier ministre devraient intervenir samedi dans la foulée du discours de Manuel Valls.Le Parti Socialiste a voulu placer la première journée, vendredi, sous le signe de l'Europe avec le débat et l'adoption d'une "feuille de route" en vue du Congrès du Parti socialiste européen qui se tient à Budapest la semaine suivante, les 12 et 13 juin.
Le dimanche pour la clôture des débats, le premier secrétaire - qui "en a gardé sous le coude" dans sa riposte à Nicolas Sarkozy, dit-on à Solférino, après les attaques de l'ex-président lors du congrès de sa formation "Les Républicains" dimanche dernier - devrait "avoir des réponses fortes" à son égard. "Il va y avoir un congrès qui répond à un autre", souligne un connaisseur du parti.
Une synthèse des idées de chaque motion
Peu avant, M. Cambadélis aura proposé une "Adresse au peuple de France", dont la rédaction est en cours et à laquelle participent aussi les responsables des autres motions, notamment celle de M. Paul et celle de Karine Berger (9,5% des voix)."Nous souhaitons mettre, dans cette adresse à destination des Français mais aussi du gouvernement, les quatre ou cinq idées ou propositions communes aux quatre motions" qui étaient en lice pour ce congrès, affirme Christian Paul, énumérant les sujets que sont "la réforme fiscale, le pacte de responsabilité, la dotation aux collectivités locales" notamment.
Dimanche enfin, les délégués éliront une partie du Conseil national, le parlement du Parti Socialiste.
Les régionales et 2017 en ligne de mire
Une fois ce rendez-vous passé, M. Cambadélis a devant lui plusieurs chantiers. Il a d'abord deux rendez-vous importants: les régionales, où le PS cherche à limiter la casse en préservant quelques régions. Puis la présidentielle de 2017, pour laquelle il entend mettre le parti en ordre de marche, avec "rassemblement" des partis de gauche et des citoyens et, pour le PS l'émergence d'une nouvelle génération et de nouvelles idées.Le score qu'il a obtenu a rassuré l'exécutif. "Le navire est stable, stabilisé", confie-t-on dans l'entourage de Manuel Valls
Enfin, derniers rendez-vous post-congrès: le 11 juin aura lieu l'élection des "premiers fédéraux", dans chaque fédération socialiste avec son lot de bisbilles, notamment en Deux-Sèvres pour le Poitou-Charentes.