Deux motions de censure ont été déposées à l’Assemblée nationale à l’encontre du gouvernement, après l’enclenchement du 49.3 par Michel Barnier. Quelle sera la position des six députés du Limousin lors des votes prévus le mercredi 4 décembre 2024 ? Peu de surprises, mais des nuances tout de même.
Ce lundi 2 décembre 2024, le premier ministre, Michel Barnier, a donc engagé la responsabilité de son gouvernement, sur la base de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, sur le projet de loi de finances de Sécurité sociale.
Et dans la foulée, deux motions de censure ont été déposées, l’une par le groupe Nouveau Front Populaire (NFP), l’autre par le Rassemblement National (RN).
Joints directement, ou indirectement ce lundi, les six députés du Limousin nous ont fait savoir quelle serait leur position.
Pas de surprise, ce sera censure pour les membres de l’opposition. Seule l’unique députée de la majorité ne la votera pas. L’examen des motions aura lieu le mercredi 4 décembre 2024.
Ils voteront la censure
François Hollande, député du Parti Socialiste (PS) de la première circonscription de Corrèze, avait annoncé le jeudi 28 novembre sur France Inter qu’il serait prêt à la voter. Un choix confirmé par son attaché parlementaire, Thomas Jacquelin, ce lundi, avant l’annonce de Michel Barnier. L’ancien président, en visite dans les Hautes-Alpes, a légèrement nuancé au micro de nos confrères locaux de France 3 : "Je vais sans doute la voter."
Stéphane Delautrette, député également PS de la deuxième circonscription de Haute-Vienne, était lui plus certain, même si, avant l’heure fatidique de la séance à l’Assemblée nationale, il voyait encore une possibilité pour le premier ministre "de répondre favorablement à nos attentes."
Damien Maudet et Manon Meunier, respectivement élus de la première et troisième circonscription de Haute-Vienne, sous la bannière La France Insoumise (LFI), voteront également cette censure, sans états d’âme. Pour le premier, "s’il y a 49.3, je vote la censure. Ce texte est une infamie, notamment pour nos hôpitaux qui se voient encore sous-financés, alors que la Haute Autorité explique que des gens décèdent faute de prise en charge, faute de personnel."
Enfin, en Creuse, Bartholomé Lenoir, député de l’Union des Droites pour la République (UDR), le parti d’Éric Ciotti, la votera également. Il avait fait savoir, dans un premier temps, qu’il attendait la position officielle de son groupe pour s’exprimer, mais la motion de censure du RN a été déposée conjointement avec celui-ci. Il n’y aura donc pas de surprise.
Elle ne votera pas la censure
Seule Frédérique Meunier, députée Les Républicains de la deuxième circonscription de la Corrèze, ne votera pas la censure. "C’est une grave faute politique dans le contexte actuel", nous a-t-elle déclarés.
Dans les faits, elle ne participera aux votes, puisque seuls sont recensés les votes contre, et non les abstentions ou les non-votants. Et, selon l’usage, seuls ceux qui sont pour se déplacent lors du scrutin.
Mais quelle censure ?
On l’a dit, deux motions ont été déposées, et par le NFP, et par les RN-UDR.
Pour la LR Frédérique Meunier, pas d’hésitation, elle ne votera ni pour l’une ni pour l’autre, son opposition à la censure est totale, d'où qu'elle émane.
Chez les pro-censure, la situation est plus complexe.
Si Marine Le Pen, au sortir de l’hémicycle lundi, a indiqué que son groupe voterait les deux, et la sienne propre, et celle de la gauche, quelle sera la position de l’UDR ? Et donc celle de Bartholomé Lenoir ?
A priori, il souhaite la censure, donc pourrait voter les deux. Mais interrogé lundi, avant le dépôt des motions, il n’avait pas répondu à la question.
À gauche, les réponses, toujours avant dépôt et même, avant déclenchement du 49.3, étaient évasives.
Stéphane Delautrette rappelait que la motion de censure était accompagnée d’un texte explicatif, et que celui-ci, forcément, reprendrait les convictions de son camp (au final, le texte de la motion NFP fustige même le RN). Et qu’outre la censure, c’était aussi pour ce texte qu’il voterait. Et donc qu’il ne se voyait pas voter pour la motion du RN, avec un texte diamétralement opposé.
Tout cela, en soulignant que ni lui, ni le PS n’avaient jamais voté "quoi que ce soit qui émane du RN."
Même son de cloche du côté de LFI et de Damien Maudet qui, une fois encore avant le débat de lundi, pensait que "le RN ne déposerait sans doute pas de motion, et qu’il n’était pas sûr qu’il vote celle du NFP. "
Donc il n’y aura sans doute pas de réciprocité dans les votes, du moins, de la gauche vers la droite.
Pour rappel, si les motions feront l’objet d’un débat commun, les votes, eux, seront séparés.
On a appris dès lundi soir que c’est la motion du NFP qui sera débattue en premier, puisque déposée comme tel. Et si le RN ne se ravise pas et la vote, malgré l’absence de réciprocité, le gouvernement pourrait bien tomber.
Réponse a priori mercredi 4 décembre 2024, en fin d’après-midi.