Victime d'une agression sexuelle à 13 ans, elle témoigne : "Quand on est enfant, on ne sait pas comment en parler"

Margot était adolescente lorsqu'elle a subi des attouchements de la part d'un membre de sa famille. Un secret qu'elle a mis des années à révéler. Aujourd'hui, elle exhorte les victimes comme elle à ne pas se taire.

C'est une jeune femme de 20 ans aujourd'hui, souriante et coquette, visiblement bien dans ses baskets. Margot le dit sans détour : "Ce qui m'est arrivé a fait de moi la femme forte que je suis.

Ce qui lui est arrivé, c'est une agression sexuelle, un jour de juin 2011 à Iteuil (Vienne). Elle avait 13 ans à l'époque. Un oncle de la famille lui a fait subir "des choses graves", des attouchements sur lesquels elle ne souhaite pas s'étendre.  

"La sexualité, ce n'est pas comme ça que ça doit se passer", elle le sait aujourd'hui.

Un secret enfoui

L'homme a été jugé cette semaine par la cour d'assises de la Vienne, et reconnu coupable. Il a été condamné à sept années de réclusion criminelle pour viols et agressions sexuelles.Quatre autres plaignantes étaient également parties civiles, deux sont ses cousines ; Margot n'était donc pas la seule victime dans cette affaire, mais c'est elle qui a tout révélé. Cela n'a pas été facile car "quand on est très jeune, on n'a pas forcément conscience de la gravité de ces choses".

Et puis, les gens ont plus tendance à croire un adulte qu'un enfant, donc on le garde pour soi.

Longtemps donc, elle a gardé son secret enfoui en elle,  "deux années" précise-t-elle. Pour extérioriser son histoire, elle se faisait du mal. "Je me scarifiais, c'était le seul moyen que j'avais trouvé pour montrer aux gens qu'il se passait quelque chose." Cela l'a probablement sauvée. 

L'intervention d'un pompier

Car Margot veut devenir pompier volontaire ; "là-bas, on n'a droit qu'au short et au t-shirt, je ne pouvais plus me cacher, donc forcément ça s'est vu."

Les cicatrices sur ses jambes et sur ses bras intriguent un formateur au sein de la caserne. "Il a compris qu'il y avait un souci"

Il m'a dit : il faut que tu en parles et que tu sortes de ça, si tu veux construire ta vie.

Cela a été le déclic pour Margot qui se rend chez les gendarmes, et raconte. À son avocate, au juge d'instruction, elle raconte encore. Et plus elle raconte, mieux elle se sent.

Ni honte, ni peur

Désormais, c'est à tout le monde qu'elle veut dire que "ce n'est pas une honte, qu'il en faut en parler, surtout ne pas le cacher, ni avoir peur."

Grâce à son témoignage, Margot espère convaincre les victimes de violences sexuelles d'oser raconter, voire porter plainte, comme elle a convaincu ses cousines.

J'ai fait le premier pas parce qu'on m'y a aidée, et si je les ai aidées à se libérer de ce poids-là, j'en suis contente.

La jeune femme le reconnaît, elle a eu "de la chance" que quelqu'un lui tende la main. "Parler à sa famille ou à son entourage, c'est parfois compliqué. Mais il y a aussi des numéros faits pour ça." (lire notre encadré)

Une parole peut délivrer et aider à se libérer de ce poids-là.

Désormais apaisée, Margot qui travaille en saison dans un parc touristique est toujours volontaire chez les pompiers dès que son emploi du temps le lui permet. "Saine dans ma tête, saine dans mon corps, je peux maintenant me consacrer aux autres" formule-t-elle avec assurance.




 
Le 116 006, nouveau numéro d'aide aux victimes
Le ministère de la Justice et l'association France victimes ont lancé ce mardi un nouveau numéro d'aide : le 116 006.
Il doit accueillir et accompagner les victimes de tous types d'infractions (vols, agressions, attentats, etc.), d'accidents de la route ou de catastrophes naturelles. 
Ce numéro gratuit remplace le 08VICTIMES. 

Le 39 19 est toujours en service ; il est lui spécifiquement dédié aux victimes de violences (lire ici)
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