Violences faites aux femmes : secouée par plusieurs homicides, Niort veut enrayer le fléau

Après l'annonce par la ministre Marlène Schiappa, lundi 1er octobre, d'une série de mesures pour lutter contre les violences conjugales, une table ronde était organisée à Niort. La ville, récemment secouée par plusieurs homicides, veut lutter contre les violences faites aux femmes.
 

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Tous les 3 jours, en France, une femme meurt, victime de violences familiales. Plusieurs homicides ont récemment marqué la ville de Niort. En juin dernier, Marie, une mère de famille, était retrouvée morte à son domicile, tuée de sept coups de couteaux. C'est l'un des deux meurtres et l'une des quatre tentatives d'homicide de ce genre recensés depuis le début de l'année 2018 dans l'agglomération.
Le phénomène est pris très au sérieux. A l'hôpital, par exemple, au centre Femme, mère, enfant, le personnel médical est formé pour détecter d'éventuelles victimes parmi les futures mamans.

"'Avez-vous ou êtes-vous victimes de violences ?' fait partie des questions que l'on pose de manière systématique à toutes les femmes qui arrivent", explique Isabelle Jean, sage-femme coordinatrice du pôle Femme - mère - enfant du centre hospitalier de Niort. "Oui, il y a des réponses. La grossesse est un moment où les femmes peuvent déposer des choses."

Dans 40% des cas, les violences conjugales démarrent lors d'une première grossesse (M. Salmona, psychiatre)

Poser les bonnes questions, au bon moment est un moyen de libérer la parole, selon la psychiatre Muriel Salmona, présidente de l'association Mémoire traumatique et victimologie. 

"Dans 40% des cas, les violences conjugales démarrent lors d'une première grossesse", expliquait, mardi Mme Salmona.

Amnésie des victimes
Certaines victimes oublient les coups dont elles sont victimes.

"Elles ont une amnésie de la plupart des violences qu'elles ont subies", analyse-t-elle. "Il faut dépister, aller vers elles. Ils ne faut pas attendre que les victimes viennent vers les professionnels. Il faut que les professionnels viennent à elles. Les médecins sont le premier recours et les forces de police, le second, pour les victimes."

S'il n'est pas toujours facile de parler des violences au sein du couple avec un médecin ou un enquêteur, un numéro vert existe, Violence femme info, le 3919.

Plan gouvernemental
Marlène Schiappa, la secrétaire d'Etat en charge de l'Égalité femmes-hommes, a détaillé, lundi, plusieurs mesures "pour lutter contre les violences conjugales".

"Mon but, c'est que les femmes partent avant qu'il soit trop tard", a-t-elle déclaré chez nos confrères de RTL, revenant sur le "continuum des violences" subies par les femmes pouvant conduire jusqu'au "féminicide, c'est-à-dire le fait de tuer une femme parce qu'elle est une femme".

En 2016, 123 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-compagnon. 

Quand vous êtes témoin d'un cambriolage, vous dénoncez, vous témoignez. Quand vous êtes témoin de violences conjugales, vous devez les dénoncer (M. Schiappa, ministre)

Parmi les cinq mesures du plan gouvernemental, Marlène Schiappa a évoqué la campagne de télévision lancée dimanche en direction des témoins de violences sexistes et sexuelles, et financée à hauteur de 4 millions d'euros.
"Quand vous êtes témoin d'un cambriolage, vous dénoncez, vous témoignez. Quand vous êtes témoin de violences conjugales, vous devez les dénoncer", a-t-elle ajouté, appelant à une "société de la vigilance".

Plateforme de signalement en ligne des violences sexistes et sexuelles pour "faciliter les plaintes", outil de géolocalisation des places d'hébergement d'urgence, et premiers "contrats locaux contre les violences" (partage territorial d'informations entre professionnels et associations) seront également proposés dans les prochaines semaines.La pétition de Muriel Robin
Autre initiative contre les violences faites aux femmes, celle de la comédienne Muriel Robin : elle a initié la semaine dernière une pétition et une tribune pour que les victimes de violences conjugales "ne meurent plus dans l'indifférence totale" et appelé à un rassemblement samedi prochain à Paris (Voir encadré, ci-dessous).
 
Poitiers : un rassemblement prévu samedi 6 octobre
A l'appel d'un collectif d’associations de la Vienne (CIDFF, Union européenne féminine, planning familial...), un rassemblement pour alerter contre les violences faites aux femmes est prévu samedi 6 octobre à Poitiers.

Le rendez-vous est prévu à 14h devant le palais de justice de Poitiers.

A Paris, samedi dernier, déjà

Samedi 29 septembre, à Paris, un premier "die-in" s'est tenu contre les violences sexuelles, avant celui de samedi, également prévu samedi à Paris devant le palais de justice.

Une trentaine de femmes ont manifesté, s'allongeant sur le sol pour symboliser les victimes, en prélude à une marche prévue le 24 novembre à l'appel du mouvement #NousToutes.

"Mon corps, mon choix", "Non, c'est non", "Après #MeToo, devenons #NousToutes", proclamaient les pancartes tenues par les manifestantes, allongées place de la République.

Le collectif rassemble "des associations, des militantes féministes et des personnes de la société civile", a expliqué Mélanie, l'une des bénévoles. Le mouvement revendique "4.000 volontaires recensés" et "12.000" followers sur le réseau social Facebook, a-t-elle ajouté.

L'objectif est de "sensibiliser aux violences" faites aux femmes, "de les dénoncer" et de "faire baisser le seuil de tolérance", a poursuivi la jeune femme.

Le mouvement espère rassembler des dizaines de milliers de personnes pour une marche programmée à Paris le 24 novembre, avec des événements similaires en région, pour celles qui ne pourront pas se joindre au défilé parisien. Avec l'ambition de réussir à mettre un terme aux violences sexistes et sexuelles, en passant de la "prise de conscience aux actes". 

Après un quart d'heure allongées, les manifestantes se sont relevées en criant : "nous ne voulons plus mourir", laissant derrière elles les traces de leurs silhouettes dessinées sur le sol à la peinture blanche, avant d'aller répéter l'opération deux pas plus loin. 

"Un féminicide tous les trois jours. Stop", rappelait un de leurs panneaux.
(Avec AFP)
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