Un an et demi après les émeutes qui ont secoué la France après la mort de Nahel, six hommes étaient jugés, ce 19 décembre 2024, au tribunal correctionnel d'Albi dans le département du Tarn. Des peines de prison ont été requises.
Fin juin 2023, après la mort de Nahel, tué par un policier en région parisienne, des violences urbaines éclatent partout en France. C'est le cas à Albi où des bâtiments publics sont attaqués par une cinquantaine d'individus cagoulés dans le quartier Cantepau. Ce jeudi 19 décembre 2024, six émeutiers présumés étaient jugés lors d'une audience au tribunal correctionnel.
"Je ne voudrais pas que mon client soit mal jugé"
Ils sont âgés de 18 à 31 ans. Six hommes jugés pour avoir participé à des émeutes dans un quartier populaire d'Albi à la fin juin 2023. Certains se définissent comme impulsifs, influençables ou encore toxicomanes. La plupart nient ou minimisent leur implication. L'un des prévenus, défendu par Me Alexandre Martin, affirme ne pas avoir été sur les lieux des faits.
"L'accusation semble viser des vidéos sur lesquelles des policiers disent le reconnaître. J'ai demandé à ce que l'on visionne ces vidéos. On va bien voir qu'il n'est absolument pas reconnaissable, voilà", arguait l'avocat. "Ce que je crains dans ce dossier, c'est un jugement qui incriminerait un peu tous les jeunes du quartier, ceux qui ont été arrêtés, en se départissant complètement des règles de la preuve."
Pour Me Alexandre Martin, il ne faudrait pas que son client soit "mal jugé, a contrario du policier qui a tué Nahel." Tout part de là, tient à rappeler l'avocat de la défense. "Ce sont des jeunes qui ont réagi à quelque chose qui a choqué la France entière, c'est la manière dont ce jeune Nahel a été tué. Je voudrais que l'on respecte la justice tant pour le policier qui a tué Nahel que pour les jeunes que l'on doit juger aujourd'hui", déclarait Me Alexandre Martin à notre équipe de journalistes, présente à l'audience ce jeudi 19 décembre 2024.
2,6 millions d'euros de dégâts
Dans la nuit du 29 au 30 juin 2023, des émeutiers pénètrent dans les bâtiments de l’ARS, de Tarn Habitat et la maison France Service. À l'intérieur, tout est saccagé. Des véhicules de service sont brûlés. Les dégradations sont multiples et le préjudice estimé à 2,6 millions d’euros.
Pour la ville d'Albi ou encore le bailleur social Tarn Habitat, c'est la reconnaissance du préjudice matériel, mais aussi moral qui est attendu lors de ce procès. Me Chelsea Calvo, qui défend les intérêts de la commune dans ce dossier, évoque 58.000 euros de préjudice. "C'est de l'argent des contribuables dont on parle ici. Les communes ne peuvent pas se permettre de perdre une telle somme. Cela a fait que la commune n'a pas pu ouvrir cette maison France Service pendant plus de deux mois. Pour les administrés, c'est aussi un préjudice qui était important", souligne l'avocate.
Même son de cloche du côté de Tarn Habitat. Le bailleur social a dû procéder à des réparations dans ses locaux pour un montant d'un peu plus de 40.000 euros. Là encore, le service n'a pas été ouvert durant plusieurs semaines. Et les équipes, présentes au quotidien dans ce quartier, ont été meurtries par le saccage.
Les parties civiles attendaient un dédommagement du préjudice subi. Le parquet a requis entre trois et quatre ans de prison à l'encontre des six prévenus.