À Bonneuil-Matours, dans la Vienne, l'entreprise So Ethic, filiale de Veolia, produit des pots de fleurs biodégradables à base de déchets verts et de matières organiques. Le concept, unique au monde, séduit les collectivités et même la grande distribution, avec l'ambition de limiter l'usage du plastique dans les sols.
À première vue, le concept semble plutôt simple : "le pot va dans le sol avec la plante, et le pot va se biodégrader totalement," explique Tobias Pierrepoint, le directeur de l’entreprise So Ethic, filiale de Veolia. "Les racines seront libérées, et la terre sera améliorée."
Ce pot de fleurs, fabriqué à Bonneuil-Matours est un exemple d’économie circulaire, car il est majoritairement fabriqué à partir de compost : à peu près 70 % de sa composition provient de déchets verts, en grande partie locaux et régionaux. Pour les autres 30 %, l’entreprise utilise de la fibre de bois, de la biorésine organique et de l’engrais naturel. Cette usine est la seule au monde à exploiter cette formule.
Un cycle vertueux
En plus d’exploiter des déchets, l’entreprise compte apporter aux végétaux de meilleures conditions pour se développer : "grâce à la composition des pots justement, on apporte à la plante des nutriments qui lui permettent de se développer aussi bien en termes de racines, que de tiges," affirme Christophe Boutin, responsable du site.
Et ces petits pots végétaux constituent évidemment une bonne alternative au plastique : "un déchet vert qui devient du compost qui devient un pot qui donne une plante, on voit bien un cycle d’économie circulaire," se réjouit Tobias Pierrepoint.
Un geste pour la planète qui a un coût
Quand l’écologie rencontre l’économie, cela donne un écart de prix de 40 centimes d’euro à l’unité. La différence se remarque aussi en analysant le cycle de vie de ces pots biodégradables, qui, par définition, ne servent qu’une fois : on est peut-être huit fois, neuf fois plus chers qu’un pot en plastique", détaille Tobias Pierrepoint. "Mais il faut savoir ce qu’on veut, pensez qu’on génère cinq fois moins de CO2 avec un pot So Ethic qu’avec un pot en polypropylène !"
C’est donc une question de prise de conscience et d’engagement. Des collectivités, des horticulteurs et certaines enseignes de la grande distribution ont déjà recours à ces pots de fleurs. Depuis l’année dernière, la Mairie de Poitiers les utilise pour ses serres horticoles. Les particuliers peuvent également s’y mettre, en les commandant en ligne pour cultiver des plantes, des aromates, ou encore des fleurs. À l’approche de la période des semis, l’entreprise picto-charentaise est prête à répondre à la demande, mais Tobias Pierrepoint veut aller plus loin : "Avec une unité de machine actuelle, on peut faire trois à quatre millions de pots. L'usine, c'est-à-dire les murs, l'infrastructure, est paramétrée pour recevoir encore plus de machines."
À terme, l'entreprise aimerait produire jusqu'à 30 millions de pots sur ce site, de quoi limiter, encore un peu plus, la place du plastique au jardin.