Les distributions alimentaires pour les étudiants se multiplient ces dernières années, avec toujours plus de demandeurs. Selon une enquête de l’association étudiante Cop1-Solidarités, 56 % des étudiants déclarent ne pas pouvoir manger à leur faim. Poitiers, ville qui compte près de 27 000 étudiants, est loin d'être épargnée par cette triste réalité.
Sur le campus de Poitiers, c'est devenu habituel. Six fois par semaine, depuis un an, des distributions alimentaires ont lieu pour les étudiants. Parmi les bénéficiaires réguliers, Lynn Breidenstein, étudiante en Master 2 Livres et Médiation.
"Avec l'inflation, j'ai dû réduire les quantités, donc je suis fatiguée parce que je ne mange pas assez", confie-t-elle.
"Certains attendent une heure pour un morceau de pain"
Ce jour-là, elle se rend à une distribution organisée par l'association, HelpYoung86. Pour celle-ci, de grande envergure, 20 000 produits ont été collectés grâce à des campagnes de dons en grandes surfaces. Nourriture, produits d’hygiène ou encore fournitures scolaires : tout est gratuit. Pendant trois heures, la file d’attente ne désemplira pas.
Il y a des étudiants qui sont capables d’attendre une heure, un morceau de pain. Les prix augmentent, mais les bourses, les aides n’augmentent pas malheureusement.
Antoine LelièvrePrésident de l'association "HelpYoung86"
Selon une enquête de l’association étudiante Cop1-Solidarités, 56 % des étudiants déclarent ne pas pouvoir manger à leur faim. Une réalité évidente aussi à Poitiers,"c'est indéniable, à Poitiers aussi la population étudiante est touchée par l’inflation. L’augmentation des prix a nécessité pour beaucoup de faire des arbitrages de choix de produits", exprime Claire Maumont, responsable des actions sociales au Crous de Poitiers.
Des aides insuffisantes
Pourtant, selon elle, les aides sont en passe d'être augmentée pour tenter de réduire cette précarité étudiante. "Ça vient d’être acté par le gouvernement, il va y avoir, à la rentrée prochaine, une augmentation des droits aux bourses, et aussi de l’échelon de bourse. Le montant des bourses va être revalorisé. Le premier échelon, par exemple, va passer de 108 euros à 140 euros par mois", ajoute Claire Maumont.
Des aides qui restent trop tardives et insuffisantes pour ces étudiants précaires. Lynn déplore, une situation qui perdure depuis trop longtemps. "Certains jours, je mettais du pain dans l’eau avec un cube et c’était mon repas du soir. C'est derrière moi maintenant, mais je ne souhaite cela à personne. J’ai 27 ans, je vois que la situation n'a pas changé depuis neuf ans dans le supérieur. Normalement, en neuf ans, on a le temps de faire évoluer les choses".
En février dernier, l'Assemblée nationale a notamment rejeté la proposition de loi pour assurer le repas à 1 euro pour tous les étudiants. Si aujourd'hui certains dispositifs d'aides évoluent, ils restent souvent réservés aux étudiants boursiers. Pour ceux qui seraient en dehors des "cases", l'accès à ces aides reste bien très compliqué.