Alors que le réseau des communes de l'agglomération de Poitiers éligibles au service s'étend et va s'agrandir encore à la rentrée, le prestataire Pony développe des technologies pour limiter les abus et améliorer la sécurité.
630 000 kilomètres parcourus, plus de 250 000 trajets et 22 000 utilisateurs uniques. C'est le bilan dressé par Pony après dix mois d'utilisation sur la seule ville de Poitiers.
Un réseau en cours d'accélération
À la faveur des grandes vacances, le trafic se fait moins dense, la société et l'agglomération en profitent pour élargir le périmètre.
Six communes de l'agglomération rejoignent le dispositif de manière définitive : Biard, Vouneuil-sous-Biard, Chasseneuil-du-Poitou (dont la Technopole du Futuroscope), Fontaine-le-Comte, Mignaloux-Beauvoir et Saint-Benoît.
Deux autres, Beaumont Saint-Cyr et Dissay, ne sont raccordées que pour l'été. À la rentrée, Buxerolles et Migné-Auxances devraient les remplacer de manière plus durable.
Outil d'indépendance
Avec une moyenne hebdomadaire de 10 000 trajets, les trottinettes et vélos en libre-service de Poitiers semblent avoir atteint leur vitesse de croisière. Les jeunes notamment apprécient cette mobilité comme une première étape vers l'indépendance.
Pour aller partout, d’habitude j’appelais ma mère :"Tu peux me déposer, ci, ça ?" Maintenant, je prends tout le temps la Pony !
SolèneUsagère régulière
Léo Dejean cumule à lui tout seul plus de 1 580 kilomètres... Il profite quotidiennement de cette alternative aux bus, plus souple et plus directe, content de ne plus avoir le moteur qui se coupe aux frontières de Poitiers. Il observe aussi les limites du système.
Autant en centre-ville, des trottinettes, on en trouve pas mal. Autant à Chasseneuil, il n’y en a pas beaucoup, deux ou trois, donc on peut vite se retrouver à repartir en bus.
Léo DejeanUsager régulier
La délicate question du stationnement
Évaluer les besoins et rapatrier les engins du centre-ville vers les zones qui en manquent, c'est justement la mission de Vincent Gastelier. Grâce aux outils de contrôle du système, il a une vision permanente des "stocks", leur localisation, leur niveau de batterie.
L'agrandissement du périmètre va forcément engendrer des changements dans la charge de travail.
Aujourd’hui, on est à 450 trottinettes, 450 vélos, et on augmentera progressivement jusqu’à 950 trottinettes, 950 vélos !
Anna PorcherChargée des relations publiques Pony
À Poitiers, une dizaine de salariés se relaie pour couvrir une large plage horaire : une équipe démarre à cinq heures du matin, une autre en début d'après-midi pour aller jusqu'à 22 heures. L'effectif devrait être renforcé... car qui dit plus d'engins, dit plus de casse et plus de stationnement à réguler.
Parfois, sont encore observés des engins abandonnés sur la voie publique. Aux dires des élus, le problème serait à présent très marginal, grâce à un système de verbalisation automatisé.
Comme toute location nécessite un paiement, votre carte bancaire est "reliée" au dernier Pony utilisé. Au bout de dix minutes d'immobilité (facturées), si le GPS vous détecte en dehors des lieux dédiés, dix euros par infraction vous sont ponctionnés. Au bout de la cinquième, vous êtes contacté par le service client, et au bout de la dixième, c'est l'exclusion.
Garde-fous technologiques
Pour ce qui est de la sécurité routière, elle est aussi "télé surveillée". Les trajets des abonnés débutants sont d'office limités à 15 km / heure, les rues piétonnes du centre-ville à 10.
Pony a mis en place un système incitatif. Si on se prend en photo avec un casque sur l’application, on peut avoir un rabais de 20 % sur la course. On est sur l’incitation et pas la contrainte, comme le code de la route ne prévoit pas d’obligation pour le casque.
Frankie AngebaultVice-président grand Poitiers en charge des mobilités
Autre piste d'amélioration de la sécurité, et non des moindres : le nombre d'utilisateurs en simultané. Le prestataire teste en ce moment un système pour détecter les points d'appui sur la trottinette et la limiter au seul et unique pilote. Mise en service espérée pour début 2024.
Les services d'urgences de la ville déplorent régulièrement des accidents impliquant des passagers de trottinette. Pratique qui la rend moins maniable, et moins maîtrisable.
Pour mémoire, sur ce point, le code de la route interdit l'usage à plusieurs, vous encourez une amende de 35 €. Le même montant que pour stationnement gênant.