En tout, 900 vélos et trottinettes ont commencé à être déployés dans Poitiers. L’entreprise Pony, désignée comme unique opérateur par la communauté urbaine, défend un modèle à l’exact opposé des grands groupes menacés d’interdiction à Paris.
La peinture est encore fraiche et voilà déjà les premiers vélos rangés l’un à côté de l’autre. Ces long tails à assistance électrique peuvent accueillir un conducteur et son passager. En tout, 450 deux-roues vont être mis à disposition des Poitevins. "Ce sont des vélos qui valent entre 4.000 et 5.000 euros dans le commerce", explique Paul-Adrien Cormerais, le PDG de la start-up. "L’idée, c’est de lancer la machine et de permettre aux gens de se lancer dans la transition."
Les rues très pentues de la ville peuvent dissuader certains de monter à bicyclette mais, avec ces vélos électriques, "on vient apporter une nouvelle offre de transport", se félicite le chef d’entreprise.
En plus de ces long tails, les Poitevins pourront louer des trottinettes électriques. Comptez un euro pour le déverrouillage puis entre 15 et 22 centimes la minute, des tarifs réduits étant notamment appliqués aux étudiants.
Des vélos et trottinettes également disponibles à l’achat
L’entreprise Pony a commencé à faire parler d’elle en 2019, quand elle lève 2,2 millions d’euros auprès de deux fonds d’investissement et reçoit le soutien du géant de la téléphonie Xavier Niel. Après s’être implantée à Angers, là où elle a été fondée, la start-up se déploie à Oxford, au Royaume-Uni, et Bordeaux.
Désormais présente dans 11 villes européennes, Pony continue de mettre en avant un modèle économique supposé "créer une communauté" autour des nouvelles formes de mobilité. Le principe, surnommé "Adopte un Pony", consiste à permettre aux usagers de faire l’acquisition d’un vélo ou d’une trottinette électrique et de la laisser en libre-service : 50% des revenus générés par les trajets sont reversés au propriétaire, le reste revenant à Pony. Les trottinettes sont proposées à 1.090 euros et les vélos à 1.800 euros.
"L’idée, c’est de responsabiliser les usagers, explique Paul-Adrien Cormerais. Vous n’empruntez pas un vélo d’une multinationale mais celui d’un voisin." La start-up espère ainsi éviter les dégradations qui "déciment les flottes" de ses concurrents.
"Faire l'inverse" de Paris
Le déploiement de ce service à Poitiers intervient au moment même où la ville de Paris met en menace les opérateurs Lime, Dott et Tier de bannir les trottinettes en libre-service de la capitale, un mode de transport que l’adjoint en charge des transports David Beillard (EELV) juge "encombrant, très accidentogène et anti-écologique".
"Des grands groupes ont jeté des véhicules en surnombre sans faire aucun effort pour s’assurer d’une bonne intégration dans l’espace public", remarque Paul-Adrien Cormerais.
"L’idée, c’est de faire totalement l’inverse à Poitiers", ajoute-il, avant promet d’agir "en bonne intelligence avec les habitants". L’entreprise met notamment en avant son application qui contraint les utilisateurs à déposer les deux-roues dans un espace dédié à la fin de leur trajet.
Reportage de Lucie Cecconi et Stéphane Bourin
Reportage de Lucie Cecconi et Stéphane Bourin