Une peine de 11 ans de réclusion a été infligée mercredi par les assises de la Vienne, à Poitiers, à un sexagénaire reconnu coupable d'avoir violé une jeune femme en 1998, rattrapé par la justice après la découverte de son ADN sur un emballage de bonbon retrouvé sur les lieux d'un cambriolage.
La peine maximale de 15 ans de réclusion avait été requise mercredi aux assises de la Vienne, à Poitiers, contre un sexagénaire accusé d'avoir violé une jeune femme en 1998, rattrapé par la justice après la découverte de son ADN sur un emballage de bonbon retrouvé sur les lieux d'un cambriolage. Finalement, c'est une peine de 11 ans de réclusion qui a été prononcée.
Sa peine est assortie d'un suivi socio-judiciaire de 5 ans avec plusieurs obligations : l'injonction de soins, la réparation des dommages, l'interdiction de contact avec la victime et sa famille. Il risque quatre ans de prison s'il n'observe pas ces mesures.
L'avocate de l'accusé, Me Mégane Mironneau, s'est dite "satisfaite" d'obtenir une condamnation moins sévère que les réquisitions. L'avocate générale avait réclamé la peine maximale de 15 ans. "C'est une décision qui prend en considération à la fois l'âge de l'accusé et le fait qu'il a été en mesure, au dernier moment, de présenter des regrets qui semblaient sincères", a estimé de son côté l'avocate de la victime, Me Patricia Coutand.
André Basset, 69 ans, a reconnu le viol le 5 octobre 1998 à Saint-Gervais-les-Trois-Clochers (Vienne) d'une jeune femme alors âgée de 21 ans. Mais lors de l'audience, des experts avaient expliqué que l'accusé, un père de famille sans histoire, souffrait alors d'une sorte de trouble obsessif envers un ancien associé qu'il rendait responsable de la faillite de son entreprise.
Je me suis mis dans la tête de le supprimer. J'avais la haine contre lui, c'est venu comme ça, j'étais en dépression...
André Basset
Cet ex-associé vivant le plus souvent en Roumanie, l'accusé avait transféré cette frustration vengeresse en viol, avait affirmé l'expert psychiatre Jean-Louis Senon. Mais l'avocate générale, Carole Wojtas, a dit ne pas croire en "cette transformation de pulsion de meurtre en pulsion de viol". Pour elle, tout avait été préparé pour accomplir le viol de la jeune femme. Et ni l'âge de l'accusé, ni "le temps n'enlève rien à l'acte monstrueux qui a endeuillé la vie de la victime", a-t-elle ajouté. Elle a aussi proposé un suivi socio-judiciaire de 5 ans (avec une peine encourue de trois ans de prison en cas d'inexécution), une injonction de soins, une interdiction de contact avec la victime et l'obligation d'indemnisation.
Me Patricia Coutand, avocate de la victime, a dénoncé "l'empathie des experts pour l'accusé", lui reprochant d'avoir volé à la jeune femme "son insouciance et la vie qu'elle devait avoir."
En 2019, en exploitant les traces ADN prélevées sur les lieux d'un cambriolage, les gendarmes s'étaient aperçus que l'une d'elles, découverte sur un emballage de bonbon, coïncidait avec l'ADN d'un violeur inconnu figurant depuis plus de vingt ans dans la base de données du Fichier national des empreintes génétiques (FNAEG).
Les soupçons des enquêteurs s'étaient alors portés sur le sexagénaire, père de l'exploitant de la menuiserie cambriolée. L'analyse de son ADN l'avait vite confondu et l'homme avait reconnu le viol, commis en pleine nuit, après avoir placé des rondins de bois sur une route pour forcer la jeune conductrice à s'arrêter.