À Lencloître, des analyses, réalisées fin mai, ont révélé dans des forages d'eau une forte teneur en métabolites de chlorothalonil, des résidus d'un fongicide utilisé dans l'agriculture jusqu'en 2020.
À mesure que les semaines passent, les autorités découvrent l'ampleur de la contamination de l'eau potable aux métabolites de chlorothalonil, des résidus d'un fongicide autorisé jusqu'en 2020. Après la fermeture d'un forage à Cuhon, Eaux de Vienne a été contrainte de fermer, à la fin mai, deux nouveaux captages à Lencloître, à une vingtaine de kilomètres de la première zone polluée.
Les teneurs en métabolite de chlorothalonil dans l’eau distribuée (issue d’un mélange d’eau puisée dans plusieurs forages) y ont dépassé, très brièvement, le "seuil sanitaire", fixant la limite au-delà de laquelle l'eau n'est plus considérée potable, à savoir 3 µg/L. En tout, deux des trois forages de Lencloître ont été condamnés en urgence. Le week-end dernier, les communes alentours ont même failli être soumises au plan Orsec, enclenchant la réquisition de moyens exceptionnels (camions-citernes, bouteilles d'eau...) pour garantir l'approvisionnement.
L'un des deux forages de Lencloître va rouvrir
Eaux de Vienne a alors décidé de remplacer le filtre à charbon actif, utilisé pour traiter l'eau puisée à Lencloître. Cette opération, dont le coût s'élève à 50 000 euros, va permettre au service du traitement de l'eau de rouvrir l'un des deux forages fermés la semaine dernière.
"On ne va rouvrir que l'un des deux forages de Lencloître parce que l'autre est particulièrement contaminé, nous explique la régie publique. Le filtre à charbon risquerait de ne pas pouvoir traiter autant de chlorothalonil d'un coup."
D'autant que les données scientifiques manquent s'agissant de l'efficacité d'un traitement au charbon actif de telles teneurs en métabolites. "On sait que c'est efficace sur des résidus de chlorothalonil, mais c'est la première fois qu'on le teste sur des concentrations aussi élevées", précise Eaux de Vienne.
À Cuhon, l’un des trois forages reste fermé pour l’heure, faute d'infrastructures suffisantes pour traiter correctement l'eau avant qu'elle ne soit distribuée.
Le défi de la dépollution
Une vaste étude de la qualité de l'eau du département est attendue pour la fin du mois de juin. Pour l'heure, l'eau distribuée est bien consommable sur l'ensemble du département. Seulement, d'après nos informations, les analyses ont mis en évidence des teneurs en métabolite de chlorothalonil dépassant le "seuil de qualité", fixé à 0,1 µg/L.
Un rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) estime qu'un tiers de l’eau distribuée en France ne respecterait pas cette norme de qualité.
Or, la loi prévoit que le dépassement de ce seuil ne peut durer que trois ans, une période de mise en conformité renouvelable une fois. Au bout de six ans, les fournisseurs d'eau sont contraints de mettre en oeuvre les moyens pour redescendre sous 0,1 µg/L. La dépollution de l'eau potable ne fait donc que commencer.