Après des semaines à manger des sandwiches ou des plats à emporter, au froid ou dans leurs véhicules, les ouvriers du BTP peuvent désormais déjeuner au chaud et assis à une table de restaurant. Les préfectures ont autorisé ces réouvertures qui répondent au besoin de nombreux salariés.
Attention, cette réouverture ne concerne en aucun cas tous les restaurants et tous les salariés. Elle n'est valide que pour les établissements ayant signé une convention avec la CCI (Chambre de Commerce et d'Industrie) et les entreprises du BTP. Ensuite, seuls les ouvriers dépendant de la Fédération du BTP (Bâtiment et Travaux Publics) sont autorisés à venir déjeuner dans ces restaurants dûment répertoriés par les CCI. En janvier, les préfectures ont délivré ces autorisations d'ouverture restreinte suite à la demande de la Fédération du Bâtiment. Dans chaque département, la procédure est la même mais la situation est bien différente puisque tout dépend de la volonté des restaurateurs et des entreprises de se lancer ou pas dans ce dispositif.
Les préfectures ont autorisé les restaurateurs à ouvrir pour les salariés du BTP. Les restaurateurs intéressés doivent appeler la Chambre de Commerce du département pour signer une convention sur le respect des normes sanitaires. Ils s'engagent ensuite à signer un contrat de prestation avec les entreprises du bâtiment qui ont des chantiers à côté de chez eux.
"Manger des sandwiches dans la voiture, ce n'est pas l'idéal."
Dans la Vienne, 33 restaurants ont répondu présents et sont désormais ouverts tous les midis en semaine. La majorité d'entre eux faisaient déjà de la vente à emporter et cette dérogation leur permet de retrouver l'ambiance habituelle -ou presque- de leur restaurant. Les distances entre chaque table ont été augmentées et le nombre de clients, lui, a baissé, comme le chiffre d'affaires. Malgré tout, ces restaurateurs sont conscients de répondre à une vraie demande.
C'est le cas de cette restauratrice à Migne-Auxances, près de Poitiers. Pour réduire ses coûts, elle s'est installée, elle-même, en cuisine et assure aussi le service à table.
Si j'ai fait le choix d'ouvrir, c'est pour travailler, pour faire du chiffre, pour me faire connaître, même si on est sur de la cuisine traditionnelle simple, pour faire vivre le restaurant et aussi pour répondre à un besoin.
Cette ouverture lui a permis de toucher de nouveaux clients qui ont découvert son établissement à cette occasion.
J'ai vu des gens que je n'aurais pas forcément vus en temps normal mais aux alentours, il n'y a rien d'autre d'ouvert.
Côté clients, tout le monde se réjouit de cette opportunité de pouvoir abandonner les sandwiches et de ne plus manger dans le camion ou dans le froid.
Ça fait un bien fou. Le fait de pouvoir s'assoir, d'être au chaud, d'être servi et de retrouver l'ambiance des restaurants qu'on avait perdue depuis un an. Parce que manger des sandwiches dans la voiture, ce n'est pas l'idéal.
Un protocole rigoureux à respecter
Les restaurateurs ne sont pas autorisés à accueillir tous ceux qui seraient susceptibles de pousser leur porte. La liste des convives est fixée par un protocole très rigoureux. Ils doivent signer des protocoles avec les entreprises des clients qu'ils accueillent. Ces documents doivent préciser le nombre de personnes et les jours où leurs salariés seront présents pour déjeuner.
Dans la Vienne, 33 restaurants volontaires se sont fait connaître auprès de la CCI mais d'autres peuvent encore répondre à la demande de la Fédération du BTP. Tout en sachant, que les bénéfices générés par cette ouverture exceptionnelle ne seront pas pris en compte dans le chiffre d'affaires global et n'annule pas le versement des aides de l'Etat pour faire face à la crise sanitaire.
Après les routiers qui ont leur propres structures et désormais les ouvriers du bâtiment, d'autres filières se déclarent intéressées c'est le cas des paysagistes dont les salariés travaillent également à l'extérieur pendant toute la journée. Dans la Vienne, un protocole est en cours d'élaboration.
Plébiscité dans la Vienne, ces ouvertures dérogatoires ne suscitent pas partout le même intérêt. En Charente, aucune entreprise ne l'a adopté privilégiant plutôt une demande d'accès aux restaurants réservés aux routiers. Dans les Deux-Sèvres, 21 établissements ont opté pour ces réouvertures dérogatoires et sept en Charente-Maritime.
Voir ci-dessous pour connaître la liste des restaurants ayant passé une convention avec les CCI dans la Vienne et les Deux-Sèvres.
- Dans les Deux-Sèvres : cliquez ici
- Dans la Vienne :
Liste restaurants conventionnés "Covid" - VIENNE
Reportage de Marine Nadal et Laurent Gautier