Après le décès d'un garçon de 5 ans des suites de la tuberculose en périphérie de Poitiers, de nouveaux dépistages ont été décidés pour des élèves scolarisés dans le Châtellerauldais. Tous ont croisé la route d'une enseignante remplaçante. En question : le suivi médical des enseignants.
À deux semaines de la retraite, il décide de parler. Dominique Allain apprend dans la presse qu'une de ses consœurs pourrait être à l'origine de la contamination mortelle d'un garçon de 5 ans, décédé de la tuberculose en début d’année à Smarves. Pour le professeur des écoles, c'en est trop. Il existe selon lui un véritable manque de suivi médical des professeurs des écoles et cela ne peut plus durer. "Lorsque j’ai débuté, témoigne-t-il, l’inspection académique organisait des rendez-vous réguliers de visite médicale. Au cours de ces rendez-vous, il y avait une radio des poumons. Ca fait plus d'une trentaine d'années que je n'ai pas eue de visite médicale organisée par l’Éducation nationale."
Une situation inquiétante pour ces enseignants qui passent de nombreuses heures auprès des enfants, attentifs à leur bien-être et à leur éducation : "on se met au niveau des enfants pour leur parler, on ne va pas leur parler de notre hauteur, les contacts peuvent être aussi ponctuels. Et le problème de ce suivi qui n’existe plus, c’est qu’on ne sait pas si on est porteur ou pas d’une maladie. C’est une question de santé publique."
Au-delà du drame de Smarves, il y a donc un problème de fond. Pour beaucoup d'enseignants, la seule visite médicale a lieu à l'embauche et puis plus rien. Manque d'intérêt ? Salaire peu attrayant ? Ce qui est sûr, c'est que le Rectorat peine à recruter des médecins de prévention. Selon Matthieu Menaut, professeur des écoles, "actuellement, il y a cinq postes de médecins pour presque 8000 personnels dans l’académie. Et sur ces cinq postes, il n’y en a qu’un qui a priori est encore couvert."
Un chiffre confirmé par le rectorat, qui ajoute qu'un autre praticien est en cours de recrutement. Nous avons retrouvé en ligne un appel à recrutement de trois médecins de prévention dans l’académie de Poitiers, en date du 15 mars 2017. Parmi les missions évoquées dans la fiche de poste : "Définir et évaluer la surveillance médicale des agents, notamment à travers la mise en œuvre de visites médicales (systématiques et/ou à la demande)". Les contrats proposés sont des CDD de trois ans, renouvelables.
Pour l'Agence Régionale de Santé, il n'est cependant pas certain qu'une médecine préventive aurait été efficace pour détecter la tuberculose chez l'institutrice. C’est ce qu’explique le Docteur Stéphane Bouges, représentant de l’ARS. C’est lui qui est intervenu lors de la dernière réunion d’information aux parents d’élèves de Smarves, lundi dernier. "On ne peut pas le savoir avec certitude. Peut-être qu’on l’aurait trouvé, peut-être qu’on ne l’aurait pas trouvé. Dans de rares cas, il peut y avoir effectivement des images pulmonaires évocatrices, plus ou moins évocatrices, parfois on ne voit rien."