"On s'attend à une épidémie" : au CHU de Poitiers, l'augmentation de l'insuffisance cardiaque inquiète

À l'occasion d'une journée de dépistage gratuit de l'insuffisance cardiaque, le CHU de Poitiers a ouvert ses portes. De quoi sensibiliser sur une maladie encore trop méconnue qui cause plus de 70 000 décès par an.

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"Je me voyais partir, mais pas revenir, parce que j'étais en piteux état." En avril dernier, Philippe Marchand, ne croyait pas se remettre de son infarctus. Le retraité a une insuffisance cardiaque. Une maladie mortelle de plus en plus courante qui concerne surtout les personnes âgées, mais pas seulement. Redoutant une épidémie, le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Poitiers met en place une journée de dépistage tous les ans. Mais cette année, le 14 novembre, elle s'inscrit dans le cadre d'une campagne nationale.

2,3 % de la population concernée, 10 % chez les plus de 70 ans

Depuis son infarctus, Philippe Marchand n'est plus le même. "Je ne m'arrêtais pas, je suis quelqu'un toujours branché sur 100 000 volts. On m'avait dit de me calmer et puis bah voilà, il fallait qu'à un moment ou un autre ça lâche", déplore-t-il. À présent, le retraité vit avec un défibrillateur sous-cutané pour "prendre le relais en cas de problème, le temps de l'arrivée des secours" et suit un traitement. Il a également changé son alimentation, arrêté de fumer et fait du sport. "Les médecins ne sont pas des dieux. Soit, on suit ce qu'ils nous disent, soit on sait ce qu'il nous attend, poursuit-il. Le parcours va être long, mais la balle est dans mon camp aujourd'hui."

Une certaine hérédité familiale, une mauvaise hygiène de vie et une absence de suivi médical, Philippe Marchand cumulait les mauvais signaux. Une tendance que souhaite endiguer le CHU de Poitiers, dans le cadre de la journée de dépistage de l'insuffisance cardiaque. Plus que des dépistages gratuits, la journée est surtout faite pour sensibiliser à la maladie. "L'insuffisance cardiaque, c'est un problème moteur, détaille le docteur Benoit Lequeux, cardiologue. La pompe au niveau du cœur ne marche pas pour diverses raisons. Et donc le sang n'arrive pas dans différents organes et on peut faire plein de complications liées à cela."

Les signes d'alertes de l'insuffisance cardiaque sont connus sous l'acronyme Epof : essoufflement, prise de poids, œdèmes et fatigue.

Benoît Lequeux

cardiologue au CHU de Poitiers

L'insuffisance cardiaque serait, chaque année, responsable de plus de 70 000 décès en France et concernerait 2,3 % de la population et plus de 10 % chez les plus de 70 ans, selon les données de Santé publique France. "Cela vient avec l'âge en majorité. L'âge de la population augmente donc, de fait, il y en a de plus en plus. On s'attend à une épidémie, d’où l'intérêt de dépister tôt pour mettre des traitements en place", explique Benoît Lequeux. En quelques minutes, grâce à une petite prise de sang, les patients savent s'ils souffrent ou non d'insuffisance cardiaque.

Un succès pour cette journée où le CHU a reçu beaucoup de monde et près de 28 % de cas positifs. Parmi les personnes diagnostiquées : des gens qui en avaient les symptômes et n'ont pas consulté assez tôt, mais aussi d'autres qui n'en avaient pas. "Ce qu'on essaie de diffuser au grand public, c'est qu'il faut d'aller dépister dès que l'on observe des signes simples : l'essoufflement, la prise de poids, les œdèmes et la fatigue. Ce sont les prémices de l'insuffisance cardiaque. Il faut absolument consulter si ces symptômes apparaissent", insiste le cardiologue, Benoît Lequeux.

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