Samedi 20 novembre les défenseurs des droits des femmes derrière la bannière #NousToutes, se sont mobilisés à Paris et partout en France comme en Aquitaine, pour dire "stop" aux violences sexistes et sexuelles et "exiger des politiques publiques à la hauteur".
A Paris, la manifestation partie de la place de la République vers Nation derrière une banderole #NousToutes proclamant "stop aux violences sexistes et sexuelles", a rassemblé 50.000 personnes selon les organisateurs, 18.000 selonla préfecture de police, soit moitié moins qu'il y a deux ans (100.000 selon les organisateurs, 35.000 selon la police).
Deux ans après le "Grenelle" contre les violences conjugales, "l'impunité doit cesser. L'éducation à l'égalité doit devenir une priorité", martelait l'appel à manifester, porté par le collectif féministe #NousToutes et une soixantaine d'associations, syndicats et partis politiques.
De nombreuses pancartes sur fond violet, la couleur de cette mobilisation, délivraient des messages comme "ras le viol", ou "65% des victimes de féminicides avaient pris contact avec la police".
La manifestation était également l'occasion de dénoncer l'inceste, les violences pédocriminelles ou subies par les enfants dans le cadre conjugal.
En Aquitaine
En Dordogne, un événement atypique a été organisé pour soutenir cette cause. Une cinquantaine de personnes ont participé ce dimanche matin à une marche de 9 kilomètres dans une forêt près de Périgueux par l'association des amis de la Montagne et l'ONG "Soroptimiste".
Samedi 20 novembre, ils étaient près de 200 à défiler dans les rues de Pau. Il faut dire que dans le département, en Béarn comme au Pays basque, le nombre de plaintes pour harcèlement dans le couple ou en famille a augmenté cette année de 9% soit 2380 personnes. Véronique Combalbert, Vice-présidente du centre d'information des droits des femmes et de la famille : "Je ne sais pas si ça change mais la parole se libère autrement (...) certaines choses qu'autrefois on ne disait pas ".
A Bordeaux deux autres rendez-vous sont prévus les 25 et 27 novembre prochains:
-jeudi 25 à 19h une manifestation non mixte place du Parlement
- samedi à 15h30 place de la Victoire
Chaque féminicide est un féminicide de trop
Samedi, la ministre déléguée à l'Égalité femmes-hommes Elisabeth Moreno sur Europe 1, a plaidé:"quand on augmente de 60% le nombre de places d'hébergement, quand on vote quatre lois pour accompagner non seulement les victimes mais aussi leurs enfants, quand on fait en sorte que les auteurs soient pris en charge pour éviter la récidive, ce sont des actes factuels", évoquant également la formation de policiers et gendarmes, la mise en place de bracelets anti-rapprochement et de téléphones grave danger. "Chaque féminicide est un féminicide de trop mais on peut voir que toutes ces actions commencent à porter leurs fruits", a-t-elle affirmé.
Mais pour Sandrine Bouchait, présidente de l'Union nationale des familles de féminicides présente à la manifestation, "il y a eu quasiment 600 femmes assassinées pendant le quinquennat, c'était censé être une grande cause nationale mais les chiffres sont quasiment les mêmes que ceux du quinquennat précédent, c'est une rigolade".
94 000 viols chaque année
En France, quelque 220.000 femmes sont victimes de violences et 94.000 sont violées chaque année, relève #NousToutes. Depuis le 1er janvier, 101 femmes ont été tuées par leur conjoint, selon le décompte du collectif "Féminicides par compagnon ou ex". Pour l'ensemble de l'année 2020, le chiffre avait atteint 102 féminicides
et 146 en 2019, selon le ministère de l'Intérieur.
"Ce n'est plus possible de tolérer cette violence sur la moitié de l'humanité", a déclaré le candidat vert à la présidentielle Yannick Jadot, présent dans le cortège parisien et pour qui "il faut des formations, des moyens pour les hébergements d'urgence".
Les organisations féministes estiment que l'Etat devrait consacrer un milliard d'euros par an à cette lutte, au lieu de 360 millions aujourd'hui. "Nous sommes à quelques centimes près au milliard (d'euros) qu'elles réclament", a assuré Mme Moreno. Elles demandent également des mesures de "prévention", comme apprendre aux plus jeunes ce qu'est le consentement, et réclament un effort supplémentaire pour créer davantage de places d'hébergement pour les femmes qui fuient leur conjoint violent.
Dans une telle situation, environ 40% des victimes ne se voient proposer aucune solution d'hébergement, et seules 12% obtiennent une place adaptée, selon un rapport publié jeudi par la Fondation des femmes.