Savater et Miura parlent de toros

La Fondation Cajasol inaugurait hier soir à Séville son nouveau cycle de mano a mano culturels sur la Tauromachie, par un débat entre le philosophe Fernando Savater et l’éleveur Antonio Miura…

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On avait soigneusement préparé son titre : "Fernando Savater affronte les Miura". Mais dans la soirée, on apprit qu'Eduardo, le frère aîné, qui souffre des cervicales, avait dû déclarer forfait, laissant Antonio seul. C'était foutu pour le titre. Par contre, toutes sortes de bonnes blagues furent faites, par les uns et par les autres, qui soulignaient que c'était la première fois que le parte facultativo concernait le ganadero, et non pas un torero...

En tauromachie, le mano a mano est un art difficile. Il faut que les protagonistes aient envie d’en découdre, de se mesurer à l’autre, ou bien de s’harmoniser à lui pour des échanges qui grandissent tout le monde.

Dans les faits, c’est souvent un catalogue de bonnes intentions, et le vieux coup des parallèles qui ne se croisent jamais.

Les mano a mano culturels organisés à Séville depuis plusieurs saisons dans le charmant petit théâtre de la calle Laraña – on y a vu entre autres il y a quelques années Curro Romero dialoguer avec le chanteur José Mercé – n’échappent pas à cette règle cruelle : pour que des choses soient dites, il faut que les gens aient envie de les dire.

La médiation charmante et attentive du journaliste sévillan José Enrique Moreno n’est pas pour arranger : il interroge successivement les invités l’un après l’autre, sur des thèmes rebattus, sans jamais les faire dialoguer. Ainsi, on ignorera toujours si Fernando Savater avait une question à poser à Antonio Miura…

Voici en résumé quelques unes des interventions de l’un et de l’autre.

Fernando Savater :

« Le toro brave est une œuvre d’art. C’est le produit d’un projet, du travail, du sentiment de l’éleveur. Comme les chevaux de Haute Ecole ou les purs sang, le toro de lidia est le seul animal à avoir une généalogie et un nom propre. C’est à dire à exister…

Le toro est un aristocrate. Sûrement que lidier une brebis relèverait d’un mauvais traitement à animal. Mais pas un toro brave, qui est fait pour ça. (…)

L’élevage du toro brave est un artisanat familial précieux, qui ne s’apprend dans aucune école. Et c’est tellement étranger au monde moderne ! (…)

Quand je parle d’éthique, je parle d’une idée d’excellence que chacun a de ce qu’il doit faire. Libre à lui de s’y conformer, ou de passer à côté. C’est valable pour tout le monde, et bien sûr pour les toreros comme pour les ganaderos… A un architecte de la Renaissance qui terminait la construction d’un Palais, et qui avait mis dans les parties hautes du toit, celles qui ne peuvent pas s’apercevoir, autant de soin et de matériaux nobles que sur la façade, on demanda pourquoi il prenait tant soins des détails que l’on ne pouvait pas voir. Dieu le voit, répondit-il. Hé bien voilà, c’est comme ça qu’il faudrait vivre !... »

Antonio Miura :

« Mon père parlait très peu. Tout petits, avec mon frère, nous avons passé tout notre temps libre à Zahariche, près de lui. A cheval, toute la journée, à trier des toros. Comme il ne fallait pas attendre qu’il nous dise ce qu’il fallait faire, on a appris tous les deux à sentir le travail du campo, à observer nos toros, à savoir comment on les sépare, comment on trie les vaches… Tout ça, on l’a appris de manière instinctive, sous le silence de notre père. On a donc appris exactement la même chose, dans les mêmes sentiments. C’est pour ça qu’aujourd’hui on s’entend si bien sur toutes les choses qui concernent la ganaderia. On n’a jamais eu le moindre problème, la moindre différence d’opinions. (…) Nous, on considère que, si la fiesta évolue, le travail de l’éleveur doit évoluer. Par exemple, c’est vrai que l’on accorde plus d’importance qu’avant, dans les tientas, à la faena de muleta, à la manière dont une vache va durer dans la muleta. Mais il faut surtout que cette évolution reste dans les limites de ce qu’est la personnalité de ton élevage. Chez Miura, on cherche à la base la même chose que les autres : un toro qui charge. Mais on veut que les nôtres gardent leurs difficultés particulières, parce que c’est ce que demandent les gens… » 

Jean-Michel Mariou

 

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