En 2014, Morante de la Puebla fêtera ses vingt ans avec picadors. Pour lui, beaucoup "zèbreraient" le monde et le "zèbreront" toujours.
- Leonardo Muñoz, le père d’Emilio est son apoderado. Sur les colonnes du bar « Los Tres Reyes », avenue des Rois Catholiques, il placarde chaque matin ses affiches : « Début avec picadors du génial Morante de la Puebla, le samedi 16 avril 1994 à Guillena. Bus aller-retour, billet, bocadillo et une conso à la buvette, 3000 pesetas ». Tous les aficionados français y foncent, d’autant plus qu’à la Maestranza, le cadre noir de Saumur ne captive qu’à moitié et qu’on lui préfère déjà la rumeur des demies de Morante.
- Du bureau salvateur du chef de la Garde Civile de Guillena, je transmets le compte-rendu triomphal de la novillada (quatre oreilles et une queue) au journal Sud-Ouest. Les portables n’existent pas, ou si peu, ils balbutient. Téléphoner d’un bar s’avère mission impossible. Nul ne l’ignore, du Groenland au Cap d’Afrique, les cafés des villages en fêtes sont nids d’acouphènes et vive le bambino qui hurle dans la poussette, et les parents aussi qui réclament un « descafeinado de maquina con poquita leche fria ». Et vive les jumeaux, parfois même des triplés à qui les veuves pincent les joues en se trompant trois coups sur quatre sur le sexe des gosses : « Que guapa es ! » sauf que qu’il se nomme Kevin.
- Trois ans plus tard, alternative de José Antonio Morante Camacho, Burgos, 29 juin 1997. Dés la fin de la corrida, sprint au car régie Canal + France, récupération des K7 de la tarde filmée en direct, ascenseur de l’hôtel NH, chambre 214. Morante est encore sous la douche, sur le chevet, les images toutes fraîches du doctorat, hallucine son père.
Morante de la Puebla a décidé de se limiter à 30 corridas en 2014. Trois de moins qu’en 2013, en tenant compte de ses 12 ou (14-1) forfaits dus à sa grave cornada de Huesca (10 août, reprise à Ronda en solo, le 9 septembre). Morante aurait trouvé un sponsor, un partenaire, une image de marque éloignée du monde du toreo.
- Michel Dumas, notre formidable et fidèle réalisateur de Signes du Toro est au Viêt-Nam où il neige d’exception dans le nord du pays. Il prospecte en quête d’une plaza de bambou, flottante, un brin à la dérive. Morante au paseo d’en baie d’Along. A Noël, l’an prochain.
Zoc.