Martin Malvy sur la fusion des régions : "Midi-Pyrénées doit ouvrir la discussion avec tous ses voisins"

Le président PS du Conseil régional revient dans une interview exclusive sur le projet de Manuel Valls de diviser par deux le nombre de régions d'ici 2017 en les fusionnant. Il y voit "une étape de décentralisation décisive". Et prêche pour des discussions avec toutes les régions voisines.

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On en était resté à un communiqué assez laconique sur le projet de fusion des régions dont l'idée a été lancée par le Premier Ministre Manuel Valls lors de son discours de politique générale la semaine dernière. Martin Malvy y soulignait d'une phrase que "si la condition de Régions fortes - à l’instar de ce qu’elles sont dans certains pays d’Europe - c’est la réduction de leur nombre, alors l’intérêt du pays ce sera effectivement le redécoupage territorial".

Quelques jours plus tard, le président de la région Midi-Pyrénées répond dans le détail à une interview pour le site internet de France 3 Midi-Pyrénées. Pour lui, cette décision s'apparente à une nouvelle étape de la décentralisation, mais doit s'accompagner de moyens et de pouvoir accrus. 

En outre, il indique, contrairement aux pronostics qui prévoient que Midi-Pyrénées fusionne avec Languedoc-Roussillon, que la région a vocation à ouvrir les négociations avec "chacune de ses voisines" : Languedoc-Roussillon, bien-sûr, mais aussi Aquitaine, Limousin ou même Auvergne. 

- France 3 Midi-Pyrénées : Avez-vous été surpris par l'annonce de Manuel Valls de diviser par deux le nombre de régions ?

- Martin Malvy : On savait Manuel Valls homme de décision. Seuls ceux qui en doutaient encore ont été surpris. Depuis plusieurs années déjà les Régions demandent au nom de l’efficacité économique, une affirmation de leurs de compétences et les moyens de les exercer ! Des rapports se sont succédés sans que réellement cette exigence nationale soit prise en compte. L’engagement du Premier ministre annonce la mise en route d’une étape de décentralisation décisive. Je m’en félicite même si son discours, dans le cadre d’une déclaration de politique générale ne pouvait être que très synthétique. Je pense qu’il faut l’interpréter comme une orientation et l’annonce d’une ouverture à la concertation qui fera évidemment bouger les lignes.

- On a souvent évoqué ce sujet notamment dans des rapports divers. Là, il semble que la volonté politique du gouvernement impose ce changement. Il fallait en passer par là ?

- Le sujet est d’une telle complexité que rien ne peut aboutir sans une forte volonté politique. Le cap avait été fixé par François Hollande dès le «discours de Dijon». Manuel Valls lui donne un nouvel élan, indéniablement. Il a jeté les bases de la discussion.

- L'objectif est de faire des économies mais aussi de créer des régions puissantes à l'échelle de l'Europe. Ce n'est pas le cas aujourd'hui ?

- Nos Régions sont clairement sous-dimensionnées par rapport au rôle que jouent les Landër allemands ou les autonomies espagnoles dans leur pays respectif. Ce n’est pas une question de surface : le Pays Basque espagnol compte moins d’un million et demi d’habitants et le Land de Hambourg est dix fois plus petit que la Haute-Garonne. C’est donc avant tout une question de compétences propres, de transferts de responsabilités de la part de l’État et de moyens.
La question du découpage régional n’est pas tabou. L’essentiel réside dans le préalable des attributions en économie, en formation, en développement durable et transports notamment, dans le partage d’autres avec l’État ou les autres collectivités et dans l’acceptation de l’État de  s’effacer là où il intervient moins que les collectivités. Ceci étant, il est exact que la mise en place de Régions dotées de compétences fortes oblige à repenser le découpage territorial car toutes ne disposent pas des supports indispensables à l’exercice de ces missions dans une véritable République décentralisée. Je pense à une Université forte, à des capacités de recherche élevées, à des filières économiques en mesure de servir de moteur à l’économie régionale, à leur capacité à créer et contrôler des structures financières. Ce sont ces éléments qu’il faut avoir en tête quand on imagine une nouvelle carte des Régions françaises.


© MaxPPP

- Le premier ministre laisse un peu de temps aux régions pour fusionner par elles-mêmes. En ce qui concerne Midi-Pyrénées, cela semble-t-il possible ?

- Le Premier ministre ne nous demande pas d’aboutir en 9 mois. Mais il nous invite, et il a raison, à ne pas perdre de temps. Je suis ouvert à cet exercice avec tous nos voisins, à la condition que ce soit à partir d’une réflexion commune, sereine et approfondie et non par slogan, même si j’ai souvent dit et pensé – parfois par boutade et par défi – qu’il nous manque une ouverture sur la mer.

- Avant la fin du mandat des conseillers régionaux en 2015 ou pas ?

- Il nous faut ouvrir la réflexion dès maintenant. Mais les échéances électorales ne doivent pas interférer avec la réalisation de cette grande étape de décentralisation…

- Et alors avec quels voisins d'après-vous ? Aquitaine avec laquelle vous avez créé des liens comme "Sud-Ouest France" ou Languedoc-Roussillon ?

- Nous ne devons ni réagir d’une manière dogmatique, ni partir d’une volonté expansionniste. Attention de ne pas piéger le débat en présentant les projets en termes d’absorption d’une Région par une autre. L’objectif est plutôt de rechercher si une nouvelle Région peut être élaborée, qui répondrait mieux aux enjeux de développement territorial et aux attentes de nos concitoyens. Sur cette base, ouvrons la réflexion avec tous nos voisins, ceux avec lesquels nous entretenons déjà des relations – Aquitaine et Languedoc-Roussillon bien-sûr – mais ceux des autres Régions également. Encore une fois, il faut que ce soit un débat constructif. Pour nous, le problème est d’ailleurs différent. Nous sommes la plus grande Région de France.

- Le sondage LH2 de la semaine dernière dit que les habitants de Midi-Pyrénées sont très partagés sur la fusion avec Languedoc-Roussillon : faut-il envisager une sorte de référendum ?

- Il est encore trop tôt pour se prononcer sur le mode de la prise de décision. Aujourd’hui, il s’agit de savoir très clairement si le gouvernement a effectivement l’intention de reconnaître les Régions françaises comme des institutions majeures en leur attribuant des compétences renforcées, qu’elles exerceraient d’une manière pleine et entière, comme c’est le cas dans d’autres pays d’Europe. C’est cela l’enjeu et c’est cela qui doit dicter la réforme qu’envisage le Premier ministre. La question territoriale est importante, mais elle vient après.

- Personnellement, à quoi êtes-vous vous-même favorable pour l'avenir des frontières de Midi-Pyrénées ?

- Je le répète, toutes les frontières de Midi-Pyrénées ne doivent pas être considérées comme figées pour toujours. Si elles devaient évoluer, cela devrait être le résultat d’échanges avec nos voisins, en respectant les critères que j’ai énoncés : cohérence culturelle, un niveau suffisant d’infrastructures de communication, d’offre universitaire, des filières économiques diversifiées. Il n’y pas une seule frontière possible mais de nouveaux territoires possibles à imaginer et construire ensemble. Si la question a davantage de pertinences dans de petites régions, ne nous installons pas, a priori sur les acquis.

- En cas d'échec des négociations entre régions, c'est l'Etat qui fixera la nouvelle carte des régions au 1er janvier 2017 : cette méthode à la hussarde vous paraît-elle la bonne ?

- Je ne me place pas a priori dans ce cas de figure. Il y a beaucoup d’objectifs à définir et d’étapes à se fixer avant d’imaginer cela. Nous travaillons chaque jour avec nos Régions voisines. Nous partageons certaines caractéristiques. Le dialogue et la mise en œuvre d’un véritable acte de décentralisation devront guider nos travaux. Sans attendre d’hypothétiques regroupements, nous avons développé de nombreuses coopérations y compris avec des Régions espagnoles. Respectons les diversités et imaginons toutes les hypothèses qui peuvent concourir à l’efficacité de l’action publique et de la rationalisation des services et des procédures.

 - Puisqu'on parle d'avenir, avez-vous pris votre décision pour les élections de 2015 ? Serez-vous candidat à votre succession et ce dossier de fusion des régions peut-il être pour vous un argument pour continuer ?

- Je vous dirai cela plus tard.

Propos recueillis par Fabrice Valéry

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