La journée de samedi a été marquée par le faenón de Miguel Ángel Perera à León, le retour en forme (définitif?) de Morante à Alicante et le beau succès de Juan Leal à La Brède. Les corridas célébrées aujourd'hui sont très attendues par les aficionados.
À León, les arènes ne se sont remplies qu'au ¾ hier pour la démonstration impressionnante de Perera. Elles seront sûrement pleines à craquer ce soir pour voir José Tomás. Son retour aux affaires taurines jeudi à Grenade s'est joué à guichets fermés, sans pour autant que les tarifs de la revente atteignent les sommets complaisamment décrits par des chroniqueurs enivrés par leurs propres superlatifs. On pouvait acheter des billets à un prix raisonnable jusqu'à l'heure du paseo, exactement comme une semaine plus tôt à Istres pour le retour de Joselito.
José Tomás a, une nouvelle fois, stupéfié les gradins. Tout étonne chez lui : son engagement littéralement à corps perdu, la maîtrise totale des terrains, des cites et du tracé des passes. Et brusquement, une erreur de débutant : il tourne le dos au toro et marche lentement vers la barrière, c'est à dire en direction du terrain de prédilection du toro. La voltereta est impressionnante ; l'image du corps inerte, terrifiante ; la réapparition 3 minutes plus tard, sidérante.
José Tomás, pour ça et pour tout le reste, est une figure totalement à part dans la galerie des toreros contemporains. Comme est à part sa stratégie de communication par le silence.
Tout le contraire de Morante de la Puebla dont le pathétique autobus publicitaire accompagne depuis le début de la saison la tournée. El arte no tiene miedo affirme dans un lettrage pompeux le slogan sérigraphié sur la carrosserie du véhicule. L'art en effet n'a peur de rien, surtout pas du ridicule.
La saison de Morante n'est guère brillante. À Castellón, Málaga, Jerez, Madrid, Cordoue, Istres et Grenade, les insuccès succèdent au insuccès. Les inconditionnels du torero ont beau finir les passes que Morante ne fait souvent qu'esquisser, ça ne suffit pas.
On ne saurait contester que Morante est le torero qui propose l'interprétation à la fois la plus personnelle et la plus authentique de la tauromachie. Mais, soit que les tirages au sort ne lui soient pas favorable, soit qu'il traverse une mauvaise passe, tout s'est mal passé pour Morante cette saison.
Jusqu'à hier.
Hier, à Alicante, on a enfin vu le Morante qu'on aime. Très à son affaire avec un toro commode de Zalduendo, il a pu offrir une faena complète : cape, muleta, estocade. Et comme l'art n'a peur de rien, Morante a puntillé lui-même le toro !
Ce soir Morante donnera à Badajoz l'alternative à Tomás Campos. Les témoins sont Miguel Ángel Perera et El Juli. Excusez du peu.
La saison prend son rythme de croisière, elle promet d'être passionnante. Souhaitons simplement qu'on puisse voir enfin ensemble au paseo d'ici la fin de l'été les toreros qui ont séduit les arènes ces derniers jours : Morante, Perera et José Tomás. Et Juan Leal ?