Après plus de 10 ans de voyage interplanétaire à bord de la sonde européenne Rosetta, le petit robot Philae va tenter le grand saut mercredi 12 novembre. Objectif : atteindre la comète Tchourioumov-Guérassimenko
C'est une première dans l'histoire de l'espace. Un petit robot s'apprête à quitter la sonde qui l'a hébergé pendant plus de 10 ans pour sauter sur une comète.
Nom du robot : Philae. Nom de la sonde : Rosetta. Nom de la comète : Tchourioumov-Guérassimenko. Date : Mercredi 12 novembre. Philae va tenter le grand saut pour se poser sur Tchourioumov-Guérassimenko. Une première dans l'histoire spatiale.
"On est très bien préparés à la séparation", assure le responsable des opérations de vol à l'Agence spatiale européenne (ESA). "C'est un moment un peu magique", ajoute-t-il.C'est un moment un peu magique" Sylvain Lodiot, responsable des opérations de vol à l'Agence spatiale européenne (ESA)
"L'affaire n'est pas simple", prévient cependant Philippe Gaudon, chef du projet CNES (Agence spatiale française) de la mission Rosetta, qui "compte les jours" depuis le centre des opérations du CNES à Toulouse.
Séparation prévue à 9 h 35
Si l'atterrissage sur la comète Tchourioumov-Guérassimenko réussit, ce sera la première fois qu'on pourra étudier "sur le terrain" le noyau d'une comète, sa partie solide, par opposition à sa chevelure, constituée des gaz et poussières éjectés du noyau sous l'effet du rayonnement. Philae pourra en particulier forer la surface du noyau pour en analyser des échantillons.L'heure de la séparation est fixée. A 9 h 35, mercredi 12 novembre, l'orbiteur Rosetta, qui escorte actuellement la comète filant à plus de 65.000 km/heure vers le Soleil, et l'atterrisseur Philae, un robot laboratoire de 100 kg devraient se séparer.
[Communiqué] #PoseToiPhilae Le CNES met en place un dispositif exceptionnel http://t.co/7120B6zRm2 pic.twitter.com/GGw22DJkuW
— CNES (@CNES) 6 Novembre 2014
7 heures de chute libre
Philae sera largué par Rosetta à environ 20 km de la surface de la comète, grâce à un système mécanique d'éjection, doublé d'un système de secours."Après, ce sera une chute libre de sept heures", indique le responsable des opérations de vol à l'Agence spatiale européenne.
Philae "tombera" très lentement, seulement attiré par la faible gravité du noyau de la comète. La chute sera totalement subie par Philae, mais il est quand même équipé d'un système interne qui devrait lui permettre de garder sa verticalité pendant la descente et d'atterrir sur ses pieds.
L'atterrisseur ne sera pas désoeuvré pendant ces sept heures : plusieurs de ses 10 instruments scientifiques seront en action. Il prendra des images de l'orbiteur Rosetta, puis, en fin de parcours, une série d'images du site d'atterrissage.
Rosetta, de son côté, gardera "un oeil" sur son atterrisseur, permettant aux scientifiques d'évaluer s'il est sur la bonne trajectoire. Si tout se passe comme prévu, la confirmation de l'atterrissage devrait parvenir sur Terre vers 16H00 GMT (17H00 heure de Paris).
Sol trop mou, zone impropre à l'atterrissage : de nombreux aléas
Le robot Philae a été conçu pour s'ancrer au noyau et éviter un "rebond" sur la surface. Cependant, rien ne permet d'assurer qu'il ne va pas, au contraire, s'enfoncer dans un sol trop mou.La zone sur laquelle il doit atterrir présente "plusieurs centaines de rochers" et des pentes supérieures à 30°. Au total, 18% de la zone sont jugés
impropres à l'atterrissage.
Philippe Gaudon évalue les chances de réussite à 70%, voire une chance sur deux seulement les mauvais jours. Si Philae arrive à se poser correctement, il se mettra tout de suite au travail, pour deux jours et demi d'analyses scientifiques intensives.
Philae devrait fonctionner jusqu'en mars, condamné à mourir "de chaud" quand la comète se rapprochera du soleil. Mais Rosetta poursuivra, elle, son escorte au moins jusqu'à ce que la comète passe au plus près de l'astre, en août prochain.
Le Cnes retransmettra en direct l'atterrissage du robot Philae sur la comète via le live Youtube suivant :