TRIBUNE : "On meurt beaucoup pour ses idées en ce moment, je trouve" par Pascal Dessaint

L'auteur toulousain réagit aux attentats de Paris mais, au-delà, s'exprime sur les religions, la manière dont va le monde, l'écologie, la misère sociale et les idées qui parfois... tuent ! A lire absolument. 

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"On meurt beaucoup pour ses idées en ce moment je trouve", par Pascal Dessaint


L’époque, dont on voudrait nous faire croire qu’elle est religieuse, me remplit d’effroi. L’époque serait aux spiritualités ! Et pourtant, je connais quantité d’humains qui sont sans Dieu, d’aucune chapelle. Je suis moi-même athée. Soudain, il me semble nécessaire de l’affirmer. Athée, humaniste et libertaire. Je ne suis donc d’aucune religion et de toutes à la fois. Je n’empêche personne de croire. Je réprouve l’absence de respect mutuel.

Je suis moi-même athée. Soudain, il me semble nécessaire de l’affirmer"


Je ne crois pas en Dieu mais en l’homme quand il donne le meilleur de lui-même, et il en est capable. Comment pourrait-on croire en lui quand, au nom d’une pensée, il en vient à commettre l’innommable ? Pour des raisons religieuses, certaines formes inédites d’horreur se présentent et s’installent. Peut-être s’agit-il d’une pulsion collective d’une rare morbidité. Peut-être que cela sera provisoire. Je ne peux m’empêcher de penser cependant que la situation doit bien profiter à quelques-uns. Quand je vois la forêt qui brûle, je me demande qui a craqué l’allumette. Quand je vois des fanatiques si bien armés, je me demande qui fabrique les armes, qui les vend.

La misère sociale conduit à la misère culturelle et donc à la misère émotionnelle"


Je connais moins de gens qui croient en Dieu que de gens qui souffrent socialement. 1% d’entre nous possède aujourd’hui la moitié de la richesse mondiale ! Les mêmes conduisent au fait que notre planète devienne peu à peu irrespirable. Le décalage entre les riches et les pauvres n’a jamais été aussi indécent. Qui sont les vrais coupables ? Il faudrait être aveugle ou de mauvaise “foi” pour ignorer sur quel terreau se développe la monstruosité humaine. La misère sociale conduit à la misère culturelle et donc à la misère émotionnelle. On ne peut pas respecter ce qu’on ne connaît pas. Aussi, si l’on veut s’attaquer réellement aux racines du Mal, ce n’est pas par une politique sécuritaire, même s’il faut savoir se protéger, mais en faisant une vraie politique sociale et culturelle. En donnant la priorité à l’éducation et à l’amélioration du cadre de vie. Pas en se pliant aux volontés des financiers et des actionnaires.

Il n’y aura sûrement pas de solutions à court terme. Je crains l’avenir. On meurt beaucoup pour des idées en ce moment, je trouve. Des croyants, des caricaturistes, Rémi Fraisse. Ce sont un jour, pour un motif ou un autre, des armes dirigées contre des humains. Contre des idées qu’il ne sera pas possible, malgré tout, de soumettre.

Pascal Dessaint
A propos de l'auteur
Né à 1964 à Dunkerque, Pascal Dessaint est installé à Toulouse depuis plus de 30 ans. Auteur de nombreux polars, souvent récompensés par des prix, ses écrits portent aussi souvent sur l'écologie et la protection de l'environnement. Son prochain roman, "Le chemin s'arrêtera là" sort le 11 février chez Rivages/Thriller. 
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