Dans notre rubrique "Tribunes", le responsable syndical policier toulousain Didier Martinez réagit aux propositions de Nicolas Sarkozy de rétablir les heures supplémentaires dans la police pour faire face à la menace terroriste.
La rubrique "Tribunes" rassemble des textes émanant d'auteurs ou de personnalités extérieures à la rédaction de France 3 Midi-Pyrénées. Ces textes n'engagent que leurs auteurs."Non monsieur Sarkozy, les heures sup dans la police ne feront pas de miracle !", par Didier Martinez
Des "heures sup" comme solution miracle dans la police ? Il est vrai que dans le contexte actuel, au vu de l'urgence de la situation, de l'inquiétude de nos concitoyens et du constat rapporté par les organisations syndicales de la police, toutes les suggestions, initiatives et idées sont les bienvenues.
Pour autant, certaines idées ont de quoi faire bondir à leur évocation, tant sur le fond que sur la forme.
En effet, Nicolas Sarkozy proposait mercredi 21 janvier sur la plateau de France 2 de rétablir immédiatement "les heures supplémentaires dans la police et les services de renseignement" pour faire face à la menace terroriste.
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Ce rétablissement des heures sup représenterait selon lui "l'équivalent de 4000 temps-plein", ajoutant qu'il a rencontré toutes les organisations syndicales, lesquelles plébicitent cette idée !
Tiens donc ? La veille de rencontrer les organisations USGP (40% des CEA), SCSI (60% des Officiers), il annonce déjà le positionnement de ces organisations ? Allons, tout ceci n'est pas très sérieux...
Nos collègues, qui effectuent quasi quotidiennement des heures supplémentaires avec des dépassements de leur vacation, des rappels, des décalages, et subissent la pression d'une culture du résultat assortie de la politique du chiffre et des quotas mis en oeuvre depuis 2004, affichent des "compteurs" d'heures sup indécents.
Certains dépassent les 1000 heures stockées, impayées, qu'il leur est difficilement possible de poser tant les contraintes de présence opérationnelle sont pressantes ces derniers mois, pour ne pas dire ces dernières années... D'autres devront partir à la retraite sans récupérer le bénéfice de ce cumul d'heures réalisées.
Tous ces policiers de terrain, d'investigation, aujourd'hui en totale rupture avec un système dévastateur, qui manifestent du "malaise" de la police chaque fois qu'une occasion de s'exprimer leur est donnée, vont certainement méditer longtemps quant à cette suggestion surprenante émanant d'un ancien mnistre de l'Intérieur et ancien Président de la République : celui qui a supprimé 10.000 postes de policiers quand il était au pouvoir !
Dieu que la politique est surprenante parfois !
Didier Martinez