Le Centre de Formation Professionnelle du Bâtiment de Montpellier lance un cri d'alarme. 400 jeunes seraient dans l'attente de contrats pour pouvoir démarrer une formation. Pourtant l'alternance offre des débouchés et des emplois de qualité. La crise n'expliquerait pas tout.
C'est un appel, un appel à la raison que lance le Centre de Formation Professionnelle pour apprentis de Montpellier.
Depuis la rentrée, les entreprises du bâtiment se font discrètes en matière d'embauche de jeunes. Une situation paradoxale mais qui trouve ses racines dans un certain conservatisme et une méconnaissance des possibilités qu'offre l'apprentissage.
L'alternance réclamée à corps et à cri, louée chez nos voisins allemands ne fait plus recette en France. Pourtant depuis quelques années, prendre un apprenti est devenu simple et attractif. Les entreprises qui jouent le jeux, bénéficient d'exonération de charges, de prime à l'embauche qui devrait passer prochainement à 2.000 euros.
La crise n'explique peut-être pas tout
Les jeunes qui trouvent un contrat en alternance pour passer un CAP s'engagent pour une période de 2 ans avant de prolonger si les deux parties s'entendent pour aller au delà.
Mais ce qui bloque les patrons, c'est l'engagement pris avec le jeune en cas d'échec. Licencier un apprenti serait trop compliqué, trop contraignant quand le contrat n'est pas respecté ou quand les carnets de commandes se vident.
Au CFA Bâtiment de Montpellier, on comprend ces craintes mais on explique qu'il existe des solutions mis en place par l'apprentissage comme les médiateurs pour interrompre un contrat ou régler un litige. De toute façon, le CFA ne laissera jamais une situation se détériorer.
Et si l'on en croit un juge au prud'homme, les contentieux sont excessivement rares. En 5 ans, il n'en aurait vu qu'un seul.
Alors d'où vient cette réticence à prendre des apprentis ?
La crise que traverse le pays depuis 2008. Certainement. Mais la réponse vient peut-être aussi d'une offre de formation, Bac Pro, BTS, etc, qui s'est étoffée ces dernières années au détriment des formations courtes. Pourtant là encore, les employeurs qui ont eu à faire à l'alternance en apprentissage ont trouvé de vrais compétences et des jeunes efficaces rapidement. Les exemples de réussites et de reprises d'entreprises sont nombreux dans la région qui connaît une offre de construction nouvelle, certes ralentie, mais toujours soutenue.
Il y a 10 ans Raffarin loue l'excellence du travail manuel
La crainte des établissements de formation est de se retrouver rapidement avec une pénurie de main d'oeuvre quand toute une génération d'artisans vieillira. Une crise qui pourrait arriver plus tôt que prévu si les pouvoirs publics et les entreprises ne jouent pas le jeu de l'alternance.
En 2004, en clôture de la 4e convention de la Fédération française du bâtiment, Jean-Pierre Raffarin, alors premier ministre, avait eu ses mots célèbres mais de toute évidence restés lettre morte: "nous avons besoin de l'intelligence de la main, le travail manuel est souvent un travail d'excellence". Il serait peut être temps de passer aux actes.
durée de la vidéo : 00h02mn58s
©INA