En Ariège, la municipalité du Mas-d’Azil veut faire abattre 24 marronniers centenaires pour créer une liaison piétonnière entre le village et la grotte préhistorique. Un collectif de citoyens s’y oppose. Ils viennent de lancer une pétition.
C’est un nouvel abattage d’arbres qui suscite la polémique. En Ariège au Mas-d’Azil, la municipalité a voté le 14 septembre dernier la création d’une liaison piétonnière de 400 mètres entre le village et la grotte préhistorique qui entraîne la coupe de 24 arbres. Le devis d’abattage a déjà été signé.
C’est un projet de longue date qui rentre dans le cadre de la revalorisation de la grotte du Mas-d’Azil de 2013. Dans cette dernière étape, il nous faut relier le village au site, d’où ce cheminement que nous allons créer. Effectivement pour qu’il soit sécurisé, nous allons devoir abattre ces arbres.
700 signatures contre l'abattage de ces arbres
Face à cet ordre d’abattage, des citoyens montent au créneau. Ils ont créé un collectif, les Marronniers, et viennent de lancer une pétition qui a déjà récolté plus de 700 signatures en ligne et sur papier.
« Le maire ne respecte pas la loi sur les alignements d’arbres protégés. De plus ils sont à moins de 500 mètres de la grotte du Mas d’Azil classée aux Monuments Historiques. Le maire aurait dû obtenir une autorisation auprès des Bâtiments de France. C’est vraiment le patrimoine du village qui est menacé», explique Julie Breukel du collectif Les Marronniers.
Au-delà de l’argument écologique, c’est la légalité de la création de ce cheminement piétonnier qui nous interpelle.
L'abattage d'arbres alignés est interdit
Avant l’application de la nouvelle loi, c’est la loi de reconquête de la biodiversité de 2016 qui est en vigueur. Elle reconnait en effet la valeur patrimoniale des alignements d'arbres et crée un régime spécifique de protection.
« Les allées d'arbres et alignements d'arbres qui bordent les voies de communication constituent un patrimoine culturel et une source d'aménités, en plus de leur rôle pour la préservation de la biodiversité et, à ce titre, font l'objet d'une protection spécifique », dispose l'article L. 350-3 du Code de l'environnement ,issu de cette loi.
Celui-ci interdit l'abattage ou la modification de ces alignements, sauf en cas de danger pour la sécurité des personnes et des biens, un danger sanitaire pour les autres arbres ou « lorsque l'esthétique de la composition ne peut plus être assurée et que la préservation de la biodiversité peut être obtenue par d'autres mesures ».
" Certains arbres malades ", selon le maire
Le maire joint par téléphone dit avoir reçu un accord de l’architecte des Bâtiments de France.
Sur ces 24 arbres, plusieurs devaient être coupés car ils sont malades. De plus nous avons déjà replanté 30 arbres à côté du collège et 20 arbres fruitiers sur la commune. Nous avons pris des mesures compensatoires. Avec 35 000 visiteurs par an à la grotte, il nous faut un chemin piétonnier sécurisé et nous n'avons pas le choix, il faut abattre ces arbres.
Le collectif demande une consultation publique sur ce projet. Ils veulent que d’autres études soient prises en considération pour éviter la destruction de ces arbres centenaires. Le temps presse pour les opposants à ce projet qui ont déjà déposé un recours devant la Justice.
L’abattage de ces arbres est en effet prévu pour le début d’année. Quant aux travaux de cette liaison piétonnière, ils devraient débuter en mars.