Dans une interview accordée à France 3 Midi-Pyrénées, le champion du monde 1998 et directeur général de Luzenac revient sur le nouveau refus de la LFP de faire monter LAP en Ligue 2 et insiste sur les valeurs du football, qu'il estime bafouées. Et sur la nécessité de modifier les règlements.
France 3 Midi-Pyrénées : Quel est votre état d'esprit après le nouveau refus du conseil d'administration de la Ligue de football de faire monter Luzenac ?Fabien Barthez : Je ne suis pas vraiment surpris. A partir du moment où la Ligue avait demandé la suspension au tribunal administratif pour conciliation, je vous cache pas que je m'attendais à ce genre de réponse.
Les valeurs du sport ont disparu"
Vous voulez dire que c'était en quelque sorte prémédité ?
C'était gagner du temps, par rapport à toutes nos procédures, en sachant que lundi la période des transferts s'arrête.
Il y a de la colère aujourd'hui ?
Non, même pas de colère. Chacun voit les choses avec sa façon. Nous au club nous savons que nous avons un stade de 1ère division, avec le Stadium qui est mis à disposition par la mairie de Toulouse. Là, on le sait, les valeurs du sport ont disparu. On arrive à vraiment beaucoup d'injustice.
On va se battre jusqu'au bout"
Alors, il faut baisser les bras ou continuer à se battre ?
A partir du moment où on est sûr de notre fait, et on considère qu'il n'y a pas de raison pour qu'on ne soit pas en Ligue 2. On va se battre jusqu'au bout et utiliser tous les recours possibles et aller au bout de cette histoire.
Vous aviez dit "On ne veut pas de Luzenac en Ligue 2 ?". Mais quelle pourrait être la vraie raison de ce refus ?
Je ne sais pas moi. Il faut demander à la Ligue. Ce que je ressens effectivement, mais ce que ressent aussi l'opinion publique, c'est que l'on ne veut pas de Luzenac depuis le début. Nous on a toujours produit les documents nécessaires. La DNCG a fini par nous donner raison, le CNOSF aussi, il n'y a que le conseil d'administration de la Ligue. Pour quelles raisons ? Une question de stade. Alors que nous avons un stade !
Quelles seront les suites ?
Notre avocat Jean-Jacques Bertrand dépose un référé ce jeudi devant le tribunal administratif pour une audience qui aura lieu lundi ou mardi.
La réalité du sport c'est le terrain"
Vous dites "les valeurs du sport sont bafouées" ?
Oui. C'est tout ce que représente le sport qui est en cause. Les valeurs de solidarité par exemple. La Ligue dit qu'elle fait partie de la famille du football, mais ces valeurs de solidarité ont disparu. La réalité du sport c'est le terrain. Oui, bien-sûr il faut parler d'économie, tout ça, mais c'est le terrain qui doit primer. Bien-sûr que nous sommes un club amateur : on se structure, on démarre. On ne peut pas être à 150 % dès le début.
Et la solidarité du monde amateur, des supporters, de l'opinion, vous y êtes sensible ?
Effectivement on a beaucoup de témoignages de solidarité du grand public. Il ne faut pas oublier que le football reste le sport du peuple.
J'espère que notre histoire va permettre de changer des règlements
Vous en voulez personnellement à Frédéric Thiriez, le président de la LFP ?
Non non je lui en veux pas. Il a sa façon d'agir, sa façon de penser, je les respecte. Je constate qu'on n'est vraiment pas dans le même état d'esprit. Moi, je ne conçois par le football comme ça. Et surtout l'avenir du football comme ça. Et j'espère que notre histoire va permettre de changer pas mal de règlements parce qu'il y a déjà pas mal de monde dans le milieu du football qui s'en plaignent. Sinon, à quoi ça va servir dorénavant de jouer en National, en CFA et CFA2, s'il n'y a plus d'espoir d'accéder au foot professionnel. Il faut bien voir qu'il y a 40 clubs pros en France et tout le reste c'est le football amateur. Sans le monde amateur, il n'y a pas de football pro.
Propos recueillis par F. Valéry