Révoqué par le régime de Vichy, l'instituteur est réintégré 70 ans après

Un instituteur ariégeois à la retraite, révoqué en 1943 par le régime de Vichy pour avoir échappé au Service du travail obligatoire (STO), a été officiellement réintégré 70 ans après.

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Réintégré par courrier ministériel
Jean Souque, 94 ans, "est réintégré en qualité d'instituteur, à compter du 28 juillet 1943", selon un courrier du ministre de l'Education nationale Vincent Peillon en date du 19 décembre et transmis à la presse.

Il fuit le STOE par "les chemins de la liberté"
En 1943, le jeune instituteur de 24 ans a la charge d'une classe de 6e dans le village de Seix (Ariège) lorsqu'il est convoqué pour le STO, direction la Pologne où il est censé participer à l'effort de guerre allemand.
"Bien entendu, il n'était pas question que j'aille au service des Allemands", se rappelle M. Souque, joint mardi au téléphone par l'AFP.
Le réfractaire décide avec un groupe d'amis de passer la frontière espagnole pour rejoindre les forces combattantes françaises en Afrique du Nord. M. Souque met à profit sa connaissance des passeurs de la région pour franchir début juillet 1943 les Pyrénées, au nez et à la barbe des Allemands qui
surveillaient pourtant ces "chemins de la liberté".

Il rejoint les combattants au Maroc
Rapidement interpellé et emprisonné en Espagne, il est libéré en novembre 1943 et finit par rejoindre le Maroc, où il décide de s'engager dans une unité combattante: "On était parti pour se battre... alors j'ai choisi les commandos parachutistes".
Il participe ensuite au débarquement en Provence, à compter du 15 août 1944, puis remonte la vallée du Rhône et rejoint l'Alsace "en combattant continuellement".
Au printemps 1945, il franchit le Rhin début avril et est grièvement blessé quelques jours plus tard, atteint d'une balle dans la cuisse. Son lieutenant, médecin dans le civil, parviendra à lui ligaturer l'artère fémorale avant qu'il ne puisse être
hospitalisé.
Fin de la guerre pour Jean Souque.

Révoqué par Vichy
C'est à son retour en Ariège, en novembre 1945, qu'il apprend par sa mère sa révocation de l'Education nationale par le régime de Vichy, défait
entre temps.
"Ma mère me l'annonce, en montrant le papier qu'elle avait reçu. Elle n'en avait pas dormi pendant des nuits et des nuits", se souvient M. Souque.
"J'ai été voir mon directeur du cours complémentaire, un M. Palmade. Il m'a accompagné pour rencontrer l'inspecteur d'académie. Celui-ci a dit: +Ne vous inquiétez-pas, on va lui donner un poste et pour le reste, ça s'arrangera+".

Une carrière normale
M. Souque reprend alors le cours normal de sa carrière, qu'il terminera comme directeur d'école à Saint-Girons, à une vingtaine de kilomètres de Seix. Il demande à plusieurs reprises la régularisation de sa situation, en vain.
Toujours vaillant, le retraité avoue avoir accueilli la nouvelle de sa réintégration à retardement dans une certaine "indifférence".
"Après tout ce que j'ai fait, j'estimais qu'on ne pouvait rien me reprocher. Par conséquent, moi, j'avais la conscience tranquille".
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