Lynchage de deux hommes noirs : agression raciste ou pas, le procureur a requis de 12 à 18 mois de prison avec sursis, des TIG et une relaxe

Quatre prévenus, dont un adjoint au maire, comparaissaient ce mercredi devant le tribunal de Carcassonne pour le violent passage à tabac d'un Guadeloupéen et d'un Mahorais pendant la fête du village de Verzeille (Aude) en juillet 2022. Le caractère raciste de cette agression, qui avait été filmée, n'a pas été retenu dans la qualification des faits pour lesquels ils sont jugés.

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Après une journée d'audience, les réquisitions contre les quatre prévenus sont tombées ce mercredi, vers 19h.

Le parquet de Carcassonne a réclamé des peines de prison avec sursis pour deux d'entre eux, des travaux d'intérêt général pour le troisième et la relaxe du dernier.

Contre l'élu mis en cause, 12 mois de prison avec sursis et un an d'interdiction d'exercer dans la fonction publique ont été requis. Une peine de 18 mois de prison avec sursis, interdiction de détenir une arme et d’exercer dans la fonction publique pendant 10 ans a été demandée contre son complice présumé et 212 heures de TIG réclamées pour le 3e individu.

Puis les avocats de la défense ont entamé leurs plaidoiries.

Le jugement est toujours attendu.

L'agression raciste n'a pas été retenue

Dans la salle des pas perdus, avant l'audience, Josie Jean-Noël, la mère de Hans, l'une des victimes du lynchage de la fête de Verzeille (Aude) en juillet 2022, s'inquiète pour son fils : "tant que le procès semblait loin, ça allait. Mais depuis une semaine, vit ça très, très mal. Psychologiquement, il ne va pas bien".

Quatre prévenus comparaissent ce mercredi 4 septembre 2024 pour violences en réunion. Le tribunal n'a pas accédé à la demande des associations antiracistes de poursuivre au moins deux d'entre eux pour incitation à la haine raciale. Pour l'avocat de la Fédération nationale des Maisons des potes, qui souhaitait se constituer partie civile, le caractère raciste de l'agression ne fait pourtant pas de doute.

On attend de comprendre comment près de trente personnes ont participé au lynchage de deux noirs et on espère avoir des éclaircissements sur les raisons qui ont poussé ces individus à les prendre en chasse, pour une "psychose de piqûres", mais aussi sans doute simplement pour se défouler contre deux noirs.

Samuel Thomas, président de la Fédération nationale des Maisons des potes

"Tuez-les !" : un lynchage filmé

Le 24 juillet 2022, en pleine fête de village à Verzeille près de Carcassonne, un Guadeloupéen et un Mahorais sont désignés à la vindicte populaire, soupçonnés d'être à l'origine de prétendues piqûres sauvages sur des fêtards. À l’époque, les témoignages se multiplient dans les médias sur ce phénomène qui semble alors en pleine expansion en France.

Un lynchage filmé par une des personnes présentes et que Mediapart réussit à se procurer quelques mois plus tard. Sur les images, on entend la foule crier : "tuez-les !". Mis en cause, le deuxième adjoint au maire de Verzeille reconnaît sa participation. Mais il nie le caractère raciste des faits.

Tout comme le maire, Christian Audier (DVG), qui affirme à France 3 Occitanie vouloir défendre la réputation de sa commune "totalement étrangère à ces actes répréhensibles".

À chacun sa part de vérité

Quant aux autres prévenus, à chacun sa ligne de défense. L'un d'entre eux, défendu par Maître Aimé Diaka, plaide le fait de s'être laissé entraîner. Si regrets il a, "c'est d'avoir été emporté dans un tourbillon médiatique". Car la presse nationale s'est emparée de l'affaire.

Il n'a pas d'explication : c'est un enchaînement de violence, tout le monde s'est emporté, tout le monde a participé et lui aussi dans une certaine mesure, mais il n'est ni à l'origine de cette violence, ni de l'appel à la violence. La dimension raciale n'a jamais existé dans son esprit à lui.

Maître Aimé Diaka, avocat de la défense

Témoignage surprise

Dans l'après-midi, le témoignage de Nelson Fernandes Da Silva, présent lors de cette soirée, a fait vaciller cette version. À la barre, il affirme que dans le groupe de jeunes venus à la fête avec Hans, deux hommes blancs n'ont, eux, à aucun moment été pris à partie. Mais la procureure de l'Aude, Géraldine Labialle, s'est étonnée du décalage entre cette assertion et les déclarations plus modérées de ce témoin lors de son audition par les gendarmes. Il n'y faisait pas mention de la dimension raciste de l'agression.

Dans son réquisitoire, elle ne retient pas la dimension raciste des faits, évoquant une affaire qui "aura fait beaucoup de dégâts. Verzeille a été considérée comme le centre du racisme dans l'Aude".

Hans, lui, préfère ne pas se faire d'illusion selon sa mère Josie Jean-Noël : "il pense que peut-être ça ne servira à rien. Parce qu'il n'est pas le premier en France à se faire agresser sans qu'il y ait de suites. Mais pour moi, c'est important : je veux entendre ce que la justice dira".

Écrit avec Eric Henry et Chloé Fabre.

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