Poète, parolier, romancier mais surtout conteur, l’octogénaire n’a pas fini de nous raconter des histoires. Ses dernières en date veulent nous rendre la joie parce que, comme il le dit, les contes « peuvent apaiser, instruire, sauver des gens du désespoir, de la mort même, sans que l’on sache vraiment comment ils s’y prennent ».
Henri Gougaud l’annonce « en guise de prélude » : « j’ai envie, je vous l’avoue, de vous faire oublier, tout ce qui pourrait vous détourner de l’ébahissement, du coup de foudre tendre ». Le poète qu’il a toujours voulu être (et qu’il est devenu) nous invite donc à regarder autour de nous, à écouter le monde.
Pour l’auteur audois, le conte peut aussi avoir la vertu de nous aider à « réinventer notre façon de vivre ensemble ». Par les temps qui courent, l’idée n’est pas mauvaise. Pour Gougaud, le conteur est un « homme nu » et celui qui le lit doit savoir qui parle et d’où. Là aussi à l’ère des « fake news » et autres « story telling » politiques, la démarche rassérène.
Seule la joie effraie la mort
Ce livre est aussi là pour nous rappeler que « seule la joie effraie la mort ». Sans doute le secret de longévité de l’auteur qui a « envie de nous voir contents ». Merci à lui. A l’heure où les scenarii de films, les synopsis de documentaires ou les scripts de livres nous racontent des peines et des épreuves, Gougaud sème quelques graines de bonheur.
Mais attention, le monde du carcassonnais n’est pas celui des bisounours. S’ébahir, être contemplatif, transmettre n’est pas tombé en hébétude ou jouer le candide de service. Ça n’est pas non plus se laisser cueillir dans l’escarcelle des nouveaux marchands du temple, les grands prêtres de l’épanouissement personnel.
à quoi bon écrire si ce n’est pour servir la vie
Le désormais octogénaire Henri Gougaud connaît la douleur et le tourment. Mais comme il l’évoquait dans son précédent ouvrage[1] « à quoi bon écrire si ce n’est pour servir la vie ». Il faisait alors référence au suicide de son ami Roger Rivière. Le poète avait déclaré « je finis ce livre et ensuite je me tue ». Il s’exécuta au grand désarroi de notre conteur.
Le natif de Villemoustaussou n’est pas rancunier puisqu’il donne un nouvel ouvrage au monde de la littérature, « au pays des avides » comme il l’appelle. Ces « contes impatients d’être lus » rassemblent ses thèmes de prédilection, les religions, l’Orient ou encore l’Asie. Même s’il y a des rois et des chevaliers, manque sans doute un autre de ses univers favoris : celui du catharisme[2].
Bref si vous connaissez Gougaud son dernier ouvrage vous gâtera de textes inédits et si vous voulez le découvrir ces histoires courtes mais efficaces vous le feront apprécier.
Henri Gougaud sera l’invité du 18.30 ce vendredi 26 mai.
[1] « J’ai pas fini mon rêve », éditions Albin Michel
[2] Lire « Bélisbaste » notamment