A Narbonne, les eaux usées irriguent les vignes pour économiser l'eau potable

Pour économiser l'eau en cette période de sècheresse extrême, les eaux usées, traitées par les stations d'épuration, sont réutilisées pour irriguer des vignes ou nettoyer les rues. Ce procédé courant dans de nombreux pays suscite un regain d'intérêt en France, après l'été le plus sec depuis 1959.

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Canicule, sècheresse sévère, cet été a jeté une lumière crue sur la gestion de la ressource en eau. Parmi les options en cours d'expérimentation, la récupération des eaux usées, après leur traitement par les stations d'épuration.

A Narbonne, les eaux usées ainsi recyclées permettent d'économiser une partie de l'eau potable jusqu'alors utilisée pour arroser les espaces verts, nettoyer les sols ou encore irriguer les vignes environnantes. 

La "Réut box" de Véolia

Véolia, l'une des grandes entreprises françaises du secteur de l'eau, a mis au point une "Réut box", un container qui filtre et désinfecte les eaux usées en sortie des stations d'épuration. L'eau ne devient pas potable mais sa qualité est suffisante pour servir au nettoyage.

Cette étape supplémentaire de traitement de l'eau provenant des égouts, est en place depuis un an dans la station d'épuration de Narbonne, comme dans cinq autres en France.

Plutôt que de la rejeter dans les cours d'eau ou la mer, cette technologie, d'une capacité de traitement allant jusqu'à 75 m3/heure, permet de rendre l'eau suffisamment propre pour être utilisée dans l'irrigation agricole, le nettoyage urbain, l'arrosage des espaces verts, des stades ou des golfs. 

Près de Narbonne, des vignes sont arrosées grâce à la réutilisation des eaux usées d'une station d'épuration.

C'est l'avenir, on a un besoin crucial d'économiser l'eau potable et d'aider les viticulteurs. Maintenant on réfléchit à un réseau de distribution pour l'irrigation agricole, mais ça coûte cher.

Michel Jammes, vice-président de l'intercommunalité du Grand Narbonne, en charge de l'eau

Les 7 km de canalisation irriguant 80 hectares de vignes ont coûté environ 750.000 euros. 

La France en retard

La "réut", selon le jargon des experts de l'eau, est fréquente dans les pays où l'eau est rare, et qui n'ont pas d'autre choix, comme Israël, Singapour ou la Namibie. Elle représente 15% de l'eau utilisée en Espagne et 8% en Italie. 

"Il faut industrialiser la 'réut'. On va installer ce dispositif partout où c'est possible. D'ici fin 2023, on table sur la mise en fonctionnement de cent 'Réut box', une démarche pionnière qui permettra d'économiser 3 millions de m3 d'eau potable, l'équivalent de la consommation annuelle d'une ville de 180.000 habitants", calcule François Reboul Salze, responsable innovation chez Veolia.

Si la France a tardé à actionner cette technologie, estime Sophie Besnault, experte en traitement de l'eau de l'INRAE (l'institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement), c'est qu'on "n'en avait pas forcément besoin, quand on n'a pas de manque d'eau. Et du fait des contraintes règlementaires, le cahier des charge est complexe, c'est coûteux".

Une solution insuffisante

Les experts de la gestion de l'eau restent cependant prudents. La "réut" (réutilisation des eaux usées dans leur jargon) n'est pas une solution miracle qui va permettre de se passer de toute réflexion sur notre usage de l'eau. 

C'est une solution d'avenir pour économiser de l'eau potable, mais elle ne résoudra pas tous nos problèmes. Il faut être assez prudent, c'est une eau qui n'est plus reversée dans la nature, il faut étudier l'éventuel impact sur le cours d'eau.

Sophie Besnault, chercheuse à l'INRAE

L'intensité et la fréquence des épisodes de sécheresse risquent encore d'augmenter sur le pourtour méditerranéen, prévoit le Groupe d'experts intergouvernemental sur le climat (Giec).

Ces dernières années, la consommation d'eaux souillées a été popularisée par Thomas Pesquet et les astronautes de la station spatiale internationale, où 100% des eaux usées sont recyclées. 

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