Le maire d’Onet-le-Château (Aveyron) alerte une nouvelle fois le président de la République sur la forte diminution de l'aide de l'État dont bénéficie la commune. Il se dit consterné face au manque d'écoute dont il bénéficie, contrairement à un influenceur.
"Il vaut mieux être un influenceur qu’un maire de commune pour être écouté du chef de l’État", lance, amer, Jean-Philippe Keroslian. Le maire d’Onet-le-Château vient d’adresser un nouveau courrier au chef de l’État pour déplorer la baisse de dotation globale de fonctionnement. Jusque-là sans réponse.
La semaine dernière, la réponse du chef de l’État à un automobiliste via le réseau social TikTok a fait grand bruit. Il donnait directement raison à cet influenceur ayant dénoncé sur le réseau social l’amende reçue suite au paiement à un péage à l’aide de son téléphone.
Une baisse de 80% des dotations entre 2013 et 2023
Le maire d’Onet-le-Château, lui, n’obtient pas de réponse lorsqu’il alerte sur la baisse drastique des dotations de l’État concernant sa commune. La ville aveyronnaise percevait plus de 1,38 million d’euros de dotation globale de fonctionnement (DGF) en 2013, et n’en a perçu que 234.000 euros en 2023. Le maire d’Onet-le-Château, Jean-Philippe Keroslian, tente depuis mai dernier d’attirer l’attention des services de l’État pour obtenir une réponse face à cette baisse drastique. Qui plus est, inexpliquée. Après l’envoi d’un courrier en mai 2024, après l’envoi de milliers de cartes postales en 2021, il vient d’adresser un nouveau courrier au président de la République pour l’alerter sur la situation financière de sa commune.
"Notre commune a perdu plus de 80% du montant de sa DGF entre 2013 et 2023 ", rappelle l’édile dans cette lettre. Et ajoute : "je ne doute pas que vous serez en mesure d’intervenir aussi efficacement pour annihiler l’insupportable injustice financière qui pénalise, dans des propositions ô combien importantes, la ville d’Onet-le-Château".
Une baisse qui menace le fonctionnement de la commune
Devant les journalistes de France 3, il déplore la baisse de 80 à 90% du montant de la dotation sans explication. "C’est énorme, nous avons perdu l’équivalent de plus de 10% de notre budget de fonctionnement. Quel pays, quelle communauté urbaine pourrait supporter un choc pareil ? C’est inadmissible", s’insurge-t-il. Avant d’ajouter : "On s’estime discriminés puisque des communes similaires ont perdu bien moins que nous et on n’a pas d’explications, c’est ce qui nous rend vraiment tristes". Dans sa lettre, il propose : "l’instauration d’un seuil minimal en dessous duquel la dotation forfaitaire ne pourrait désormais percevoir moins de 50% de ce qu’elle obtenait en 2013".
Le sentiment de manque de considération
En 2024, le maire d’Onet-le-Château avait également alerté par courrier le ministre de l’Économie, le ministre du Budget, des parlementaires, le président de la Cour des comptes. Celui-ci, ainsi que le président du Sénat, lui ont répondu, confirmant que la commune devrait bénéficier d’une révision de ses bases de calcul. Mais jusqu’ici, rien n’a changé.
Jean-Philippe Keroslian se dit consterné. "Au-delà de ce problème (financier, ndlr), c’est le manque de considération que l’on supporte de plus en plus mal. On participe à réduire le déficit de l’État, et en contrepartie, on n’est pas entendu (…) ça en dit long sur le niveau auquel nous sommes arrivés", conclut l’élu aveyronnais. Il lui reste peut-être à tenter le tout pour le tout, et à créer un compte TikTok pour s’adresser à Emmanuel Macron.