Quatre associations ont décidé de se regrouper pour empêcher la construction du tronçon de la RN88 entre Rodez et Séverac-d’Aveyron : un projet vieux de 30 ans
À Rodez (Aveyron), vendredi 17 novembre 2023, plusieurs associations se rassemblent en un seul collectif, pour peser de tout leur poids contre un projet porté par le département de l’Aveyron : celui de la rénovation du tronçon Rodez Séverac-d’Aveyron de la RN88. Europe-Ecologie Les-Verts de l’Aveyron, Attac 12, le comité Causse Comtal et le CPTAR collectif de la protection des terres agricoles du ruthénois, jugent ce projet anti-écologique car son tracé devrait traverser des zones naturelles classées portant ainsi atteinte à la biodiversité. Une défiance, qui rappelle celle du collectif tarnais opposé au projet de l’A69 Castres Toulouse.
"Gagner la bataille de l'opinion publique"
Claudine Bonhomme du CPTAR résume l’objectif de cette union et de la constitution du collectif. : "Nous voulons gagner la bataille de l’opinion publique et convaincre les élus qu’ils ont tort de soutenir ce projet. Il existe des alternatives, comme le rétablissement du chemin de fer : un mode de transport moins polluant qui pourrait aussi permettre le développement d’échanges de marchandises. Nous ne voulons pas que Rodez devienne le carrefour de grands axes : Bordeaux Cahors, Montpellier Toulouse et Lyon."
L’union est scellée à la maison des paysans à la Mouline à Olemps et les associations vont décider du nom du collectif mais aussi fixer les priorités d’action. Une fois créé, le collectif compte engager des actions juridiques pour contrer la réalisation du tronçon "de la discorde".
Une mise en service prévue pour 2025
Ce tronçon de 40,5 km entre l’échangeur du Lachet à Olemps et l’entrée de l’A75 à Séverac-d’Aveyron est piloté par le département. Pour rappel, la réalisation de ce tronçon devrait coûter 350 millions d’euros au moins. L’État qui avait au départ la compétence sur ce chantier l’a transférée au Conseil départemental en janvier 2023. Arnaud Viala, le président de la collectivité espère entamer les travaux avant la fin de son mandat en 2028 pour une mise en service souhaitée en 2035.
Pour justifier sa construction, le Conseil départemental avance la sécurité routière car l’axe actuel est par endroits accidentogène. La collectivité prône aussi le désenclavement afin de favoriser notamment les échanges économiques. Selon les services de la collectivité, le gain socio-économique de ce nouvel axe se chiffrerait à 100 millions d'euros Pour l’Aveyron.
De nouveaux recours du collectif naissant vont-ils freiner encore plus ce projet, véritable serpent de mer depuis 30 ans ?
avec Nathalie Rougeau