Avignon : les avocats de proches de victimes demandent l'annulation d'une pièce sur Merah

Une pièce sur les dernières heures de Mohamed Merah présentée à Avignon suscite la polémique. Lundi, des familles de victimes exprimaient leur choc à l'idée que le jihadiste soit présenté comme un héros. Ce mardi, des avocats demandent l'annulation de la dernière représentation. 

La dernière représentation de "Moi, la mort, je l'aime comme vous aimez la vie", sera-t-elle jouée ce mardi comme prévu à Avignon ? Cette pièce consacrée aux dernières heures de Mohamed Merah, le terroriste islamiste qui a tué sept personnes à Toulouse et Montauban en mars 2012, suscite de vives réactions d'associations et de proches de victimes.
Des avocats de proches de victimes de Merah ont demandé au metteur en scène Yohan Manca et à l'auteur du texte, Mohamed Kacimi, l'annulation de la représentation dans un courrier daté de mardi.

Deux demandes de déprogrammation

"Nous qui avons la responsabilité de porter la voix de ceux qui ont péri à Toulouse et Montauban et celle de leurs familles, nous considéronsqu'une telle entreprise de réhabilitation dans le contexte que nous traversons sous couvert d'alibi culturel est une honte et un déshonneur. Nous vous demandons d'y renoncer", écrivent Patrick Klugman, Ariel Goldman, Elie Korchia et Jacques Gauthier-Gaujoux.
Le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA) "reçoit un très grand nombre de protestations émanant de citoyens scandalisés et indignés", a par ailleurs écrit le BNVCA dans un communiqué distinct, demandant la déprogrammation de la pièce et assurant avoir chargé son avocat, Maître Charles Baccouche, de déposer plainte à Avignon pour "apologie contre le terrorisme et antisémitisme".
"Aucune plainte n'a été déposée à ce stade, à ma connaissance", a toutefois déclaré à l'AFP le procureur de la République d'Avignon, Philippe Guémas, en milieu d'après-midi.

Une pièce écrite à partir des derniers échanges de Merah avec les policiers

La pièce intitulée "Moi, la mort je l'aime comme vous aimez la vie", écrite par l'auteur algérien Mohamed Kacimi, retrace les dernières heures de Mohamed Merah. Elle a été écrite à partir du verbatim des derniers échanges entre les policiers et le tueur retranché dans son appartement, avant qu'il ne soit abattu par le Raid.
"Mohamed Merah avant d'être un monstre était un être humain, un jeune homme de 20 ans qui regardait les Simpsons et mangeait des pizzas", écrit le metteur en scène Yohan Manca, sur le site du théâtre de la Manufacture à Avignon, au sujet de cette pièce qui avait déjà été jouée au théâtre de la Loge à Paris du 11 au 13 novembre 2015. "Porter à la scène un assassin, un terroriste, lui redonner la parole est quelque chose de délicat", y explique-t-il aussi.

L'émotion des familles

Lundi déjà, Latifa Ibn Ziaten, la mère de la première victime de Merah, avait fait part de son choc : "mettre Mohamed Merah dans une pièce de théâtre, parler de lui, de ses conversations, c'est faire de lui un héros et je ne trouve pas ça intelligent. Merah, c'est pas un héros, c'est un assassin".
Franck Touboul, le président du conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) en Midi-Pyrénées, allait dans le même sens, se disant "totalement réfractaire à tout ce qui peut participer à stariser, glorifier, encenser, rendre romanesque le parcours d'un barbare et à assurer la promotion de son nom." tout en ajoutant que "la culture et la création sont libres, fort heureusement."
Au contraire, Simon Cohen, l'avocat de l'épouse de Jonathan Sandler et du père de Myriam Monsonego assassinés le 19 Mars 2012 dans une école juive de Toulouse, défendait lui "la liberté absolue de la création artistique" estimant quelle "peut s'appliquer à n'importe quel sujet."


Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité