Bagarre à Mexico

La Monumental de Mexico DF est fermée depuis le début de l'année faute de public. Elle ne rouvrira ses portes que dimanche prochain. Les temps ont bien changé. Il y a 60 ans jour jour, on se battait pour avoir une place…

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Dimanche 19 janvier 1947. Depuis le matin les rues alentour des arènes sont noires de monde. Les aficionados sont prêts à tout pour avoir un billet. C'est la douzième corrida de la saison 1946 / 1947, le cartel est formidable. Toros de San Mateo pour le mexicain Lorenzo Garza sobrement surnommé « El Magnífico » et l'espagnol Manolete dont ce sera - personne évidemment ne s'en doute – la dernière corrida dans la capitale américaine. Pour compléter le cartel, on a choisi Arturo Álvarez Vizcaíno, un torero débutant et bien content de l'aubaine : il ne bousculera pas les deux "monstres".


Jamais billet de corrida à Mexico ne fut aussi précieux… © La Lidia



Depuis jeudi, il y a d'interminables queues devant les guichets. À midi ce dimanche, même au marché noir, on ne trouve plus rien. En toute hâte, la direction des arènes imprime quelques centaines de billets non numérotés supplémentaires. Ils sont vendus aussitôt. On en imprime d'autres, ils trouvent preneurs. Les gens s'entasseront comme ils pourront aux places populaires. Cette après-midi, il y aura 55 000 privilégiés sur les gradins.
Deux heures avant le paseo, le public commence à s'installer.
Quand la corrida commence, explique Paquiro dans la revue La Lidia de Mexico, il y a de l'électricité dans l'air, il faudrait être insensible pour ne pas deviner qu'il va se passer quelque chose d'extraordinaire. 

L'événement vient des toros. Minables, faibles, sans race.
Le premier est pour Lorenzo Garza. C'est le pire de tous : un novillo avec de petites cornes. Le public hurle, réclame qu'on le remplace illico. Mais il a beau s'époumoner, ça continue. Les picadors entrent en piste. La bronca redouble. Un coussin vole en piste. Un autre. Puis dix, puis cent. La foule est déchaînée. 
La corrida du 19 janvier vue par Antonio Ximénez
Un coussin achève même son vol plané sur le visage d'El Magnífico! 

Le deuxième toro n'est guère mieux. Il n'a aucune race. il saute dans le callejón et blesse gravement un valet de piste. La bronca redouble, on accuse Manolete de ne pas être à la hauteur et Manolete annonce que quoi qu'il arrive, il offre un septième toro.

Le troisième revient à Vizcaino. Au moment de la pique "El Magnífico" fait un quite sans intérêt, on l'engueule. Et parmi les insultes, il entend quelqu'un au premier rang de l'ombre, donner à très haute voix des explications précises sur le peu de vertu de sa défunte mère. 

Au quatrième, ça continue. Lorenzo, tu es un fils de p… lance une voix avinée. Lorenzo perd les pédales, torée de plus en plus mal, tue n'importe comment. Le vacarme est maintenant assourdissant. 

Le cinquième toro est à peine meilleur. Mais Manolete le torée à merveille de la gauche. Le toro l'encorne. Le torero se relève. Reprend la gauche. Le tue. Deux oreilles et la queue, pour la sixième et dernière fois de sa carrière mexicaine. Il n'a pas la force de donner un dernier tour de piste, il est conduit directement à l'infirmerie. Il n'en ressortira évidemment pas pour toréer le sobrero qu'il avait offert…

Voici le sixième. Aux piques, comme c'est son rôle, Lorenzo Garza entre en piste pour les quites. La bonca repart de plus belle. 
Cette fois, El Magnífico repère le braillard qui insulte la mémoire de sa mère. C'est un intelligent du nom de Emilio Maurer.
Lorenzo craque. Il tire son épée du fourreau et bondit dans les gradins, suivi de ses banderilleros Emilio Méndez et "Valencia". Il agite l'épée, il menace. C'est la panique. Les gendarmes interviennent promptement et le conduisent aussitôt en prison.
Pendant ce temps, Vizcaíno en finit comme il peut avec le toro. 
La corrida est finie. En piste en tout cas. Car sur les gradins, elle continue. Une bonne partie du public entreprend de saccager les installations de l'arène. Les forces de l'ordre mettront du temps avant d'évacuer la foule.

ÉPILOGUE
Lorenzo Garza qui rentra en cellule dans son habit de lumières a été condamné à 15 jours de prison et 10000 pesos d'amende.
L'organisateur a été également condamnné à une amende de 10000 pesos pour avoir accueilli 10000 spectateurs de plus que la capacité "normale".
L'éleveur a été condamné à une amende de 5000 pesos.
L'insulteur Emilio Maurer et les deux banderilleros de Lorenzo Garza ont été condamnés à 500 pesos d'amende.
Arturo Álvarez Vizcaino est mort à Mexico en 1968 à l'âge de 54 ans. 


Manolete. 6 queues coupées à Mexico!



Dimanche prochain, après une trève de quelques semaines, la Temporada Grande reprend à la Monumental de Mexico. À l'affiche : Miguel Ángel Perera, Juan Pablo Sánchez et Diego Silveti. Toros de Montecristo.
La foule est attendue. 
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