Confrontés à une crise inédite depuis de longs mois, les exploitants de salles de cinémas entrevoient enfin la lumière. Après l'annonce du déconfinement sur le territoire français en plusieurs étapes, ils se réjouissent de pouvoir à nouveau accueillir du public dans leurs établissements.
Depuis l'annonce des mesures de déconfinement progressif sur le territoire français, hier 29 avril 2021, plusieurs secteurs se préparent à une reprise d'activité après de longs mois d'hibernation. A compter du 19 mai, les salles de cinéma pourront à nouveau accueillir du public, en nombre limité, et toujours dans le respect d'un protocole sanitaire déjà rôdé.
Au CGR d'Albi, un retour du public avec un protocole encadré
A Albi, Alexandre Kloeckner, à la tête des cinémas CGR se réjouit de cette annonce : "Tous les jours, je croise des gens qui me demandent si on va bientôt rouvrir !" Cet exploitant gère les 8 salles d'un multiplexe en centre-ville, ainsi que trois salles dans un autre établissement classé "art et essai". Il emploie au total une quinzaine de salariés, sans compter le personnel de ménage ou de sécurité. La baisse de chiffres d'affaire s'est fait ressentir depuis un an avec les fermetures imposées : 200 millions de perte à l'échelle nationale dans l'ensemble des complexes CGR. La perspective de rouvrir les salles, même avec des jauges limitées à 35% de la capacité d'accueil dans un premier temps, est un réel soulagement.
"J'estime qu'il faudra entre 6 mois et un an avant de retrouver une activité normale, il faudra de toute façon que l'Etat continue à aider ce secteur comme il l'a fait jusqu'ici"
Pour ce directeur, les protocoles sanitaires ont été rôdés lors de la première réouverture : distanciation entre spectateurs, sens d'entrée et de sortie, désinfection des parties communes, aération des salles..."Aucun cluster n'avait été détecté dans les cinémas français avant la deuxième fermeture fin 2020, ils avaient même été pris en exemple par la ministre de la Culture Mme Bachelot."
A l'ABC de Toulouse, une dynamique à recréer
A Toulouse, au cinéma ABC, labellisé Art et Essai, la grille baissée depuis de trop longs mois va enfin se relever dès le 19 mai pour le plus grand bonheur des cinéphiles, et des huit salariés que compte l'association.
? Si toi aussi tu te demandes comment va Marc, le directeur du Cinéma ABC Toulouse, regarde la vidéo⬇️⬇️⬇️ #OuvrezLesCinémas
Publiée par Cinéma ABC Toulouse sur Vendredi 19 mars 2021
180 000 spectateurs prennent chaque année en temps normal le chemin des trois salles obscures du plus ancien cinéma de la ville. Son directeur, Marc Van Maele, grand prêtre du 7ème art, compte sur un retour progressif des fidèles dans ce temple du film d'art et d'essai.
"On va avoir trois semaines à partir du 19 mai en jauge très réduite, à 35% de notre capacité, une salle de 200 places, et deux de 100 places, ndlr. On peut donc au maximum avoir 70 personnes dans la grande salle, et 30 dans chaque petite salle, explique le responsable. Ce n'est pas viable à long terme évidemment, mais cette première étape va nous permettre de nous remettre en route, de recréer la dynamique. L'étape suivante est fixée pour les cinémas au 9 juin prochain où le curseur d'accueil sera poussé à 65% de la jauge, pour arriver fin juin à 100% si tous les feux sont au vert.
Quels films à l'affiche ?
Mais quid de la programmation lors de cette réouverture ? Pour ces responsables de salles, c'est un flou artistique qui domine après l'annonce de cette réouverture progressive. "On va bien sûr reprogrammer des films qui n'étaient restés que quelques jours à l'affiche, avant la fermeture des cinés fin 2020 : ADN, de Maïwenn, ou Michel-Ange d'Andreï Konchalovsky, explique Marc Van Maele du cinéma ABC. C'est la moindre des choses de jouer le jeu avec les distributeurs. Mais pour d'autres films, c'est encore l'inconnu.
Les distributeurs sont en train d'ajuster les calendriers de sortie nationale, en fonction des étapes de déconfinement, certains attendront les jauges à 65% pour sortir leurs films...
A Auch, "remettre la machine en route"au Ciné 32
Au cinéma associatif Ciné 32 d'Auch, tête de réseau pour tous les cinémas du département du Gers, la directirce Sylvie Buscail est dans l'expectative. "Je suis en train de voir comment remettre en route une machine qui est arrêtée depuis 6 mois, comment remettre 20 personnes au travail. On a ici 5 salles, avec des jauges de 80 à 300 places, on a aussi un bistrot à faire fonctionner, des interventions en milieu scolaire à réorganiser. Il faut retrouver une organisation en une quinzaine de jours pour refaire une programmation".
Pour la responsable de la stucture qui enregistrait 220 000 entrées en 2019, année record, même constat qu'au multiplexe d'Albi ou à l'ABC de Toulouse : "On ne sait pas ce qui va se passer si jamais les cinémas parisiens restent fermés le 19 mai à cause de taux d'incidence trop élevés. Les distributeurs voudront-ils toujours sortir leurs films si les salles de Paris ne peuvent pas les programmer ? C'est un peu l'inconnu. L'expérience de l'année dernière nous fait dire que l'activité va redémarrer tout doucement. Et en plus on rentrera dans une période estivale, où la fréquentation est en baisse, avec le retour des beaux jours.
A Albi, Auch ou Toulouse, les responsables de ces cinémas se veulent optimistes quant au retour d'un public sevré d'émotions sur grand écran pendant presqu'une année. Et sont tous conscients du rôle qu'ils ont à jouer pour faire sortir les gens de leur interminable isolement.