Djihadistes au Caylar : retour sur les raisons d'un cafouillage

François Hollande pointe les manquements dans l'affaire de l'arrestation manquée des trois djihadistes présumés. Une note adressée à la police de l'air et des frontières serait arrivée une heure trop tard à Marseille. Elle indiquait que les trois suspects attendus à Paris débarquaient à Marseille.

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Le président François Hollande a pointé mercredi des "manquements" après les ratés qui ont permis à trois présumés jihadistes de s'évaporer dans la nature à leur retour de Turquie, avant que ceux-ci ne se rendent finalement à la gendarmerie du Caylar.
Le ministère de l'Intérieur a tenté de se justifier face à la vive polémique déclenchée par ce cafouillage qui s'est produit en dépit de mesures de sécurité renforcées face au risque accru d'attentat.

S'exprimant lors d'une conférence de presse à New York, où il se trouvait à l'occasion de l'Assemblée générale de l'Onu, François Hollande a estimé que "la coopération avec la Turquie (était) absolument indispensable", ajoutant que "là, il y (avait) eu à l'évidence des manquements".

Reddition au Caylar
Au terme d'une série de ratés, les trois Français soupçonnés d'être des djihadistes se sont rendus mercredi matin dans une gendarmerie du Caylar (Hérault).
La veille, ils étaient rentrés de Turquie à Marseille sans être inquiétés alors que le ministère de l'Intérieur avait auparavant annoncé leur interpellation.
Ils ont été transférés à Lodève puis à Montpellier qu'ils ont quitté dans la soirée par avion pour poursuivre leur garde à vue au siège de
la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).

Sollicité par l'AFP, le parquet de Paris s'est refusé à tout commentaire.
Mais les questions demeurent. Comment trois hommes connus des services de renseignement
ont-ils pu atterrir mardi en France sans que les autorités en soient averties?

Comment ont-ils pu passer le plus légalement du monde entre les mailles des contrôles de l'aéroport de Marseille?
Et comment le ministère de l'Intérieur a-t-il pu annoncer leur interpellation à l'aéroport d'Orly alors qu'elle n'avait jamais eu lieu?


L'affaire "ne s'est pas déroulée comme il aurait fallu", a jugé le Premier ministre Manuel Valls, venu défendre à l'Assemblée nationale l'engagement militaire français en Irak. Le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian a reconnu un "gros cafouillage", un "couac" entre Paris et Ankara.
Pour de nombreux observateurs, il s'agit surtout d'un inquiétant fiasco alors que la menace terroriste s'est accrue ces derniers jours avec l'appel au meurtre de Français par l'organisation djihadiste État islamique (EI) et l'exécution d'un randonneur français en Algérie par un groupe lié à EI.
Fustigeant l'"amateurisme" du gouvernement, plusieurs députés de l'UMP ont réclamé
des enquêtes administrative ou parlementaire.

Longtemps silencieux la veille, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a balayé mercredi une polémique "excessive" et "politicienne". Pour autant, il a
annoncé une enquête de l'Inspection générale de l'administration et de la "police des polices".
- La note est arrivée trop tard -

Le Parlement recevra les conclusions de cette inspection "dans les meilleurs délais" pour déterminer "les modalités du contrôle qu'il entend exercer sur le gouvernement",
a-t-il ajouté. Il a aussi promis de se rendre "prochainement en Turquie" pour éviter de nouveaux "dysfonctionnements".
Les responsables des services de police et de renseignement seront auditionnés jeudi par la délégation parlementaire au renseignement, a annoncé la présidente de la commission de la Défense de l'Assemblée, Patricia Adam (PS).

Imad Jjebali, Gael Maurize et Abdelouahab El-Baghdadi, détenus en Turquie après leur retour de Syrie, devaient être expulsés mardi vers Paris, selon le ministère.
Le pilote ayant refusé de les embarquer, les services turcs les ont renvoyés par un vol pour Marseille, a expliqué la place Beauvau. Problème : les services français ont été informés du changement de vol après leur arrivée en France.
Selon une source policière, une note prévenant de leur arrivée a bien été diffusée à la police aux frontières mais a été reçue à Marseille une heure trop tard.
Le système de contrôle Cheops, qui centralise quasiment tous les fichiers de police et de gendarmerie, était en outre en panne mardi. Est-ce l'origine du cafouillage ? Difficile à dire, car les contrôles de passeports ne sont pas systématiques pour les Français, relèvent des sources policières.
Abdelouahab El-Baghdadi, 29 ans, est le conjoint de Souad Merah, soeur de Mohamed Merah, tué par la police en mai 2012 après avoir assassiné au nom du jihad sept personnes - dont trois enfants d'une école juive - à Toulouse et Montauban.

Gaël Maurize était domicilié à Albi où une autre filière jihadiste a été démantelée cet été. Le troisième homme, Imad Jjebali, 27 ans, "très lié" à Mohamed Merah et qui a grandi dans le même quartier toulousain, les Izards, avait lui été condamné
en 2008 dans une affaire de filière jihadiste en Irak, dite filière d'Artigat,
du nom d'un village d'Ariège supposé être la base de repli de l'équipe.

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