Quatre jeunes partagent une passion commune pour le RAP. Pourtant, ils vivent dans des zones rurales, aux quatre coins de l’Occitanie, loin des grandes agglomérations urbaines où le genre musical est historiquement rattaché.
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Younès (alias Yous MC) a passé son enfance dans le Lauragais. Tiraillé entre ses origines, marocain par son père et français par sa mère, il se sent ni d’ici, ni d’ailleurs, refusant de s’enfermer dans ce qu’il appelle « la caricature de ses origines ».
Il n’y a pas qu’en périphérie des villes ou en banlieue qu’il y a des mots de société. Il y en a aussi à la campagne. Et ce sont les mêmes. Pourquoi faut-il toujours être dans une case ? On fait de l’art. C’est hyper vaste. Il n’y a pas de case dans l’art.
Tout comme Younès, Léo (alias Alanss) est originaire du Lauragais. Un rappeur montgiscardais qui écrit depuis le lycée. Avec ses potes, ils enregistrent régulièrement des morceaux : « Des flows différents mais qui se raccordent bien » précise-t-il. Dans son travail, au quotidien, Léo a des horaires décalés et peut profiter de ses après-midis pour se consacrer à sa musique. « On est là, on est une troupe et on a des choses à dire. C’est cette dynamique du RAP des années 90 qui me fait bouger. Je veux juste faire ce que j’aime ».
Ses paroles reflètent ses états d’âme : « la musique à mes côtés, elle m’inspire légèreté, elle m’offre une liberté. Le paradoxe c’est qu’écrire efface mes mauvaise pensées ». Le rap est la musique de ceux qui se révoltent, de ceux qui prennent la parole pour s'exprimer et transmettre un message.
J’ai grandi dans un milieu complètement différent de tous les rappeurs que j’ai écouté pendant mon adolescence. Et on a beaucoup en commun, même si le décor n’est pas le même.
Avec Younès et Léo, Tyler et Andreas, sont quatre valeurs montantes du rap en Occitanie. Avec leurs propres mots, leurs sons et leurs styles différents, les jeunes rappeurs s’expriment et s’affirment avec brio. Pour eux, les mots, la musique, le RAP, c’est toute leur vie. « Un exutoire ».
Je rappe pour libérer mon esprit et ce que j’ai au plus profond de moi (...). J’écris pour ne pas me taire. J’écris pour exister. Je rappe pour trouver cet équilibre imparable dont j’ai besoin et dont on a tous besoin dans nos vies d’ailleurs. Enfin, je crois…
Tyler (alias Devo TLR) : s’est fait connaître grâce aux réseaux sociaux : « Les freestyles instagram où j’ai fait beaucoup de concours et de choses, m’ont grave propulsé en avant ». Pour sa toute première scène, il se produit en première partie du concert d’Aya Nakamura à Lunel dans l'Hérault. « Toutes les personnes avec qui je travaille, je les rencontre sur Insta ». Aujourd'hui, les réseaux sociaux sont un espace d'expression pour ces jeunes artistes, un vecteur qui leur permet d’être visibles, qu’importe l’endroit où ils vivent, que ce soit dans les villes ou dans les campagnes.
Lorsque le jeune rappeur se fait repérer par un label, il est enrôlé par des vendeurs de rêves et connaît ses premières désillusions. « C’est comme la moto, t’es en l’air et si tu appuies trop, tu te ramasses. J’aime bien me dire que je suis comme ça, je peux me ramasser et si je tombe, je me relève ». Aguerri, déterminé, Tyler poursuit son chemin :
Je rappe car c’est un exutoire, car je peux être moi-même. Aucun filtre. Aucun rôle. Je fais simplement ce que j’aime.
Andreas (alias Lombre) est un jeune rappeur et slameur de Rodez, pour qui l’écriture « l’a sauvé » comme il dit.
Quand j’ai créé mon projet je me suis dit : tu ne t’interdis rien dans l’écriture, tu peux parler de choses très noires et qui te font mal. Par contre il faut toujours que la morale du truc aille vers la lumière.
De l’ombre à la lumière : une alchimie puissante qui nous fait vibrer et qui n’est pas sans rappeler un célèbre artiste ruthénois : Pierre Soulages, dont Lombre s’est inspiré pour un de ses projets musicaux.
Le réalisateur David Ctiborsky part à la rencontre de cette jeunesse des campagnes, qui, devant la caméra, nous parle de ses passions, ses motivations et expose ses forces et ses faiblesses. Une jeunesse qui se raconte à travers ses écrits et s’émancipe à travers la musique.
« Terre de RAP », un documentaire réalisé par David Ctiborsky, à voir lundi 25 octobre à 23 heures, sur France 3 Occitanie. Une coproduction France 3 Occitanie, Edendoc et les Poissons volants
Ce documentaire s’inscrit dans la collection « Jeunesse invisible », initiée par la direction des antennes régionales de France Télévisions