La célèbre châtaigne des Cévennes est parée du label AOP, Appellation d’origine contrôlée, depuis janvier 2023. Le marché est en pleine expansion, à la plus grande satisfaction des producteurs et distributeurs. Mais, en parallèle, les vols du fruit, emblématique de la région, se multiplient.
Une fois l’automne venu, les châtaigniers des Cévennes libèrent leur trésor. Pour Gaëtan Reilhan, c’est le moment de ramasser le fruit d’un an de travail. Et bonne nouvelle, cette année la récolte s’annonce excellente. "C’est exceptionnel d’avoir des châtaignes comme ça. Et en quantité, se réjouit le producteur auprès d’Emilien David et Yannick Le Teurnier, journalistes à France 3 Occitanie. Comme ça, les consommateurs vont trouver de belles châtaignes sur l’étalage."
Une production reconnue
Le castanéiculteur a le sourire car son activité est en pleine expansion. Le marché de la châtaigne se porte si bien qu’avec un groupement de producteur, ils ont récemment acheté un aspirateur pour augmenter les rendements.
"En 2016, 400kg, aujourd’hui on frôle les 3 tonnes et demain encore plus. Et dans les années à venir, on devrait arriver à 4 ou 5 tonnes." Si Gaëtan Reilhan est aussi ambitieux, c’est parce que depuis cette année, les châtaignes des Cévennes sont reconnues en AOP, Appellation d’origine protégé. Un nouveau label européen qui l’a poussé à élargir son activité et à investir dans un moulin. Il produit désormais sa propre farine. "Comme ça, on produit tout de A à Z."
La châtaigne des Cévennes, un produit aujourd’hui hautement valorisable qu’une coopérative compte bien promouvoir. La société, chargée de distribuer les récoltes dans toute la France et à l’étranger, espère elle aussi multiplier ses volumes de ventes et augmenter les prix. "Je pense que la châtaigne a besoin de cette AOP pour être valorisée et se différencier sur un marché où on se rend compte qu’il y a de plus en plus de châtaignes qui sont produites en France, analyse Thomas Vidal, le directeur de la coopérative Origine Cévennes. Et l’AOP Cévennes va être porteur comme on l’a pour l’oignon doux des Cévennes."
L’oignon doux des Cévennes, un exemple de réussite pour la coopérative. Reconnu AOP depuis 2008, il se vend aujourd’hui trois à quatre fois plus cher qu’un oignon blanc classique.
Les vols en forte hausse
Cette possible prise de valeur fait rêver la filière castanéicole, mais attise aussi les convoitises. Le sud-est des Cévennes est frappé depuis plusieurs années par des vols de châtaignes, et le phénomène s’est accentué cette année. À tel point que les gendarmes contrôlent désormais les routes.
Selon la gendarmerie, il s’agirait d’un réseau très structuré capable de voler en quelques heures des centaines de kilos aux producteurs. C’est l’un des maires du secteur, Bruno Biondini qui a donné l’alerte. L’élu de Lamelouze, dans le Gard, a été interpellé par les agriculteurs de sa commune.
Ce producteur s’est fait voler cette année une tonne et demie de châtaigne, c’est un quart de sa production. Du jamais vu, dit-il, excédé par ces vols à répétition. "C’est très tendu, on ne fait pas ce métier pour ça", regrette Jean Brunel.
Les pouvoirs publics ont fait de la lutte contre ces vols une priorité. Car dans cette partie des Cévennes sans commerce ni industrie, la châtaigne est le pilier de l’économie locale.