Guets-apens homophobes, pédocriminalité, prostitution, viols... Trois personnes, parmi les proches de l'administrateur du site Coco.gg récemment fermé par la justice, ont été interpellées dans le Gard.
Coco.gg, site de discussion mis en cause dans des guet-apens homophobes, destiné également à faciliter des actes de pédocriminalité, de proxénétisme, de prostitution, de viols, de vente de stupéfiants, de guet-apens, voire d'homicides, a été fermé par la justice a annoncé sur X le parquet de Paris.
🚨 Fermeture du site coco par la #JUNALCO du @parquetdeParis, @CyberGEND, @ComCyberMI , l'ONAF office national antifraude et la coopération avec les autres pays européens par @Eurojust pic.twitter.com/15TehFBQeo
— Parquet de Paris (@parquetdeParis) June 25, 2024
Une information judiciaire a été ouverte, a indiqué vendredi la procureure de Paris Laure Beccuau dans un communiqué.
Ouverte par les sections financières et cyber de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (JUNALCO) du parquet de Paris, cette information judiciaire porte "notamment sur l'infraction de fourniture d'une plateforme en ligne pour permettre une transaction illicite en bande organisée", qui fait encourir 10 ans d'emprisonnement et 500.000 euros d'amende, mais aussi "sur le blanchiment des sommes qui en ont été retirées".
Cinq millions d'euros saisis
"Le site coco.gg, dont deux serveurs étaient en Allemagne, a été fermé mardi et le nom de domaine a été saisi", rappelle la procureure de Paris dans un communiqué transmis à la presse.
"La Direction nationale des enquêtes fiscales (DNEF) a procédé à des perquisitions fiscales et l'Office national antifraudes aux investigations financières. Des comptes bancaires ont été gelés en Hongrie, Lituanie, Allemagne, Pays-Bas. Plus de 5 millions d'euros ont été saisis", a encore annoncé la procureure.
"Un homme de nationalité italienne, né en janvier 1980, soupçonné d'être l'administrateur du site, a été entendu par les magistrats en Bulgarie, avec l'appui des services d'enquête bulgares" et la présence d'un magistrat et d'enquêteurs français", a précisé Mme Beccuau.
Trois membres présumés du réseau arrêtés dans le Gard
L'enquête rebondit en Occitanie. Trois de ses proches, soupçonnés d'avoir exercé un rôle actif dans l'administration de la plateforme ou tiré profit des infractions, ont été entendus en France par les enquêteurs de l'Unité nationale cyber de la gendarmerie (UNCyber), et laissés libres à l'issue de leur audition, indique aussi le communiqué.
D'après une source proche du dossier, ces interpellations ont eu lieu dans le Gard.
L'enquête préliminaire avait débuté en décembre avec la "centralisation des procédures de 71 parquets, au préjudice de plus de 480 victimes. Au total, plus de 23.000 faits ont été dénoncés", précise Mme Beccuau.
Dénoncé par plusieurs associations
Pour entrer sur coco.gg, qui se présentait comme un "site de chat sans inscription", il suffisait de renseigner son genre, son âge, son code postal et de se créer un pseudo, sans aucun contrôle.
Depuis plusieurs mois, des associations avaient alerté sur le danger qu'il pouvait représenter. Elles ont salué mardi la fermeture du site.
Ce site Web était notamment associé à des affaires policières ou judiciaires, comme celle de Dominique P., qui l’utilisait afin de recruter des hommes pour violer son épouse, ou du meurtre récent de Philippe Coopman, à Grande-Synthe.
300 hommes piégés
L’association SOS-Homophobie avait demandé sa fermeture après le guet-apens dont avait été victime un homosexuel à Marseille début octobre 2023.
Au moins 300 hommes ont été piégés et violemment agressés entre 2018 et 2022, selon une enquête de Mediapart.
Ce site est également dans la ligne de mire des associations de protection de l’enfance, telle Innocence en danger, qui avait, elle aussi, demandé sa fermeture, en lançant une pétition.